Le Point.fr - Publié le 14/08/2013 à 08:22 - Modifié le 14/08/2013 à 09:19
Et si derrière la critique systématique des actions de ce pays du Golfe se cachait le stade suprême de l'islamophobie, s'interroge Sihem Souid.
Vue de Doha, capitale du Qatar. © WITT/SIPA
Il est bien sûr permis de critiquer le Qatar, à l'instar de tous les pays du monde.
Néanmoins, avec le Qatar, on a dépassé le stade de l'irrationnel.
Voilà un pays riche de près de deux millions d'habitants et de sa rente pétrolière et gazière, qui ne réclame aucune aide internationale pour son développement, qui joue un rôle pacificateur dans les relations internationales et qui est pourtant accablé par une classe politique toujours en verve quand il s'agit de clouer des Arabes au pilori.
Il faut savoir - ce qui est encore plus étonnant, pour ne pas dire plus - que, lorsque le Qatar convie tous ces messieurs à "colloquer", ils répondent tous présents.
Récemment, peu de temps avant la fin de la session parlementaire, en mai dernier, Doha organisait son fameux forum où se rencontrent des personnalités du monde entier. Quel pays est venu avec la délégation la plus nombreuse ?
La France, avec 80 personnes. Les Anglais n'étaient que 24.
Ce qu'on ne sait pas, c'est que les parlementaires hexagonaux se sont "battus" pour être dans l'avion.
Au point que le président du groupe d'amitié France-Qatar au Palais-Bourbon avait été obligé de rappeler à l'ordre chacun des partis représentés.
On les comprend. Se rendre au Qatar est une magnifique expérience.
Femmes ou hommes, on s'y sent en sécurité. Pour les abonnés aux clichés, les dames se promènent sans tuteur et vêtues comme bon leur semble.
Avec ou sans voile, colorées de mille facettes. Les rues sont sûres. Du point de vue de la sécurité, ça ne rigole pas au Qatar, la vidéosurveillance, adorée par nos politiques, notamment à l'UMP, y est une alliée appréciable.
Les night-clubs sont accessibles grâce à un badge magnétique, impossible d'échapper à ses responsabilités en cas de mauvais comportements, bagarres ou autres faits.
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Tous les partis politiques devraient saluer la réussite du Qatar ; en plus, avec une famille royale francophone, la France a tout à gagner à devenir son alliée privilégiée.
En réalité, tout le monde a compris que ce qui pose problème, aux observateurs, journalistes et autres acteurs de la vie politique, c'est l'islam.
On peut lire régulièrement des diatribes anti-Qatar, y compris en France, dans la presse progressiste partant du postulat qu'un pays musulman n'est pas très catholique.
Un petit État souhaite injecter de l'argent pour aider des PME, y compris dans les quartiers populaires, et voilà que surgit le spectre de l'islamisation.
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Comme pour le PSG, quel complexe de pouvoir rivaliser parmi les plus grands clubs de foot du monde !
La France a désormais une équipe qui compte dans ses rangs les meilleurs joueurs du monde, de Zlatan Ibrahimovic à Cavani - acquis pour la modique somme de 64 millions d'euros. Les supporteurs, élus ou non, ne voient plus le spectre d'une islamisation rampante, mais bien un élan formidable pour un club qui fait la fierté de tout un pays.
D'ailleurs, en ce qui concerne le PSG, il n'y a pas de risque que le drapeau du Qatar flotte au sommet de la tour Eiffel. À Doha, on cultive la discrétion.
source et publication: http://www.lepoint.fr/invites-du-point/sihem-souid/sihem-souid-halte-au-qatar-bashing-14-08-2013-1713930_421.php#xtor=EPR-6-[Newsletter-Quotidienne]-20130814