On peut affirmer, au minimum, que les frappes de la coalition américaine contre «Daech» sont encore inefficaces sur la présence et les mouvements de cette organisation en Irak et en Syrie. Les frappes directes sont celles qui visent les installations et les infrastructures syriennes. La justification ? Miner les sources du financement de l'organisation terroriste ; pourtant, cette mission est beaucoup plus simple ; il suffit de cesser l'importation du pétrole qu'exporte «Daech» au lieu de détruire les installations pétrolières. «Daech» dément les propos de la coalition quant au nombre de ses victimes dans les raids. On peut y croire, puisque la méthode du déploiement des combattants de l'organisation, ne permet pas de mener des frappes directes contre les individus. Les raids peuvent entraver, partiellement, les larges déplacements. Pas plus. Cette guerre contre «Daech» semble être un jeu. Un jeu ridicule puisqu'en fait, c'est une guerre fratricide ; la coalition formée contre «Daech», est la même qui l'a mis sur place, financé, lui a fourni les renseignements et comploté avec cette organisation pour prendre le contrôle de Mossoul, et la transformer en acteur principal dans la région. Plusieurs fuites font état de coordination américano-syrienne vis-à-vis de la lutte contre «Daech» ; vraies ou fausses, ces informations n'ont aucune valeur ni sur le plan militaire, ni politique. Militairement parlant, «Daech» possède plus de cent mille combattants, déployés de Ersal, vers le rif de Homs, le rif d'Alep, vers Raqqa, Hassaka, Deirezzor, puis vers Mossoul et Tekrit jusqu'à l'ouest de Bagdad, arrivant enfin à la frontière jordano-saoudienne. Ce déploiement milicien dans des milieux populaires locaux propices, dans une région comptant huit millions de personnes, ne peut être éradiqué par le pilonnage aérien. Politiquement parlant, indépendamment des fuites, des analyses et de la coordination, ce qui a eu lieu en Syrie constitue une violation flagrante de la souveraineté syrienne. Le pilonnage n'a pas eu lieu suite à une coordination politique avec Damas. En plus, la décision de guerre américaine contre «Daech», comprend aussi l'entrainement et l'équipement de combattants «modérés», qui le remplacent. Un fait qui signifie la poursuite de la guerre contre le régime syrien. On évoque des garanties avancées par les Américains aux Russes et aux Iraniens, de ne pas prendre pour cible les postes de l'armée syrienne ; où pourrait-on traduire de tels engagements ? Compterait-on sur cinq à quinze mille combattants modérés pour remporter la victoire contre «Daech» et l'armée syrienne d'un seul coup ? Et si «Daech» est l'objectif des raids, la campagne aérienne de longue durée s'engagera-t-elle à épargner l'armée syrienne plus tard ? La coalition américano-réactionnaire formée sous le slogan de combattre «Daech», est la même formée contre la République arabe syrienne depuis longtemps. C'est la même coalition qui a compté et compte toujours sur les organisations terroristes pour arriver à ses fins politiques comme fut le cas dans plusieurs pays ; il serait donc naïf de promouvoir l'idée d'un certain repositionnement américain ou saoudien. Sauf si Damas se serait rendue devant les conditions impérialistes réactionnaires, dont notamment renoncer à l'axe de la résistance, faire des concessions dans le Golan, établir des relations avec «Israël», intégrer la Syrie dans l'économie du marché mondialisé, accepter le plan de l'Escwa -élaboré sous la supervision de Dardari, pour reconstruire par l'endettement, abandonner l'alliance avec la Russie et l'Iran, livrer les ressources pétrolières et gazières aux sociétés américaines. Encore plus. L'armée syrienne devrait se transformer en police. D'ailleurs tout le monde sait que les conditions précitées, voire celles plus dures encore, sont acceptées et bien accueillies par la soi-disant opposition syrienne, politique, armée, modérée et terroriste à la fois. J'exprimerais franchement mes craintes du fait qu'un courant au sein du régime syrien, se dit prêt à traiter avec les conditions américaines, en échange de quelques ententes. Pour cette raison, nous nous attachons au président Bachar Assad, qui réalise parfaitement l'enjeu du conflit historique sur et dans la Syrie. En effet, l'essence du conflit ne concerne point la personne du président, ni son gouvernement, ni la tyrannie, ni l'injustice confessionnelle. L'essence du conflit est claire : où est la position stratégique de Damas et à quel camp elle adhère ? La réponse à cette question précise les autres. La Syrie résistante a besoin d'une armée puissante, d'une économie nationale basée sur l'industrie et l'agriculture, d'une alliance socio-nationale qui n'exclut pas les pauvres, les marginalisés ou les opprimés. La Syrie a aussi besoin d'alliances régionales, et internationales, hostiles à l'impérialisme et au sionisme. La bataille actuelle de la Syrie, en dépit des souffrances qu'endurent les Syriens, n'est pas la bataille de ce pays, mais plutôt celle de la Palestine. C'est la bataille de l'unité du Levant. La bataille de la laïcité, civilité et de la culture. La bataille de l'industrialisation et du rejet de l'arriération. La bataille de la présence arabe dans l'histoire des Nations qui ont décidé de briser le monopole américain. Pour ces raisons, on ne peut abandonner la Syrie pour mener seule toutes ces batailles. Mais la résistance de la Syrie et sa victoire, ne dépendent pas d'un allié ou d'un ami. Elles dépendent plutôt de sa volonté politique. Sur ce, il faut poser les points sur les «i» : pas de place aux hésitants dans les chambres de la prise de la décision. Pas de place à ceux qui tendent vers les choix américains et les plans de l'Escwa. Pas de place à la capitulation. La guerre est toujours en cours contre la Syrie. Elle sera poursuivie sous différents slogans. Lutte contre «Daech», soutien et envoi des «modérés», la provocation confessionnelle et sectaire, le siège, les mortiers, et la famine. Cependant, notre décision finale est la victoire. L'armée syrienne réalise des exploits sérieux sur le terrain, au moment où la lumière est braquée sur la campagne aérienne américaine : qui vivra verra. Mais cette équation ronge la force et le sabre des foules, comme on observe sur les médias sociaux. A l'heure actuelle, deux mesures sont requises. Illico presto. Des efforts conjugués pour soutenir l'armée, moralement et financièrement et l'armement des jeunes Syriens et arabes, hommes et filles, pour les mobiliser dans la bataille fatidique. Article paru dans le quotidien libanais Al-Akhbar, traduit par l'équipe du site |
Source : http://french.alahednews.com.lb/essaydetails.php?eid=12994&cid=295#.VDYaEefQolz