Les milieux salafistes en France, de plus en plus actifs, s’intéressent aux harraga algériens*. Un toit, de l’argent, une femme… Tout est fait pour les séduire avant de les enfermer pour les endoctriner. El Watan Week-end a infiltré le milieu.
Dans un local aménagé en F3, érigé sur le toit d’un immeuble HLM de la Seine-et-Marne, dans la région parisienne, Jalil et ses amis officient les cinq prières quotidiennes de l’islam depuis quatre ans au profit d’un nombre restreint de jeunes banlieusards et récemment des harraga, surtout des Algériens. A première vue, rien d’anormal. Pour les islamistes en revanche, il s’agit de toute une stratégie, une des voies pour recruter de nouveaux adeptes.
«Le 77, c’est Al Qaîda !, confie un jeune Beur, tu ne peux rien faire sans eux. Ils contrôlent tout.
Et pour convaincre les récalcitrants, une paire de Nike chez Foot Locker et le tour est joué.» Si bien que le département de la Seine-et-Marne est communément appelé dans le milieu des jeunes de la banlieue le «77 Al Qaîda».
«Les salaf’ sont des gens reconnus dans les banlieues, les gens nous respectent.
Aujourd’hui, nous représentons les jeunes des quartiers mieux que n’importe quel parti politique ou association. Nos frères clandestins se tournent aussi vers nous pour régler leurs problèmes», lance d’emblée Redouane, 39 ans, sympathisant du FIS dissous. Jalil n’est autre que son comparse, âgé de 29 ans. C’est un Français «de souche». Il a épousé la religion musulmane lors de l’été 2009 au cours d’un voyage qui l’a conduit dans l’Ouest algérien, suite à l’invitation d’une association sportive algérienne. Depuis, Jalil consacre son temps à «sensibiliser les jeunes des banlieues de toutes les couleurs pour qu’ils reviennent sur le droit chemin, et pour ne jurer que par la foi en Allah», raconte-t-il. Mais derrière ce discours «pieux» se cache une autre vérité.
«Jalil n’est que le visage aux yeux bleus de cette confrérie dangereuse et aux buts non avoués, relève Mounir, 26 ans, diplômé, natif de Beni Ouartilane et sans papiers en France. Grâce à son sourire et le ton apaisé de son discours, Jalil parvient à attirer de plus en plus de jeunes. Il avait tout tenté pour m’impliquer dedans.»
L’activisme salafiste en France a pris des proportions alarmantes ces dernières années de l’aveu même d’un responsable du ministère de l’Intérieur français. (…)
* Un harraga est un migrant clandestin qui prend la mer depuis l'Afrique du Nord, la Mauritanie, le Sénégal avec des pateras (embarcations de fortune) pour rejoindre les côtes andalouses,Gibraltar, la Sicile, les îles Canaries, les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, l'ile de Lampedusa ou encore Malte. C'est un mot originaire de l'arabe nord-africain ﺣﺮﺍﻗـة ḥarrāga, ḥarrāg, « qui brulent » (les papiers) présent aussi en espagnol sous cette forme. Ce terme est très présent dans le vocabulaire journalistique nord-africain.
ET AUSSI
Les actes islamophobes ont augmenté de 42% sur les dix premiers mois de 2012, passant de 123 à 175, selon un bilan provisoire de l’Observatoire contre l’islamophobie. Un décompte a minima puisqu’il enregistre uniquement les actes ayant fait l’objet d’un dépôt de plainte ou d’une main courante.
On est en pleine recomposition politique et ça va s’intensifier en 2013. (Raphaël Liogier)
Le chantier d’une mosquée envahi à Poitiers, l’affaire des pains au chocolat, la polémique sur la viande halal: l’islam et les musulmans ont mis à l'index tout au long de l’année, après l’affaire Merah et au-delà de la campagne électorale.
En première ligne: les lieux de culte et les cimetières. Outre les courriers d’insultes, les tags et les tentatives d’incendies, plusieurs ont été souillés avec des têtes de cochon ou des excréments.
«Il y a eu une multiplication et une banalisation des profanations», dénonce Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du Culte musulman (CFCM). L’acte le plus marquant a été l’occupation, le 20 octobre, du chantier de la mosquée de Poitiers par un groupuscule d’extrême droite. Pour la première fois, des gens ont chanté des slogans guerriers anti-islam à visage découvert, souligne M. Moussaoui. On a franchi un nouveau palier». […]
Au-delà des actes clairement islamophobes, «on a entendu un discours décomplexé, souvent négatif vis-à-vis de l’islam», note Franck Frégosi, directeur de recherches au CNRS et spécialiste de l’islam en Europe. Pour lui, «ce qui était plutôt une attitude d’extrême droite (…) tend à faire tache d’huile». «Les sentiments phobiques» ont été alimentés par des faits divers et un contexte international tendu, dit-il, déplorant que certains s’en servent «pour dire que l’Islam n’est pas intégrable dans la République». […]
Qui pense que l'islam est intégrable dans la république - voyez en Belgique, norvege, hollande...
il est regrettable que les musulmans pratiquant leur religion dans le cadre familial ne s'expriment pas !