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Channel: JEAN-MARIE LEBRAUD
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L' IRAN AUJOURD' HUI ......

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31 juillet 2015

Avec l’accord sur son nucléaire civil, l’Iran fait son retour dans le concert des pays qui comptent dans le monde et c’est une bonne nouvelle.

Parce que l’Iran est une grande nation héritière de la civilisation perse trois fois millénaire et qu’elle est à la jonction entre les trois espaces culturels de l’Europe chrétienne, de l’Asie bouddhiste et hindouiste et du monde arabo-musulman.

Parce que les Européens doivent beaucoup à la Perse et que, malgré les vicissitudes de l’Histoire, le peuple iranien est resté très attachant. Quiconque a voyagé en Iran ou connaît la littérature et le cinéma iraniens peut en attester. Il faut lire L’Usage du monde de Nicolas Bouvier.

Et surtout parce que le chiisme iranien, cette religion nationale de l’Iran, est le meilleur rempart contre le Daech sunnite et son islamisme idéologique à base de lecture littérale du Coran, du wahhabisme des Saoudiens qui l’a inspiré et du salafisme, la dernière métastase de ce cancer littéraliste.

Il faut le mettre au crédit d’Obama, d’autant qu’à titre personnel, comme protestant, l’alliance avec les sunnites lui était plus naturelle et que les États-Unis ont tordu le bras de leurs alliés arabes, et même humilié Israël pour y arriver.

On ne comprend rien à la situation au Moyen-Orient et à l’islam si on ne replace pas en son centre le conflit des origines entre sunnites et chiites. Si l’islamisme est notre ennemi, pour bien le combattre, il faut en saisir toutes les nuances.

La dynamique propre au christianisme lui a valu d’être « la religion de sortie de l’âge des religions » (Marcel Gauchet) quand l’islam est condamné à l’immobilisme malgré la guerre permanente entre les deux frères ennemis de l’islam et la dialectique que l’on pourrait en attendre, parce que le Coran est un livre sacré dit incréé, et donc incontestable et immuable.

C’est à partir du 17e siècle que le chiisme est devenu la religion nationale de l’Iran lors de la troisième et ultime renaissance de la civilisation perse, un marqueur identitaire des Iraniens pour faire face aux conquérants arabes qui ont imposé l’islam et aux occupants – turcs, mongols, afghans puis russes et anglo-saxons – décidés à les soumettre. La révolution de 1979 avec sa composante nationaliste autant que religieuse en a été le dernier avatar souverainiste.

Par leur piété ou leur clergé, les chiites sont les catholiques de l’islam. Héritiers des goûts perses, face aux mœurs frustes des peuples du désert, ils aiment les décors d’or et d’argent, les arts, le raffinement et les bonnes manières.

Leurs lieux de pèlerinage tiennent de Lourdes et de Fatima par les dévotions, les superstitions et l’ostentation jusqu’à la transe.

Les sunnites, plus sobres, d’un piétisme de puritain, le leur reprochent bien. Leur monothéisme intransigeant ne tolère ni marabouts ni saints ni sanctuaires. Ils sont les protestants de l’islam, jusque dans la lecture sourcilleuse des Écritures et la pratique intériorisée de la foi.

Le Coran idolâtré a remplacé les idoles de bois des païens, la pieuse iconographie des chrétiens ou le Petit Livre rouge des maoïstes chinois.

L’islamisme idéologique a pris le relais de l’utopie communiste ou du millénarisme national-socialiste. Le nationalisme de l’Iran, même islamisant, est le meilleur rempart face à un piétisme sunnite qui n’a plus rien d’humain.

Les Iraniens chiites sont nos alliés naturels contre Daech, les salafistes et les wahhabites de la péninsule Arabique.


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