Rappel des faits : dimanche 18 novembre, une manifestation organisée par Civitas contre le mariage homosexuel et une contre-manifestation menée par les Femen se rencontrent à Paris. Et ça se passe mal, évidemment. Des membres de Femen sont frappées par des manifestants.
Immédiatement, la presse titre : « Manifestation contre le mariage gay : des journalistes et des militantes féministes agressés« . L’info se propage, relayée par des blogueurs de tous bords, même plutôt cathos et et conservateurs. Je dois avouer avoir moi-même partagé cet article, qui confirmait mes craintes… trop vite, bien trop vite hélas.
En effet, quelques heures après, les manifestants – moins rapides car moins rodés à l’exercice que les Femen – diffusent à leur tour leur vision de l’événement. Et manifestement, tout n’est pas si simple qu’on le pensait.
Essayons donc d’éclaircir un peu les choses.
1er point : le rôle de Caroline Fourest
Source : 20minutes.fr
La première à diffuser l’information, c’est Caroline Fourest. Militante contre l’extrême-droite, homosexuelle, féministe et proche de Femen, elle a appelé la Presse depuis un fourgon de la police qui les sortait de la zone du conflit.
http://www.youtube.com/watch?v=qFFPsw1wol4&feature=player_embedded
Elle se présente comme une journaliste, et précise que l’action de Femen était « assez drôle » avec « des slogans humoristiques ».
Nous trouvons pour notre part surprenant qu’une militante participant à une action d’un mouvement dont elle est proche ose se présenter comme journaliste. Comment aurait-elle pu prétendre être objective dans le report de cet événement puisqu’elle était, dès le début, impliquée ?
A la fin de la manifestation, la « journaliste » (à droite) pose avec les militantes…
Par la suite, elle écrira un texte sur son blog, reprenant les mêmes éléments, dans un style ampoulé – certains diront ridicule, c’est leur droit – qui rend le tout assez peu crédible, pour peu qu’on soit un peu critique envers la demoiselle.
2e point : l’action
En fait de slogans humoristiques, nous voyons ci-dessus un « In gay we trust » (resucée du fameux « Dieu est une homosexuelle noire » ?) et un « Fuck God ». Ajoutons à cela « Fuck Church », « Marie, marions-nous », « Occupe-toi de ton cul » et « Saint Esprit étroit » . Remarquons qu’on attaque Dieu et Marie, l’Eglise et l’Esprit Saint. Devant une manifestation majoritairement composée de catholiques, on est assez loin de la blagounette gentille.
Et en fait d’action rigolote, outre le déguisement de nonne cochonne et anti-chrétienne – qui donne déjà une assez bonne idée de ce que ces filles trouvent « rigolo » -, nous avons eu droit à une attaque en règle, à coups d’extincteurs (sur lesquels est marqué « Holy Sperm » ou « Jesus Sperm », ce qui permet de dire qu’elles visaient les trois personnes de la Trinité) et de slogans criés d’une voix somme toute assez peu amicale. Comme le prouve très bien une vidéo qu’elles ont elles-même postée.
Et si on croit encore que ces jeunes filles ont blessés ces manifestants sans le vouloir, on pourra avantageusement se reporter à un statut posté sur la page Facebook de Femen, qui parle explicitement d’attaque.
3e point : la manif de Civitas
A quoi ressemblait cette manifestation ? On s’attendait (moi aussi, j’avoue) à un rassemblement d’intégristes et de nazillons. Étant donnée le faible nombre de photos de la manifestation en elle-même diffusées dans la presse, on est en droit de penser que ce n’était pas aussi caricatural que ça. D’après quelques témoignages (exclusifs !!!) recueillis par votre serviteur auprès de gens de divers horizons et les quelques vidéos qu’on peut voir ici ou là, c’était assez semblable à celle de la veille. En moins nombreux, certes, mais le public était plus ou moins le même. Il est probable – c’est d’ailleurs le cas de mes témoins – que beaucoup des manifestants de dimanche aient aussi manifesté la veille.
On n’a pas vu non plus d’affiches ridicules ou honteuses dans les reportages sur l’avant ou après-clash, on peut donc là aussi supposer qu’il n’y en avait pas. Civitas a semble-t-il été prudent sur ce plan-là. Les slogans étaient par exemple : « Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d’hétéros« , « La France veut du boulot, pas le mariage homo »et « Hollande, entends-tu, la France est dans la rue ». (Source : le blog « Droites extrêmes » du Monde, peu suspect de sympathie envers la manifestation, qui écrit aussi : « Il y avait aussi un petit cortège d’une vingtaine de personnes des Jeunesses nationalistes qui détonaient fortement, avec leur look skinhead, du reste des manifestants ».) Et tous les témoins parlent d’une ambiance bon-enfant, ce que les vidéos, là aussi, confirment.
On était donc assez loin de la manifestation moyenâgeuse attendue – avec gourmandise ou avec angoisse, c’est selon – par certains.
4e point : le clash
C’est donc au sein (gag) d’une manifestation familiale et bon-enfant que les Femen ont débarqué en hurlant, en lançant des tracts et en badigeonnant tout le monde d’une épaisse fumée blanche, « dont une poussette avec un enfant en bas âge dedans », me dit un témoin, ce que les photos confirment.
Dans le cercle rouge : l’ennemi numéro un. Tremblez, braves gens !
Les vidéos le montrent : très rapidement, le service d’ordre de la manifestation, dans ses jolis gilets jaunes, tentent de repousser les Femen. « Le Service d’odre de CIVITAS est ensuite arrivé afin de contenir les manifestantes et tenter d’établir un cordon entre les CIVITAS et les excitées », mais, « sous l’oeil des journalistes présents n’osait pas faire grand chose ». Là aussi, on le voit bien sur certaines vidéos : les Femen sont entourées de caméra – dont Fourest, donc -, qui filment tout (auraient-ils suivis mes conseils ?), ce qui n’aide pas à prendre les choses en main sereinement. On entend tout de même, sur la vidéo postée par Femen, un « On ne donne pas de coups » venant d’un des membres de la Sécu.
Jusque-là, ça se passe plutôt pas mal, jusqu’à ce qu’arrivent les types dont parle le blog du Monde. C’est à ce moment-là que le service d’ordre, manifestement trop peu nombreux, et pris entre deux feux, lâche prise. Et ce sont cette dizaine de tondus en bombers et foulard sur le nez qui poursuivent les Femen en les accompagnant de coups de poings. Identitaires rompus à la lutte contre les militants d’en face, il est probable qu’ils n’étaient venus que pour « casser du militant homo ».
Le bilan
Que conclure de tout ça ?
Tout d’abord, il faut avant tout rappeler que les Femen sont des militantes, formées à l’action choc, habituées à être rembarrées sans douceur par les service d’ordre. L’une d’elle le dit dans une interview à Libération : « On s’attendait à une réaction, mais pas aussi rapide et violente. On pensait que la sécurité allait nous attraper et nous virer ». Il serait d’une naïveté sans bornes de croire que ce sont des nanas innocentes qui militent comme elles peuvent. Une journaliste infiltrée parmi elles raconte ainsi avoir « suivi pendant plusieurs semaines une initiation professionnelle à l’art de la scène et aux relations publiques, apprenant à se comporter agressivement pour attirer l’attention des journalistes et se présenter comme une victime innocente ». Ce sont des militantes qui ne reculent devant rien, allant jusqu’à tenter d’agresser le patriarche russe Kirill (avec écrit « Kill Kirill » dans le dos) et le représentant décapité sur des affiches, au milieu d’autres personnalités, parmi lesquelles Benoît XVI.
On reconnait à gauche une des manifestantes de dimanche, Ukrainienne.
Elles savaient donc où elles aillaient ; la preuve, la veille elles étaient au chaud chez elles. Moins rentable.
Du côté de Civitas, je maintiens ce que je pense depuis longtemps, tout en reconnaissant qu’ils ont géré la crise mieux que je le pensais. Pourquoi ? Parce que finalement leur service d’ordre a bien réagi, compte tenu de la situation tendue (fumigènes, cris agressifs, caméras partout), et n’a eu d’autre tort que d’être débordé sur deux flans, ce qui arrive même aux meilleurs. Les coupables, dans cette histoire, ce sont les tondus, qui ont cru rigolo d’aller rajouter du bordel à un bordel déjà existant, et les Femen, qui ont cru rigolo de venir créer ce bordel de toute pièce. Ce qui nous permet de dire que l’humour nationaliste n’est pas compatible avec l’humour féministe, ce qui laisse peu de place à l’espoir d’une réconciliation…
Civitas a finalement eu comme principal tort de persister à manifester dans son coin : s’ils étaient venus samedi, les Femen n’auraient probablement pas pu passer le cordon de sécurité, beaucoup mieux fourni, et les tondus n’auraient eu aucune chance d’être au bon endroit au bon moment. En fait, Civitas a eu le tort de permettre la rencontre de deux groupes de gros cons.
Allez, les potos, deux choses à faire pour réparer ça : 1. pondre un beau communiqué où vous rejetez la violence et les auteurs de la violence ; 2. annoncer que vous regrettez de n’avoir pas manifesté samedi et que vous rejoindrez la Manif pour tous pour la prochaine. Ainsi, miracle, vous n’êtes plus amalgamés aux tondus, et vous suivez vos évêques, dont votre but premier était, rappelez-vous, de les pousser à l’action.
Et pour finir, un peu d’humour
1. Eloïse Bouton, l’une des leaders du mouvement Femen en France, déclare à Libération : « En tant que féministes, nous considérons que nous devons avoir un avis sur tout, pas seulement sur les sujets qui ne concernent que les femmes. Sur la mondialisation, sur le réchauffement climatique, sur tout. »
Juste après avoir dit ça : « Bien sûr, nous voulons attaquer les catholiques intégristes. Le mariage gay est une affaire laïque et on ne comprend pas pourquoi ils s’en mêlent ».
Maintenant, reprenez la première phrase et remplacez « féministes » et « femmes » par « catholiques ». Expliquez-moi pourquoi ça n’est pas valable.
Envoyez vos réponses à : Femen France, Le Lavoir Moderne, 35 rue Léon à Paris.
2. La gauche, Désir en tête, s’indigne contre cette réaction des « cathos intégristes ». Mais qu’auraient-ils fait dans la situation inverse ? Un document du Petit Journal nous donne une petite idée de réponse :
Et encore, le mec était seul et n’a pas envoyé de fumigènes sur personne…
3. Un dernier conseil à tout le monde, ça peut toujours servir :
PS. Cet article est plein de liens, n’hésitez pas à cliquer dessus : c’est en général des choses intéressantes, qui donnent encore d’autres éléments de réflexion…Et les commentaires sont toujours ouverts : tant que ça reste poli (et habillé), tout est possible.
http://fikmonskov.wordpress.com/2012/11/19/femen-civitas-ce-quon-sait-ce-que-jen-pense/
Je suis sûr qu’ils en sont capable de faire ce qu’ils écrivent, mais ils sont tellement con qu’ils s’imaginent qu’on est encore au au 6eme siècle et qu’ils peuvent gagner une guerre avec des épées et des pierres et aussi des arcs, mais c’est comme même effrayant de lire des horreurs pareils.
Esaïe
19 novembre 2012 at 21:22
Mais cher ami il l’on déja fait en Algerie et il le referont encore en Israël ou en France.
Ont en été victimes les pieds noir mais aussi leur propre frère de sang comme les Harkis et même les indépendantistes du MNA…pourtant frère de combat
Une terroriste célèbre reçut en grande pompe par BHL et Maurice maurice Szafran…
Ne déclarait-elle pas en parlant des français d' Algerie ou non,et en s’adressant aux tueurs du FLN : Crevez leur les yeux puis découpez les en morceaux….
Cela fait partie des moeurs sanguinaire de ces peuples barbares que nos politiques « sans exception » on protégé au détriment de leur propre peuple….Mohamed Merah ne fut-il pas un pion de nos politiques du renseignement ?
Eux ils sont prêt génétiquement…
ET AUSSI
Lynchage à Gaza
Le Point.fr - Publié le20/11/2012 à 19:03- Modifié le21/11/2012 à 07:59
Mardi, six suspects d'espionnage ont été fusillés par le Hamas, leurs corps livrés à la foule. Dans le bruit des drones et des déflagrations.
Combien sont-ils, des centaines, des milliers sur le grand carrefour de la rue Nasser ? Des Gazaouis se bousculent à grands coups de coude autour de quatre corps. "Des espions", entend-on dans la foule.
Ils ont été fusillés il y a quelques minutes par les hommes duHamas. Un ado affirme : "L'un d'entre eux n'était pas mort.
Les gens l'ont fini." Un passant ajoute : "Il y en avait un autre, mais il a été traîné plus loin, je ne sais pas où."
Là, en plein milieu du carrefour, les quatre cadavres baignent dans leur sang.
Ils n'ont pas des visages fourbes, des vestes en cuir élimées, ils ne ressemblent pas au cliché de l'agent simple ou double au Moyen-Orient.
Non, ils sont un peu gros, pas très jeunes, barbe de trois jours, en survêtement.
Des Gazaouis comme les autres, comme ceux qu'on peut voir partout dans la ville, tentant de mettre de l'ordre dans les débris de leurs maisons bombardées.
Chaos
Un jeune, tout petit gars, envoie un coup de pied dans la tête d'un des corps. Mais, en général, on se contente de les voir, de les photographier, puis d'aller photographier leurs noms, affichés par le Hamas, en place publique - littéralement.
C'est un lynchage. Et les autorités, habituellement si promptes à arriver, prennent leur temps.
Six espions, six informateurs à la solde d'Israël, quelle prise, quelle victoire pour le Hamas ! "Ils ont mérité leur châtiment. Ils ont dénoncé des combattants aux Israéliens.
Ils compromettent la résistance", dit un passant, Iyad Khatib, aux yeux verts et perçants - un regard à hypnotiser.
L'ambulance arrive au bout de trente minutes. Les corps sont embarqués dans le chaos. "Reculez, reculez !" hurlent les infirmiers.
Peine perdue, dix s'écartent, vingt affluent. On vole encore quelques photos, les portes de l'ambulance se ferment, la voiture part, sirènes hurlantes.
"Pas besoin d'être jugés"
D'après la radio du mouvement au pouvoir à Gaza, les espions ont été capturés avec du "matériel de haute technologie". Un membre de la police secrète accepte de parler. Il tient à rester anonyme - il ne veut même pas sortir du couvert des arbres, "à cause des drones".
Lui porte bel et bien la veste de cuir élimée, mais il a un visage avenant, presque timide. La vingtaine, très droit, l'air un peu gauche, les oreilles décollées. "Ils ont eu ce qu'ils méritaient", dit-il, lui aussi. Y a-t-il eu un jugement ? "Pas besoin d'être jugés, ce sont des espions. Ils ont été pris en flagrant délit." En flagrant délit de quoi ? "Ils avaient des cartes SIM israéliennes sur eux.
Après les avoir branchées, on a remonté leurs listes d'appels et téléphoné à leurs contacts. Ceux qui ont répondu étaient israéliens, et suspects. Et voilà", conclut-il. Et voilà, en effet, "le matériel de haute technologie", selon la radio.
Cette nuit, un missile a pulvérisé une maison, tuant un père et deux de ses fils.
Dans le centre-ville, les enfants jouent au foot dans les squares, dans les rues. Les vieux fument leurs cigarettes devant leurs maisons, sur leurs chaises en plastique. Les déflagrations n'interrompent ni les jeux ni les conversations.
Les rumeurs de cessez-le-feu rôdent comme les drones dans le ciel de Gaza - on entend, on ne voit jamais rien.
Source et publication: http://www.lepoint.fr/monde/lynchage-a-gaza-20-11-2012-1531401_24.php?xtor=EPR-6-[Newsletter-Quotidienne]-20121121