Luchini se paye Torreton : "Quand on attaque Depardieu, il faut une filmographie solide"
De passage à Sud Ouest ce mercredi, Fabrice Luchini a pris la défense de Depardieu.
Et il n'a pas ménagé Philippe Torreton auteur d'une violente tribune contre Obélix
A l'heure où Gérard Depardieu compte ses amis dans le cinéma, il en est un qui ne le lâchera pas : c'est le comédien Fabrice Luchini.
De passage dans nos locaux à Sud Ouest à Bordeaux, où il a répondu, ce mercredi, aux questions des internautes de Sudouest.fr, l'acteur a pris, sans ambiguïté aucune, la défense de son "ami" Depardieu.
Balayant d'un revers de la main et d'une tirade acerbe, les critiques qui ont accompagné, ces derniers jours, la volonté d'Obélix de s'exiler fiscalement en Belgique.
"Depardieu, assure-t-il, c'est un ami. Et je ne juge pas mes amis."
"Par contre, ajoute celui qui voue une vraie passion pour les vins de Bordeaux, ceux qui jugent Depardieu, surtout s'ils sont acteurs, ils devraient juger aussi leur filmographie.
Quand on attaque Depardieu, il faut avoir une filmographie solide."
Une dernière remarque spécialement adressée au comédien Philippe Torreton.
Lequel a signé dans Libération une violente tribune contre Gérard Depardieu.
Une initiative que n'a pas du tout goûté Fabrice Luchini ironisant à son tour sur la filmographie de Torreton qui a "fait L627...".
Ajoutant que s'en prendre ainsi à Depardieu était "suicidaire".
"Moi je ne fais pas des leçons de morale, chacun dit ce qu'il veut, poursuit-il.
C'est suicidaire de se confronter à un monument du cinéma."
Fabrice Luchini l'a dit: il n'a que faire de la morale. Il ne se couche pas avec. Encore moins avec le politiquement correct.
On le sait la mièvrerie et les propos en sucre d'orge ne sont pas son fort.
Interrogé sur le mariage gay, il a ainsi répondu : "Déjà que le mariage chez les hétéros ça me déprime..." Ajoutant, en se lançant dans une autre tirade dont il aime régaler son public: "Nous, on a connu les homos dans un ghetto, ils étaient dans la clandestinité.
Ils n'étaient pas dans l'état d'esprit de se normaliser. Là, ils veulent la même chose que les couples hétéros, c'est hallucinant !
Mais on ne peut pas juger, c'est compliqué pour moi."
Et de conclure d'une pirouette toujours aussi provocatrice : "Quand tu es contre Depardieu et pour le mariage gay, alors là tu as gagné !
Il y a écrit sur ton front: lecteur de Libération." Et en plus ça rime...
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Le Point.fr - Publié le 19/12/2012 à 16:27 - Modifié le 19/12/2012 à 20:21
La fille de Gérard Depardieu se confie au Point.fr, prend la défense de son père et dévoile une émouvante lettre ouverte.
Roxane Depardieu : Mardi 18 décembre dans la journée. J'ai l'habitude d'entendre plein de choses sur mon père. Mais là, c'est trop injuste. Je ne peux pas accepter qu'on dise qu'il ne pense qu'à l'argent. On peut lui adresser beaucoup de reproches, mais pas celui de vivre comme un "gros riche". Il passe son temps à donner. C'est un généreux qui s'entend mieux avec les gens simples qu'avec les nantis.
Quel rapport entretient-il avec l'argent ?
Il m'a toujours inculqué la valeur de l'argent. Souvent il compare des dépenses courantes au salaire d'un ouvrier. Il a longtemps compté en anciens francs et m'a toujours sensibilisée au travail. D'ailleurs, c'est quelqu'un qui travaille tout le temps. Je ne l'ai jamais vu "en vacances".
Comment viviez-vous à la maison ?
Contrairement à ce que pense peut-être Monsieur Ayrault, mon père n'a pas de personnel. Juste une femme de ménage. Il vit de façon très naturelle, peut porter le même pantalon pendant cinq jours. Il n'a ni garde du corps, ni chauffeur, ni assistants qui courent derrière lui toute la journée. Je me souviens de l'avoir vu débarquer à Tigné en provenance de Cannes au moment des vendanges. Il s'est immédiatement mêlé aux ouvriers agricoles et s'est mis à ramasser avec eux le raisin pendant trois jours en portant le même costume.
Pourquoi s'en est-on pris à lui ?
Que peut-on contre l'aigreur des politiques qui nous dirigent ? Ils ont certainement envie de détourner l'attention des Français au moment où le chômage monte en flèche et où notre pays est en crise. Je pense qu'on veut faire payer à mon père son soutien à Nicolas Sarkozy.
À vous entendre, votre père est quelqu'un de "normal"...
Bien sûr. Il pourrait porter des vêtements de marque, mais s'habille comme un "plouc", un paysan. Son vrai plaisir est de déjeuner dans des restaurants au milieu de nulle part. Il s'assoit au bar et fait la conversation avec tout le monde. Ceux qui l'imaginent sur un trône en train de boire du champagne avec des dictateurs se trompent ou veulent lui coller une fausse image. Des trois enfants de Gérard, aucun n'est obsédé par l'argent, ni ne joue un rôle social, ni ne se comporte comme un bourgeois. Il nous a appris la liberté dans ce qu'elle a de plus pur et de plus extrême.
On essaye de faire passer votre père pour un mauvais Français ?
Il n'y a rien de plus faux. Mon père est passionné par les arts et les textes du répertoire. L'une de ses meilleures amies était Barbara. Il a joué Porthos, Jean Valjean, Vatel, Rodin, Danton, Cyrano, Obélix, le colonel Chabert, le comte de Monte-Cristo ! Pour un adolescent quasiment illettré qui a longtemps bégayé, chapeau ! Il passe ses journées à écouter Radio Classique et lit énormément. Il tourne huit films par an, la quasi-totalité en français. Et il serait un mauvais Français ? Soyons sérieux...
Paye-t-il le fait de ne pas faire partie de l'élite ?
Sans doute. Il a toujours préféré être avec les vrais travailleurs. À Paris, il n'avait pas de chef de chantier pour les travaux de son hôtel particulier. C'est lui qui décidait de tout. Il a couché sur place pendant quatre ans dans une petite pièce poussiéreuse. Partout où on a voyagé, il se précipitait sur les marchés, entrait dans les boucheries, se renseignait sur les produits locaux, goûtait tout !
Est-il blessé par la polémique ?
Déçu surtout. Il ne pensait pas mériter ça. Dans beaucoup de pays, il représente le cinéma français. Pour bien des stars internationales, il est l'image de la France : le gars bon vivant qui les fait manger, boire, rigoler. C'est cette image de notre pays qu'il a voulu exporter. Et il s'aperçoit que chez lui la réalité est tout autre...
La lettre de Roxane Depardieu