Le tableau de la justice est déjà tout à fait noir, mais il y manque encore une petite touche finale.
En partant de la très louable intention de lutter contre les discriminations, la justice est devenue un terrain de luttes communautaires et religieuses. « C’est normal », répondront certains, pour qui « des religions en particulier sont visées par des malfaiteurs en particulier ».
Il faut être un Inuit autiste pour n’avoir jamais entendu parler des lieux de cultes profanés. En France, il s’est créé en 30 ans autant de lieux de cultes musulmans que d’églises catholiques en un siècle.
On dénombre 45 000 églises, 2 000 mosquées, 280 synagogues.
Voici un récapitulatif des profanations de ces dernières années, selon la gendarmerie (Le Figaro) :
En 2007 151 églises, 8 mosquées, 5 synagogues.
En 2008 269 églises, 13 mosquées, 3 synagogues.
En 2009 216 églises, 6 mosquées, 4 synagogues.
Toutes choses étant égales par ailleurs, voici les pourcentages des lieux de cultes profanés :
2007 0,3 % d’églises, 0,4 % de mosquées, 1,8 % de synagogues.
2008 0,6 % d’églises, 0,65 % de mosquées, 1 % de synagogues.
2009 0,5 % d’églises, 0,3 % de mosquées, 1,4 % de synagogues.
Même si la bêtise humaine semble marquer une préférence pour les synagogues (selon Le Figaro, 15 millions d’euros ont été dépensés pour les sécuriser), le fait que telle ou telle religion soit particulièrement visée par de dangereux adolescents désœuvrés ne saute pas aux yeux. Pourtant, les profanations de lieux de cultes musulmans ou juifs font souvent les gros titres.
Peut-être que les actes contre les personnes sont plus éloquents ? Pour le Service de protection de la communauté juive, sans doute très neutre, 389 actes antisémites ont été commis en 2011.
On estime que 600 000 juifs vivent en France. Les actes antisémites concerneraient donc 0,06 % des Juifs. Sous Sarkozy, le ministre de l’Intérieur Hortefeux a qualifié ces actes de « poison de la République ».
Le Président Hollande et son ministre Valls n’ont pas de mots assez forts pour fustiger cette « menace de la République ».
François Hollande fait même de la sécurité des Juifs « une cause nationale » (Libération, 1/11/12).
Lorsque deux Juifs sont agressés à Villeurbanne en juin 2012, Valls déclare qu’il s’agit d’une « attaque contre la République ».
Les milliers d’autres français agressés chaque jour seront heureux d’apprendre qu’ils n’ont rien à voir avec la République.
Pour Valls, un « antisémitisme est né dans nos banlieues » (Le Point, 8/07/12). Le ministre reconnait ce que plus personne ne nie depuis des décennies : les exemples significatifs d’antisémitisme sont souvent le fait d’agresseurs musulmans. On en parle évidemment le moins possible dans les médias. Faut pas stigmatiser.
À Marseille, une dame de 83 ans, cambriolée, a vu son voleur revenir après son forfait. Il a dû comprendre qu’elle était juive, alors il l’a violée. « Ne me fais pas ça, je suis tunisienne comme toi », a supplié la dame. « Tu n’es pas tunisienne, tu es juive », lui a répondu le stigmatisant violeur.
Confondu par son adn, il a été arrêté (Nouvel Obs, 3/07/12). Vous en aviez entendu parler ?
« Je mets au défi les responsables musulmans de dénoncer cet antisémitisme », a lancé un rabbin. « Il ne faut pas se tromper d’ennemi », a répondu un religieux musulman. « Il y a de temps en temps des bagarres entre jeunes, mais ce n’est pas de l’antisémitisme […] en faire un tintamarre risque d’attiser l’islamophobie » (Le Monde, 5/09/12).
Mais ne pas en parler passerait pour de l’antisémitisme. Quelqu’un a une aspirine ?
Intéressons-nous à cette pathologie nouvelle qu’est l’islamophobie.
Si l’on se base sur des chiffres là encore très neutres, établis en 2011 par un responsable des affaires religieuses de la mosquée de Paris, on estime à 45 par trimestre les actes « islamophobes », c’est-à-dire à 180 par an.
Cela concerne donc 0,003 % des musulmans.
La Commission nationale consultative des droits de l’Homme, encore un organisme parfaitement objectif, comptabilisait en 2010 la bagatelle de 886 faits racistes, dont 165 actes violents.
Un « net recul », qui n’empêche pas le rapport d’estimer que « la tolérance recule et les sentiments xénophobes se diffusent ».
Un lecteur attentif se demandera comment diable peut-on mesurer un recul de la tolérance ou une diffusion de sentiment xénophobe ? Nous aimerions le savoir autant que lui…
La proportion d’actes racistes ramenée à la population concernée (0,001 %) montre à quel point le problème est brûlant. De son côté, l’association très impartiale SOS homophobie a enregistré 88 témoignages d’agressions homophobes en 2009, puis 142 en 2010.
Ce qui permet au Figaro de parler de « l’explosion de l’homophobie », sans préciser ces chiffres, en ne donnant que le pourcentage de leur hausse. Comme on estime qu’il y a en France environ 2 millions d’homosexuels (Ifop, 2011), ces agressions concernent 0,0071 % d’entre eux.
À la mesure de ces chiffres qui font froid dans le dos et rappellent les heures les plus sombres de notre préhistoire, nous découvrons avec stupeur qu’une grande communauté, pourtant particulièrement touchée par les violences, a échappé à la vigilance des associations.
Rendez-vous compte, chaque année en France, selon les chiffres officiels très sous-estimés, 450 000 personnes sont victimes de violences physiques (0,7 % des Français). Si les chiffres donnés par les associations sont corrects, ce dont nous ne doutons pas, peut-on en déduire que les gens n’appartenant à aucune communauté sont 200 fois plus agressés que les musulmans, 100 fois plus que les homosexuels et 20 fois plus que les Juifs ?
Faut-il en conclure que les homosexuels sont beaucoup moins visés que les hétérosexuels ? Que les athées sont persécutés ?
Faut-il en conclure que les non-racistes sont beaucoup plus dangereux que les racistes ? Doit-on d’urgence créer un observatoire de l’hétérophobie ?
Une association SOS antiracisme ?
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