L’interception d’un go-fast sur une autoroute, comme l’opération menée hier lundi soir sur l’A9 près de Perpignan par une équipe du GIGN pour stopper un véhicule emportant quelque 600 kilos de cannabis, reste une opération délicate et minutieusement organisée pour éviter tout accident grave.

Selon un spécialiste de la lutte anti-drogue s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, un go-fast, chargé de cannabis, remonte chaque nuit l’A9 (ou l’A10) depuis la frontière espagnole en direction des grandes villes françaises et de leurs banlieues.

Deux ou trois voitures très puissantes

Un go-fast compte au moins deux véhicules très puissants, généralement des 4X4 de grosse cylindrée : une voiture « ouvreuse » pour détecter policiers, gendarmes ou douaniers et une « porteuse » emportant jusqu’à 800 kg de cannabis.

Dans certains cas, un troisième véhicule « ferme » le convoi pour repérer les forces de l’ordre venant par l’arrière.

Des trafiquants organisés et déterminés

Au volant des véhicules, les malfaiteurs conduisent à grande vitesse, communiquant entre eux avec des téléphones portables qu’ils changent fréquemment pour éviter les écoutes.

En raison de la valeur de leur cargaison, qui peut atteindre 3 millions d’euros, les malfaiteurs sont très déterminés et n’hésitent pas à faire demi-tour sur l’autoroute à la vue d’un barrage ou à passer en force les péages.

Interpeller en évitant les accidents

En face, les forces de l’ordre agissent toujours avec la plus grande prudence pour éviter tout accident grave.

Ainsi le GIGN, qui a intercepté cette année une dizaine de go-fast, monte chaque opération avec la plus grande minutie et des moyens matériels et humains affûtés.

Sitôt connue l’information sur le passage prochain d’un go-fast, venue d’une section de recherches ou de la Garde civile espagnole, la gendarmerie met en place une opération quasi militaire : hélicoptère pour « filer » discrètement le convoi go-fast, peloton autoroutier de gendarmerie et gendarmes locaux mobilisés en appui, une équipe d’intervention du GIGN de 25 hommes avec une dizaine de véhicules.

Des bouchons volontaires pour isoler le convoi suspect

Les gendarmes du GIGN vont isoler le véhicule portant la drogue en créant, si nécessaire un bouchon.

Rompus à la conduite rapide, ils ont tous effectué des stages pour percuter un véhicule et l’immobiliser.

Ainsi en février 2011, près du viaduc de Millau sur l’A75, les gendarmes avaient simulé un accident à l’aide de véhicules déjà accidentés pour donner l’illusion d’un accident et neutraliser les voies sur l’autoroute devant le convoi go-fast.

A 5 km à l’arrière du go-fast, les gendarmes avaient créé un autre bouchon à l’aide de trois poids lourds de 38 tonnes pour créer une « bulle de sécurité » pour leur intervention qui leur avait permis de saisir 1,2 tonne de cannabis.

Transportées par go-fast ou en camionnettes utilitaires, au moins 19 tonnes de cannabis ont été saisies depuis le début de l’année au cours de 25 opérations.

Le Midi Libre

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