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 Irak, Libye, syrie, Egypte et demain Iran - La stratégie du chaos

IRAK, LIBYE, SYRIE, EGYPTE ET DEMAIN IRAN


La stratégie du chaos



Bernard Lugan* 
le 14/12/2012 
Comme il fallait s’y attendre, l’Egypte est en phase de pré guerre civile. Si la situation devait empirer, son poids démographique, son déficit alimentaire chronique, l’enchevêtrement de ses populations et son environnement géopolitique, feraient que les évènements y auraient des conséquences encore plus importantes que celles que nous observons plus à l’ouest depuis l’élimination du colonel Kadhafi.
 
 
S’il n’est pas question d’annoncer le résultat de la partie qui se joue sous nos yeux, il est cependant possible d’identifier les acteurs qui ont pris place autour du tapis car la vie politique égyptienne est organisée autour de quatre grandes forces :
 
- La première, celle qui a provoqué le départ du président Moubarak est composée de citadins, de gens qui mangent à leur faim, de « privilégiés » qui ont pu s’offrir le luxe de revendiquer la démocratie sous les gloussements de bonheur des médias internationaux.
 
- La seconde est celle des islamistes, dont les Frères musulmans. Pourchassée depuis des décennies cette force a commencé par s’abriter derrière les « idiots utiles » du premier groupe. Elle s’est ainsi peu à peu réintroduite sur l’échiquier politique pour finir par s’imposer.
 
- La troisième force est la plus discrète. C’est celle qui vit dans les banlieues défavorisés, loin de l’hôtel Hilton, quartier général des journalistes « baroudeurs » et donneurs de leçons, ou dans les misérables villages de la vallée du Nil, loin des yeux des touristes. C’est celle des fellahs besogneux, de ce petit peuple « nassérien » au patriotisme à fleur de peau qui exècre à la fois la bourgeoisie cosmopolite lorgnant du côté de Washington et les barbus qui voudraient ramener l’Egypte au X° siècle.
 
- La quatrième force est l’armée dont l’encadrement est coupé en trois : un état-major composé de vieillards soldés par Washington, une fraction islamiste difficile à cerner numériquement et une majorité composée d’officiers et de sous-officiers nationalistes ayant pour modèle le colonel Nasser.
 
 
Comment ces diverses forces se sont-elles politiquement positionnées depuis la chute d’Hosni Moubarak ?
 
Dans un premier temps, les Frères musulmans ont écarté leurs rivaux salafistes afin de s’assurer le monopole de l’option islamiste, puis ils ont évincé les bourgeois « démocrates ». Durant cette phase, l’armée est demeurée passive.
Aujourd’hui, les bourgeois « démocrates » et une partie de ceux qui refusent la théocratie annoncée par le président Morsi tentent une révolution, d’où les évènements de ces derniers jours.
 
Au moment où ces lignes sont écrites, l’armée laisse faire comptant tirer profit de l’anarchie pour revenir au pouvoir, attendant d’être  rappelée, notamment par les bourgeois  « démocrates » qui ont pourtant fait la révolution pour l’en chasser…
 
Cependant, la question est de savoir si, quand, et sous quelle forme l’armée égyptienne recueillera le pouvoir. Plusieurs points doivent en effet être soulignés :
 
- Son intérêt est de laisser pourrir la situation afin que les Frères musulmans se discréditent et sortent laminés de la crise. 
 
- Quelle fraction de l’armée cueillera-t-elle alors le « fruit mûr » ? Les caciques affairistes aux ordres des Etats-Unis ou les jeunes officiers nationalistes ? Les premiers disposent de moyens financiers considérables, les seconds de l’ardeur de la jeunesse et d’un réservoir populaire composé de la troisième force mise en évidence plus haut.
Les uns et les autres seront soutenus, du moins dans un  premier temps, par les bourgeois « démocrates » qui auront eu tellement peur qu’ils iront se blottir à l’abri des sabres. 
 
 
Cette analyse interne à l’Egypte ne tient pas compte des intérêts géostratégiques des Etats-Unis et d’Israël.
Or, ces deux pays n’ont pas intérêt à voir se reconstituer en Egypte un pouvoir fort et moins dépendant de Washington…mais comme ils n’ont pas non plus intérêt à voir le pays sombrer dans la guerre civile, tout est donc possible…
 
Titres et illustrations sont de la rédaction
* Bernard Lugan est directeur de L'Afrique Réelle

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