La Turquie dans l’Union Européenne ?
La nouvelle est passée presque inaperçue :
Laurent Fabius a fait savoir le 12 février 2013 que la France lève son veto sur le chapitre de la politique régionale dans le cadre des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne.
Une candidature officielle depuis 2005 mais en suspens depuis 2010, notamment sous l’effet d’un blocage de Nicolas Sarkozy.
Selon les sondages environ 67% des Européens sont opposés à l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne, mais cette volonté populaire ne pèse pas beaucoup à Bruxelles qui veut continuer à financer au fort prix la "préadhésion", c’est-à-dire les réformes internes nécessaires à une adhésion.
Bruxelles finance ces réformes depuis 1996 à l’hauteur de 564 millions d’euros par an, avec des augmentations considérables depuis 2007.
Selon des études réalisées par la Commission européenne, qui est favorable à l’adhésion puisque c’est son mandat, la Turquie, une fois entrée dans l’Union, aura droit à une subvention de plus de 30 milliards par an, une somme qui représente un quart du budget de l’UE.
La haute juridiction financière de l’Uniona dénoncé à plusieurs reprises le gaspillage des milliards pour la Turquie par Bruxelles qui "ne disposait pas des informations nécessaires pour démontrer l’efficacité de l’aide à la préadhésion."
En effet, les subventions n’ont pas eu le résultat attendu : seuls 30% des réformes ont été atteints.
L’entrée de la Turquie dans l’Union européenne ouvrira le droit aux mêmes subventions qui ont été accordées aux dix autres membres depuis 2004.
Compte tenu de sa taille, la Turquie absorbera plus d’un tiers du fonds actuels de l’Union.
Pour la période 2007 à 2013 la Turquie aura droit à une subvention plus grosse que la Pologne, la Tchéquie, et la Hongrie ensemble.
Selon une étude allemande de la "Gesellschaft für Finanz- und Regionalanalysen"à Münster, l’adhésion de la Turquie augmenterait d’environ 40% les dépenses actuelles de Bruxelles.
Les fonds de l’UE se chiffrent à environ 346 milliards d’euros. Si la Turquie et l‘Albanie, toutes les deux candidats à l’adhésion, étaient déjà membres, les fonds devraient être augmentés à 480 milliards.
Mais l’Albanie n’en obtiendrait que 7,6 milliards ; le reste serait pour la Turquie.
Ces chiffres montrent clairement que l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne mettrait les possibilités financières de l’Europe en difficulté.
Le rapport de la Cour des Comptes européenne sur les subventions versées à la Turquie n’a pas fait grand bruit dans les médias.
Et pourtant les critiques de la gestion par Bruxelles - "évaluation et contrôle inadéquats", "difficultés de mise en œuvre" - ont été virulentes.
Au total, de 2007 à 2010, la Turquie aura perçu 2,256 milliards d'euros, soit 383,5 millions d'euros par les contribuables français, au titre non pas d'une coopération mais bien de la "préadhésion".
Jusqu’ici, dans l'histoire de la construction européenne, toutes les préadhésions se sont finies en adhésions.
Donc en toute probabilité l’accueil de la Turquie au sein de l’UE se réalisera … contre la volonté de la population européenne.
Avec une population de presque 80 millions et un taux de natalité élevé, ce nouveau membre deviendra le plus grand pays d’Europe, avec une influence dans l’UE correspondante.
Si la Turquie n’entre quand même pas dans l’Union, ce sera la première fois qu’un candidat échoue à l’adhésion.
Et comment alors justifier la somme astronomique des subventions ?
Sources(allemandes) : www.unzensuriert.at
www.europenews.dk/de/node/42542
(française) : www.observatoiredeleurope.com
Source et publication: http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-turquie-dans-l-union-europeenne-131027