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À MADRID, ON NE SOIGNE PLUS " GRATIS " LES SANS-PAPIERS !

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Une association de médecins s'oppose à la mesure et appelle à l'«objection de conscience».



Dans sa bataille pour l'austérité, le gouvernement espagnol a décidé de priver de couverture sanitaire gratuite les immigrés en situation irrégulière.

partir du 1er septembre, seuls trois types de sans-papiers seront encore reçus sans payer: les mineurs, les femmes enceintes et les malades en situation d'urgence. Un millier de médecins, se déclarant objecteurs de conscience, annoncent toutefois qu'ils continueront à prodiguer leurs soins gratuitement.


La Société espagnole de médecine de famille et communautaire (SemFYC) organise la rébellion. L'association regroupe plus de la moitié des médecins de famille espagnols.


Sur son site, un formulaire permet à ceux qui le souhaitent d'envoyer leur «objection de conscience» aux autorités sanitaires. «Ma loyauté avec les patients m'empêche de faillir à mon devoir éthique professionnel et de me livrer à un abandon (…). Je veux continuer à traiter mes patients qui n'ont pas de permis de séjour», indique le texte qu'avaient signé dimanche près de 1300 personnes.

D'abord réservé aux médecins, le formulaire a ensuite été ouvert à l'ensemble du personnel soignant.

Salvador Tranche, le secrétaire de la SemFYC, justifie la prise de position de son association par des considérations éthiques: «La réforme est une rupture de la relation entre le médecin et son patient.»

Économiser 1 milliard d'euros

L'initiative, toutefois, devrait rencontrer quelques difficultés techniques.

En Espagne, les soins de la Sécurité sociale sont dispensés dans des centres de santé qui, dans chaque commune ou quartier, regroupent médecins, infirmiers et personnel administratif.

Grâce à sa carte sanitaire, l'équivalent de la carte Vitale, le patient prend rendez-vous et consulte gratuitement un généraliste.

À la rentrée, quelque 150.000 tarjetas sanitarias seront désactivées.

«Personnellement, j'ai indiqué au personnel administratif de m'envoyer les patients sans-papiers, dit le Dr Tranche. Mais si le département administratif ne nous aide pas, les patients n'accéderont pas à la consultation», reconnaît-il. Difficile, également, d'orienter l'un de ces patients vers un spécialiste ou un hôpital.

Mais l'essentiel est sans doute ailleurs. Par leur rébellion, les médecins entendent avant tout attirer l'attention des pouvoirs publics et négocier.

Car le projet est encore flou sur de nombreux aspects. Il semble même évoluer au fil des jours.

Selon le journal El Pais, l'exécutif prévoit ainsi de proposer aux sans-papiers de cotiser s'ils veulent continuer à bénéficier de soins: 60 euros par mois pour les moins de 65 ans et jusqu'à 155 euros pour les plus âgés. «Compte tenu de la faiblesse de leurs revenus, ce n'est pas viable», objecte Tranche.

Un responsable du ministère de la Santé a ensuite indiqué que la Sécurité sociale pourrait continuer à soigner les sans-papiers si la facture était ensuite envoyée aux pays d'origine.

Pour le gouvernement, la priorité reste d'économiser.

Selon ses calculs, l'exclusion des immigrés en situation irrégulière de l'accès gratuit aux soins, combinée à des restrictions contre le «tourisme sanitaire» des Européens, doit permettre d'économiser 1 milliard d'euros par an.


Source: Mathieu de Taillac
http://www.lefigaro.fr


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