Malversations et néo-colonialisme : la mafia laïque française au Liban
Un conflit a opposé les parents d'élèves du Grand-Lycée Franco-Libanais (GLFL) de Beyrouth à la Mission laïque française (MLF) depuis le début de l'année 2015. Il n'a pu être résolu que grâce à la mobilisation exceptionnelle des parents d'élèves et à l'implication de la presse libanaise, qui ont pu contraindre la Mission laïque française à respecter les décisions de la justice libanaise qui lui avaient été imposées. Voici une synthèse de cette affaire, dont la chronologie peut être suivie sur le blog des parents d'élèves du GLFL.
Ces procédés de la Mission laïque française (menaces et chantage contre les parents, violences psychologiques contre les enfants, malversations, mépris pour la loi et la souveraineté libanaises, etc., avec l'implication directe de Jean-Christophe DEBERRE, Directeur Général de la MLF), similaires à ce que j'ai vécu en Egypte, confirment le mode opératoire global mafieux de la MLF.
Voir également le récit de cette affaire au Caire : Clientélisme et enfants-rois : les marchands de soupe de la Mafia laïque française
Salah Lamrani (Sayed Hasan)
L'indignation des parents d’élèves du Grand Lycée Franco-Libanais (GLFL) de Beyrouth
Depuis le début de l’année 2015, un conflit nous oppose à la Mission Laïque Française (MLF) et à la direction du GLFL. Au cours d’un long processus conflictuel, certains agissements de la MLF ont dépassé les limites du débat démocratique pour finalement atteindre un niveau indigne d’une institution française en charge de l’éducation de milliers d’élèves dans le monde. Maintenant que le conflit s’est apaisé, nous pensons qu’il est nécessaire de vous signaler ces agissements pour en garder une traçabilité et en tirer les conclusions qui conviennent.
Début Janvier, le Comité des Parents du GLFL (CDP-GLFL) a refusé d’approuver le budget du GLFL et cela sur la base des prérogatives que lui fournit la loi libanaise (loi 515). Cette décision est parfaitement justifiée et réfléchie. En effet, saviez-vous, par exemple, que :
- la scolarité moyenne au GLFL a doublé en 6 ans. Elle est passée de 4.5 millions de LL (3000 dollars) à 9 millions (6000 dollars), alors que l’indice des prix à la consommation n’a augmenté que de 21% sur la même période. La scolarité actuelle représente 14 fois le smic au Liban !
- le budget du GLFL présenté au Ministère de l’Education au Liban ne représente pas le budget réel tel que consolidé par la MLF, et que le GLFL génère des revenus externes au budget, non déclarés au Ministère, estimés à environ 400.000 dollars annuellement !
- le poste de dépenses budgétaires intitulé « Indemnités au Propriétaire », autrement dit les montants transférés à la MLF et qui par conséquent ne sont pas alloués au fonctionnement du GLFL, est passé de 300.000 dollars en 2010/2011 à 1.5 million de dollars en 2014/2015, soit une augmentation de 500% sur cinq ans !
- malgré une inflation proche de 0% et une augmentation négligeable du nombre d’élevés, le budget de l’année 2014-2015 a prévu une augmentation des coûts opérationnels de 30% par rapport aux coûts opérationnels de 2013-2014 !
- la MLF a refusé de nous fournir le bilan comptable de l’année 2014/15 (les dépenses effectives), contrairement à ce que stipule la loi libanaise.
- la MLF a entrepris un gigantesque chantier de construction. Cet investissement, avoisinant les 20 millions de dollars, se répercute directement sur les scolarités payées par les parents. Or les parents subissent ce lourd fardeau sans même avoir été consultés.
Nous avons choisi d’inscrire nos enfants au GLFL afin qu’ils bénéficient d’une éducation qui met en avant l’esprit critique et scientifique ; une éducation qui apprend à nos enfants comment argumenter pour convaincre et comment démontrer pour conclure. Une éducation qui favorise la raison et le raisonnement. Or, sur la base de ces principes et dans ces conditions de non transparence et de non accès aux données réelles des dépenses effectuées, comment voudriez-vous que le CDP-GLFL approuve le budget ? Devait-il l’approuver aveuglément, sans explication convaincante, comme la MLF l’a demandé à plusieurs reprises ?
Les demandes du CDP-GLFL ne se limitent pas uniquement à l’aspect financier. Bien au contraire, nous avons présenté à la MLF une série de propositions, basiques, couvrant le volet pédagogique et éducatif (ex : mise en place d’un système de remplacement des enseignants absents : des classes sont restées sans enseignants pendant des semaines, etc…).
Malheureusement, la révision à la baisse du taux d’augmentation de la scolarité et l’engagement de la MLF envers l’application d’une partie de nos demandes pédagogiques, n’ont pu être acquis qu’après un long et fastidieux processus juridique et l’implication du juge des référés.
Maintenant qu’un accord a été atteint auprès du juge des référés, il nous paraît essentiel d’évaluer la gestion de ce conflit qu’a menée Mr. Deberre, Directeur General de la MLF.
- Il faut tout d’abord noter, qu’à deux reprises, la MLF a refusé d’appliquer la décision du ministre libanais de l’éducation, malgré des rappels répétés de la part des autorités libanaises. Les journaux au Liban ont pointé du doigt ces comportements qui rappellent le temps du colonialisme, où une association fait fi des décisions du pouvoir exécutif. La MLF ne s’est soumise à cette décision qu’après un jugement du juge des référés.
- La MLF ainsi que la direction du GLFL a eu recours à une multitude de moyens de pression pour faire face à la position du CDP : pressions sur les parents d’élèves (refus de délivrer les attestations d’inscription et de fin d’année), sur les élèves eux-mêmes (des enfants du primaire sont rentrés à la maison en pleurs accusant leurs parents de vouloir fermer l’école : une circulaire scandaleuse avait été distribuée aux élèves sans enveloppe), sur les enseignants et le personnel (insinuations que les actions du CDP allaient aboutir à l’annulation de leurs acquis sociaux), pressions politiques (des délégations de la MLF ont rendu visite au premier ministre libanais ainsi qu’à d’autres dirigeant politiques et hauts magistrats). Ces agissements nuisent gravement à l’image de la France : les conflits sociaux sont-ils résolus de cette manière en France ?
- Il faut également retenir le contenu des communiqués de la MLF diffusés aux enfants et aux parents du GLFL, depuis Juin 2015. Voici des extraits :
- Dès la signature de l’accord, la MLF et la direction de la GLFL ont harcelé les parents à travers des messages et des communiqués les appelant à venir payer le reste de la scolarité, selon l’accord, dans des délais extrêmement courts à la caisse de l’établissement seulement et en espèces, sous peine de voir leur enfants mis à la porte, au lieu d’attendre la publication des souches du premier trimestre (un mois plus tard). « A partir du lundi 14 septembre et dans le cas où les parents n’auraient pas payé la totalité de la créance, leurs enfants ne pourront pas être admis en cours » !
- « Ne compromettez pas l’éducation et l’avenir de ce que vous avez de plus cher au monde : vos enfants » !
- « (inscrivez vos enfants) dans un établissement en adéquation avec (vos) moyens financiers »
Mis à part le fait que ces communiqués rejettent clairement le principe historique du GLFL de « mixité sociale », ils ont été perçus comme des menaces directes envers nos enfants. Ne nous trouvons-nous pas dans une situation d’abus de pouvoir sur personnes fragiles ? Menacer nos enfants d’exclusion du cours, si les parents ne paient pas dans un délai de quelques jours, cela peut-il émaner d’éducateurs ou de pédagogues? Les conséquences d’un tel acte affecteront nos enfants à vie. Cette attitude discriminatoire nous étonne, surtout que les retards de paiements sont d’habitude traités d’une manière discrète, respectueuse et dans des délais acceptables. Il est de notre devoir de dénoncer cette demande de paiement en urgence accompagnée de menaces en totale opposition avec la convention des droits de l’enfant, la déclaration universelle des droits de l’homme et les principes républicains auxquels la MLF doit se soumettre.
Nous espérons avoir clarifié notre position. Nous sommes d’ailleurs en mesure d’apporter tous les justificatifs pour prouver ce que nous avançons.
Veuillez agréer l’expression de notre haute considération.
Parents d’élèves du GLFL.