Alors qu'on croyait le dossier enterré, le président français François Hollande a évoqué le sort des deux porte-hélicoptères Mistral construits par les chantiers de Saint-Nazaire pour la Russie, écrit mercredi 29 juillet le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Au cours d'un déjeuner de presse, le chef de l'État a répondu que la France et la Russie étaient dans des "obligations contractuelles". Puis, sans entrer dans les détails, il a ajouté: "Nous sommes dans cette discussion qui se prolonge et qui renverra forcément à une décision que j'aurai à prendre et que je prendrai dans les prochaines semaines".
Les experts français s'interrogent. Après tout, les Français semblaient avoir pris une décision définitive à ce sujet, comme l'avait annoncé début juillet le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian durant sa visite officielle à Washington. Il avait déclaré que le gouvernement français avait décidé de ne pas livrer les Mistrals à la Russie, tout en reconnaissant que la rupture du contrat coûterait à son pays 1,2 milliard d'euros et que la France devrait trouver un autre client pour ses navires. Cependant, c'est bien au président de dire le dernier mot. Le politologue Philippe Migault, de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), pense que la déclaration de François Hollande témoigne d'un "éventuel changement de position de l'Élysée" concernant la vente des bâtiments. Il pense que le facteur économique pourrait finalement prendre le dessus.
L'économie française traverse déjà une période difficile et cette somme de plus d'un milliard d'euros à rembourser serait très lourde pour le budget. Certes, les Mistrals ne sont qu'un détail, mais les problèmes de la France sont innombrables. Il suffit d'observer les manifestations d'agriculteurs, poussés au désespoir par la profonde crise dans le domaine agricole. Selon le ministère de l'Agriculture, 25 000 sites d'élevage — le double selon les syndicats — sont au bord de la faillite. Les agriculteurs ont bloqué des autoroutes et déversé du fumier dans les supermarchés, exigeant une aide de l'État et des tarifs justes pour leurs produits.
Face à ces mouvements de protestation, le gouvernement a adopté un plan d'urgence qui coûtera à la France une somme comparable à l'indemnité à verser à la Russie si le contrat des Mistrals était définitivement rompu — plus d'un milliard d'euros. Cependant, les manifestations des paysans ne se sont pas calmées: aux agriculteurs en colère de Normandie et de Bretagne ont succédé les paysans alsaciens et lorrains. Ils ont paralysé les autoroutes du nord-est du pays, qui servent à acheminer du porc allemand bon marché, ce qui ruine les producteurs locaux. D'ailleurs, l'une des exigences des agriculteurs est de mettre fin aux sanctions de l'Union européenne qui ont provoqué l'embargo russe sur les produits agroalimentaires en provenance de l'UE. Les analystes locaux constatent un sérieux préjudice pour le secteur agricole français. Les exportations de produits à base de viande ont diminué de 73% depuis le début de l'année et celles des produits laitiers ont connu une chute encore plus importante. Les pertes des paysans s'élèvent à plusieurs dizaines, voire centaines de millions d'euros.
La révolte estivale des paysans a peu de chances de s'apaiser prochainement et le gouvernement français devra donc procéder à des réformes aussi profondes que coûteuses dans le domaine agricole.
Lire la suite: http://fr.sputniknews.com/presse/20150729/1017275640.html#ixzz3hJ51Y0K6