Islamophobie : de gauche ou de droite ?
Dans ce climat d’hostilité globale, de plus en plus décomplexée, contre l’Islam que connaît la France, ce genre de question peut paraître anecdotique au regard des lourdes interrogations de mes coreligionnaires. Pourtant, à y réfléchir, la réponse en vaut la chandelle.
Si le musulman français étudie l’histoire des idées dans ce pays, leurs origines ainsi que leurs conséquences politiques, à travers le prisme de sa foi et de sa religion, il ne pourra pas s’empêcher de vomir l’hypocrisie de la mythologie républicaine construite par la gauche.
Progressisme, droit-de-l’hommisme, humanisme prométhéen, anticléricalisme, déchristianisation, athéisme, laïcité, destruction des valeurs traditionnelles… toutes ces idées qui ont fait de la France, à un moment donné de l’histoire occidentale, un pays avant-gardiste, et qui sont, pour certaines aujourd’hui, les causes de son immobilisme, sont – philosophiquement parlant – des valeurs marquées à gauche, et cela, avant même que la gauche politique n’existe…
Toute cette mixture a contribué à créer cet universalisme messianiste français qui s’est concrétisé avec la colonisation.
Dès idées qui sont devenues des outils de choix dans la destruction de l’identité musulmane en terre d’Islam. Avant d’être réactualisées à destination de l’immigré musulman ou le Français né de cet immigré.
Un système gauchiste auquel il doit religieusement se plier… Or, gauchiser son essence, alors que son paradigme est largement à « droite » (Dieu, famille, tradition), lui est très difficile. D’autant plus insupportable que ces grandes valeurs de gauche ont fait de l’Islam la nouvelle proie à réduire en miettes, tel le catholicisme avant lui.
L’islamophobie de droite, le musulman compréhensif sait en réalité qu’elle est fondamentalement passionnelle, pulsionnelle, en un mot : réactionnaire.
Il sait qu’elle est contextualisable. Même celle d’origine chrétienne, car se situant dans un registre théologique commun.
Le pur et dur salafiste comprend que la simple vue d’un qamis ou d’un jilbab peut attiser l’envie du non musulman de combattre cette « islamisation » : il ressent les mêmes sentiments pour le monde musulman et combat son occidentalisation.
A l’inverse, l’islamophobie de gauche est dogmatique, construite et pensée pour être foncièrement plus intolérante derrière le masque de la bien-pensance.
C’est elle qui forge et donne les armes intellectuelles pour qui veut attaquer l’Islam, car elle est foncièrement hostile au fait religieux.
Le problème en France, c’est le triomphe historique du gauchisme et de ses valeurs qui, en réalité, sont celles qui ont fondé l’État français moderne.
À tel point que la droite a dû se gauchiser.
Ayant déjà sa propre tradition islamophobe, elle a repris celle de la gauche, donnant naissance à un consensus qui, au final, servira toujours cette gauche contre elle…
Il est certain que l’existence d’une authentique droite conservatrice et chrétienne, pragmatique et pertinente, aurait pu contribuer à atténuer les frustrations de part et d’autre.
Quoiqu’il en soit, pour un abstentionniste acharné comme moi, cela ne change rien.
Cela confirme seulement que le malaise profond que nous ressentons dans cette société vient historiquement et principalement de la gauche et de tout ce qu’elle représente.
Car, et c'est là que l'auteur, limité sans doute par la place, n'aborde pas un aspect fondamental du problème. De quel Islam parlons-nous ? Certainement pas de l'Islam des parents, voire des grands-parents, mais de cet Islam issu d'une "réislamisation", bien apprécié des convertis déboussolés en mal de mots d'ordre et de règles simplistes, ce Wahhabisme imposé à la planète toute entière à coups de pétrodollars.