Le Point.fr - Publié le 09/04/2013 à 15:38
Seules des mesures drastiques prises par une personnalité sans concessions, comme le fut l'ancienne Premier ministre britannique, pourrait sortir la France de son état dépressif aggravé.
François Hollande aurait besoin d'une Margaret Thatcher à la tête du gouvernement. © Gabriel Duval/AFP / Marlene Awaas/Maxppp/Montage Le Point.fr
Un signal fort. C'est ce que cherche vainement depuis une semaine l'Élysée, après avoir été noyé par le tsunami provoqué par le mensonge de Jérôme Cahuzac.
Et ce ne sont probablement pas les mesures annoncées par le pouvoir, si honorables soient-elles, qui suffiront à rétablir une confiance déjà bien entamée par une crise dans laquelle, une prévision après l'autre, la France s'enfonce inexorablement.
Certes, la publication du patrimoine des responsables politiques, si elle ne tourne ni au déballage, ni aux annonces biaisées, peut avoir quelques vertus.
Sans doute la menace d'une inéligibilité à vie automatique des élus convaincus de corruption ou de fraude fiscale, si tant est qu'elle soit constitutionnellement applicable, pourrait en partie lever les soupçons qui nourrissent un populisme médiocre.
Mais on peut craindre que ces propositions soient plus du domaine de la communication que de l'action, plus destinées à calmer les esprits échauffés qu'à soigner le mal français.
Lorsque Margaret Thatcher est arrivée à Downing Street en 1979, la Grande-Bretagne était, comme nous aujourd'hui, en train de sombrer.
Même si la France n'en est pas encore, comme l'Angleterre d'alors, à se mettre sous la tutelle du FMI. Chômage, endettement, inflation, baisse du pouvoir d'achat se conjuguaient depuis quinze ans, résultats du passage au pouvoir des deux gouvernements travaillistes d'Harold Wilson et de James Callaghan, dont la seule politique consistait à accepter les oukases des syndicats.
Comme l'écrit le Times : "Le résultat était un national-pessimisme proche du désespoir.
Un sentiment que les problèmes du pays n'étaient pas seulement désastreux mais insolubles." Pour combattre cette dépression collective, Maggie Thatcher a utilisé une médecine sans doute brutale, "clivante" comme on dit aujourd'hui, mais qui s'est révélée bien ciblée et efficace : mise au pas des syndicats, recul du rôle de l'État dans l'économie, diminution de la dette par la réduction des dépenses, politique fiscale permettant de relancer la croissance.
"Elle n'a pas seulement été un leader pour le pays, elle l'a sauvé", a dit lundi David Cameron, l'actuel Premier ministre.
On a parlé d'idéologie néolibérale, c'était surtout une politique de bon sens, comme l'ont pratiquée, en France, à des époques diverses, des gens aussi différents qu'Antoine Pinay, Raymond Barre ou René Monory.
Tous trois ont disparu et le pouvoir, entre stagnation économique, puits sans fond de l'endettement et crise de confiance, cherche une thérapie.
Et quelqu'un pour l'appliquer.
Pourquoi François Hollande, homme évidemment intelligent mais dont le caractère et l'expérience politique conduisent plus aux compromis qu'aux décisions difficiles, n'en profite-t-il pas, en effet, pour changer de pied ?
Et donc de Premier ministre, comme un sondage du JDD le lui recommande ?
Mais pas pour une personnalité choisie parce qu'elle serait le dénominateur commun des différents courants du Parti socialiste.
Pour un profil de manager et pas d'exécutant, avec une équipe resserrée d'hommes et de femmes nouveaux. Quelqu'un pour qui le résultat importe plus que les concessions nécessaires pour y parvenir.
Quelqu'un qui, comme Margaret Thatcher lorsqu'elle est arrivée au 10, Downing Street, pourrait dire : "Il y a de la discorde, mettons-y de l'harmonie.
Il y a du doute, apportons-y la foi. Il y a du désespoir, faisons naître l'espérance.
Source et publication: http://www.lepoint.fr/editos-du-point/michel-colomes/il-faudrait-une-thatcher-a-hollande-09-04-2013-1652525_55.php?xtor=EPR-6-[Newsletter-Quotidienne]-20130410