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DRESDE: LE DEVOIR DE MÉMOIRE ! ( PIETER KERSTENS )

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Devoir de Mémoire : Dresde, les 13, 14 et 15 février 1945 par Pieter Kerstens

Le XXème siècle laissera dans l’Histoire le souvenir d’un cortège d’horreurs sans nom. La communauté juive se souvient de ses morts et impose le recueillement permanent à Auschwitz.

Pour le peuple juif, ses dirigeants, ses groupes de pression et ses porte-paroles, Auschwitz est un symbole unique, le symbole d’une souffrance indicible.

DRESDE doit être le symbole de toutes les victimes civiles et innocentes de la guerre aérienne à outrance, qui a frappé tous les peuples européens, jour après jour, de 1940 à 1945. La stratégie des tapis de bombes (imposé par le « théoricien »-major anglais Harris, pour « casser » le moral des populations et forcer les peuples à se soulever contre leurs dirigeants), est une négation de la civilisation qui, elle, postule que la guerre doit être menée par des militaires contre des militaires, en épargnant les femmes et les enfants. DRESDE doit être un symbole car elle était une ville d’art, reflétant une culture de la joie de vivre, diamétralement différente du militarisme que l’on a généralement reproché aux Allemands.

Paradoxalement, c’est cette ville, vouée au théâtre, à la musique, aux porcelaines et à l’art, que les anglo-américains ont rasé, sans le moindre impératif militaire ou stratégique, comme l’ont reconnu par ailleurs la majorité des observateurs britanniques et américains. Cette stratégie de la terreur n’a pas brisé le peuple allemand qui, au contraire, a su faire face !

En ce jour anniversaire de ce crime de guerre atroce, il faut se rappeler :

- que 8.000 bombes explosives et 600.000 bombes incendiaires ont conduit 135.000 civils au royaume des cieux, selon les estimations les plus basses. D’après les sources officielles allemandes, il y en eu plus de 250.000 (« Deutschland Heute ».

Editions Press und Informazionsambt des Bundesregierung. Page 31. 1961).

- que parmi les morts se trouvaient de très nombreux réfugiés civils et beaucoup de prisonniers de guerre alliés, qui fuyaient l’avance des troupes soviétiques.

- que l’ensemble des raids aériens en Europe a fait des millions de victimes civiles, qui ne peuvent pas simplement et hypocritement être envoyées aux oubliettes.

- que l’horreur des bombardements aveugles allemands ou alliés, qui ont frappé aussi les populations françaises (Caen, Le Havre, Rouen, Lisieux, Carentan, Royan, Boulogne-Billancourt, etc…) et belges (Anvers, Courtrai, Etterbeek, Forest, Houffalize, Namur, Saint-Vith, etc…) doit inciter nos responsables moraux à condamner sans appel de telles pratiques et à nos gouvernants qu’ils expriment leur refus et s’opposent à leur réédition sous toutes les formes, comme au Vietnam, en Irak, à Belgrade, en Afghanistan, à Bagdad ou plus près de nous, en Lybie…

- qu’à l’avenir, les tactiques incluant le bombardement de zones habitées devraient être considérées comme des crimes de guerre imprescriptibles et jugées comme telles.

- que les élus des municipalités, villes et villages, qui ont été frappés en Europe, se souviennent de ces raids aériens destructeurs et mobilisent leurs efforts à l’échelon local afin de raviver le devoir de mémoire au nom de la multitude d’innocents arrachés à l’amour de leur famille.

- qu’un centre d’études devrait s’occuper de cultiver le souvenir de nos morts, de récolter les témoignages des derniers survivants, afin d’étayer la mémoire des générations futures, qui ne peuvent pas oublier.

- que cette horreur, partagée par tous les européens, puisse au moins servir à souder les hommes et les femmes de notre continent et leur fasse comprendre qui sont réellement les ennemis de la paix et de l’unification de l’Europe, dans la fraternité et la réconciliation.

                                                                               Pieter KERSTENS.

NB : Sur les raids aériens, lire « L’Incendie » de Jörg Friedrich aux éditions .de Fallois. 2004.

 

 

ET AUSSI

 

 

 

 

Il y a 70 ans : l’enfer sur Dresde

La nature parfois démesurée des récentes commémorations de la libération d’Auschwitz n’a pas seulement témoigné de l’entreprise de sacralisation à laquelle peut se livrer un pouvoir en place.

Elle a aussi illustré le traitement mémoriel profondément inégal des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, et prouvé une fois de plus que ce sont les vainqueurs qui décident, pour la postérité, du bien et du mal, de l’essentiel ou du détail... Et qui, au final, écrivent l’histoire.

Février 1945 : le régime nazi n’a plus que quelques mois à vivre. Malgré l’offensive des Ardennes, ultime baroud d’honneur du IIIème Reich sur le front de l’Ouest, il est évident que la capitulation allemande n’est qu’une question de semaines.

Pris en étau entre les armées alliées, ce qui reste de la puissante Wehrmacht ne pourra pas contenir les futures offensives soviétiques et anglo-américaines.

Comme lors de la progression des Alliés en Italie puis en France, l’US Air Force et la Royal Air Force déploient jour et nuit leurs nombreuses escadrilles de bombardiers, censés écraser tout ce qui participe au puissant instrument de guerre allemand, partout où il se trouve, et tant pis si des civils ont le malheur de se trouver dessous.

Sur le territoire du Reich, il ne fait pas bon habiter près des zones industrielles, des ponts, des nœuds routiers ou ferroviaires ; d’autant que l’aviation alliée ne fait pas dans la dentelle et a pour habitude de répandre généreusement des tonnes de bombes pour s’assurer de la destruction du moindre objectif.

Cependant, dans Dresde, cité historique, capitale de la Saxe, l’enjeu industriel et militaire est quasi nul. Des milliers de réfugiés qui fuient l’avancée de l’armée Rouge et de soldats blessés, qui sont soignés dans 25 hôpitaux, s’y entassent. La ville est passée de 630 000 habitants à plus d’un million.

La Flak (DCA allemande) n’est que peu présente. La proie est sans défense, le crime n’en sera que plus odieux.

Au cours de la nuit du 13 février, les bombardiers anglais Lancaster sont sur la ville : une première vague de 244 d’entre eux larguent 460 000 bombes à fragmentation. Une seconde vague de 529 bombardiers larguent en vingt minutes plus de 180 000 bombes incendiaires au phosphore... C’est une véritable tempête de feu qui souffle la ville, comme le décrit le journaliste et écrivain britannique Phillip Knightley :

« [...]une tornade artificielle dans laquelle l’air est aspiré vers le centre à une vitesse de plus en plus rapide. À Dresde, des vents approchant la vitesse de 160 km à l’heure emportèrent débris et individus dans un bûcher dont la température excédait 1 000 degrés centigrades. Les flammes dévorèrent tout ce qui était organique, tout ce qui pouvait brûler. Les habitants moururent par milliers, grillés, incinérés ou asphyxiés [1]. »

Les avions de la RAF ont lâché sur la ville 1 478 tonnes de bombes explosives et 1 182 tonnes de bombes incendiaires.

Le 14 février, à 10 h du matin, 311 « forteresses volantes » B-17 étasuniennes lâchent 771 tonnes de bombes sur une ville déjà en ruine. Elles sont escortées par 200 chasseurs Mustang mitraillant au sol les colonnes de civils qui tentent de fuir et les secours qui affluent.

La « Florence allemande » est anéantie sous un total de plus de 750 000 bombes. Brûlant pendant 7 jours, le brasier pourra être aperçu à 160 kilomètres. Les Alliés n’ont perdu que 8 appareils...

 

 

Il sera difficile de chiffrer le nombre exact de victimes, car la plupart d’entre elles ont été vaporisés par les bombes incendiaires, et en hâte, afin d’éviter les épidémies, les secours ont entassés et mis le feu aux cadavres trouvés dans les décombres.

De 250 000 morts pour l’estimation la plus haute à l’indécent 35 000 morts donné par une étude récente, le lecteur se fera une idée par lui-même par un simple ratio : nombres de bombes par nombre d’habitants.

De Dresde aux bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, puis des largages massifs sur le Nord-Vietnam (7 millions de tonnes, soit deux fois l’ensemble des bombardements alliés sur tous les fronts de la Seconde Guerre mondiale), jusqu’à la mise en place de la doctrine Shock and Awe, « choc et stupeur » pour mettre à mort l’Irak de Saddam Hussein en 2003, les militaires anglo-saxons, non contents d’utiliser leur immense potentiel industriel de mort, auront aussi pour eux l’ultime privilège d’écrire l’Histoire.

 http://www.egaliteetreconciliation.fr/Il-y-a-70-ans-l-enfer-sur-Dresde-23391.html


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