LE DÉSASTRE CAHUZAC
Les politiques consternés, les médias questionnés
Raoul Fougax
le 03/04/2013
Que le gouvernement ait choisi pour traquer la fraude fiscale un fraudeur fiscal est tout de même incroyable.
Cahuzac savait, Cahuzac a accepté le poste.
Cahuzac a menti au peuple, au président et aux médias , un complet.
Cela confirme avant tout la dégradation des qualités humaines et de l’esprit civique dans une société politique gangrénée par l’avidité financière.
Pour le site Médiapartqui a levé le lièvre et qui a été, notamment par nous, suspecté de vouloir faire un coup, c’est un triomphe.
Un triomphe qui montre tout de même que les médias réagissent toujours dans le même sens et sans retenue, haro sur Mediapart puis maintenant feu sur le ministre à terre.
Il y a danger dans ce torrent d’insultes et de condamnations de pousser cet homme à un geste fatal comme pour le médecin de Kho-Lanta.
Cela devrait être pris en compte. Il paye. Sa carrière est finie. II faut aller au-delà de l’homme qui a failli.
C’est la mentalité du système qui mérite d’être condamné et le système lui-même qui pousse les serviteurs de l’état à se servir comme les autres, en priorité eux-même.
La réaction de Mediapart, à ce triomphe de la vérité, est très mesurée
« Il faut s'interroger sur ce mensonge, avec la complicité du monde politique et médiatique », a estimé Edwy Plenel. « Il faut s'interroger sur ce qui s'est passé pendant ces quatre mois, sur ce retour de boomerang qu'avait prévu Mediapart.
Le monde politique et celui des médias doit se poser la question », a-t-il déclaré, ajoutant que « ce qui fait le malheur de la démocratie ne rend pas heureux les journalistes ».«A Mediapart, nous n'avons jamais douté de nos informations », a encore dit M. Plenel.
A l'unisson, le journaliste Fabrice Arfi, qui a signé les articles accablant l'ancien ministre du budget, a partagé ces mêmes interrogations sur Twitter. Mediapart avait pourtant été critiqué à de nombreuses reprises au moment des premières révélations, à travers les médias et dans le monde politique. Par deux fois, Jérôme Cahuzac a même porté plainte en diffamation contre le site d'investigation. Après la confession de l'ancien ministre du budget, certains ont fait amende honorable, sur Twitter notamment, à l'image du député socialiste Christophe Caresche.
Mais la rédaction du site n'a pas hésité à mettre en garde contre ceux qui feraient preuve d'un peu trop de velléités dans ce domaine, prévenant qu'il faut se méfier de médias qui, après avoir critiqué Mediapart chercheraient à piétiner Cahuzac.
On ne peut que s’associer à cette approche.
ET AUSSI
RÉPUBLIQUE DES JOURNALISTES : DANGER!
De l’investigation à l’inquisition
Raoul Fougax
le 09/04/2013
Sommes-nous trop critiques vis-à-vis de la presse et des médias ?
Crachons-nous abusivement dans la soupe d’un contre-pouvoir ?
La question mérite d’être posée et ne peut être éludée, en tout cas depuis l’affaire Cahuzac, au nom de l’esprit critique, position favorable qui était celle de la presse américaine lors du Watergate.
Dans une république corrompue, il serait sain que les journalistes soulèvent des affaires et que les juges instruisent en toute indépendance.
La république des journalistes et des juges, qui est quasiment indissociable, serait donc bien meilleure pour le peuple que celle des politiques. Cette idée vient de progresser fortement. Les politiques en sont les premiers responsables.
Si on ne leur passe rien c’est qu’ils échouent sur tout. Notre gouvernance est en crise et si cela continue il y aura une crise de régime.
Cela étant, il faut se méfier et ne pas tomber de Charybde en Scylla.
En effet, on sait que le Watergate a été découvert puis instrumentalisé par des journalistes bien informés et par des gens qui voulaient, pour des raisons politiques, détruire Nixon.
Ils y sont parvenus… en raison des mensonges de ce dernier.
Le problème de la presse comme celui de la magistrature est celui de l’impartialité politique. Le pouvoir judicaire comme le contre-pouvoir de la presse sont des pouvoirs dominés par des militants idéologiques. On ne peut donc leur faire confiance.
Certes, Mediapart à gauche s’en prend à un ministre de gauche.
Mais en fait Mediapart est constitué de bons journalistes, plutôt trotskystes qui haïssent plus que la droite les sociaux démocrates, les sociaux traitres pour eux.
Mediapart, c’est au départ un pari, celui du « pure player » : ces médias comme Metamag qui n’existent que sur internet.
Il n’a pas été le premier dans le genre mais s‘est inscrit dans la même logique que Rue89 ou Le Post.
L’objectif affiché de ces nouveaux médias est clairement la liberté de ton, d’écriture et d’information. Devenir un véritable contre-pouvoir, c’est la mission que se sont donnée les quatre fondateurs de Mediapart.
Ces journalistes sont chevronnés, reconnus puisque Gérard Desportes, Laurent Mauduit, Edwy Plenel et François Bonnet ont d’abord travaillé pour Le Monde ou Libération.
Pour y arriver, ils misent sur le journalisme d’investigation, estimant que ce genre n’est plus viable dans la presse traditionnelle.
Pour cela, Mediapart repose sur une importante rédaction car, dès la première année, près de 24 journalistes sont embauchés. Le site en ligne compte actuellement près de 45 collaborateurs.
Ce journalisme de gauche pour ne pas dire gauchiste est un journalisme d’investigation, mais c’est surtout un journalisme politisé.
Plenel est un journaliste viré du journal Le Monde, aujourd'hui en quête de revanche ,de reconnaissance et de notoriété. Il recherche l’influence et le pouvoir pour les mettre au service de sa conception de la presse ,dépendante de ses idées.
Le journalisme d’investigation exige l’impartialité. On sera bientôt, si on n’y prend garde, dans un journalisme d’inquisition qui se croira tout permis.
Il faut être informé sur ceux qui non seulement prétendent nous informer mais en plus veulent interférer dans la vie politique pour notre bien et la morale.
Une république des journalistes ne pourrait que prendre, au regard des sensibilités politiques des journalistes le visage d’un soviet s’accordant des droits de policiers, de juges et de censeurs…au nom bien sur de la démocratie : danger!
Source et publication: http://metamag.fr/metamag-1258-Le-desastre-Cahuzac-Les-politiques-consternes--les-medias-questionnes.html