Dimanche 9 novembre 2014
La burqa, un symbole d’islam politique ?
Le 31 octobre 2014
Caroline Artus
L'obligation de porter la burqa arrive aux Maldives, archipel où pourtant les musulmans, depuis des siècles, vivaient leur foi de façon bon enfant.
Le 23 octobre, « Envoyé spécial » consacrait un reportage dont le titre, « Maldives, la charia au paradis », illustre fort à propos le témoignage d’une jeune Maldivienne, athée : « Vous pouviez voir chaque jour de plus en plus de femmes porter la burqa, il y avait une pression sociale pour celles qui ne le voulaient pas. » « La population était très modérée avant, mais depuis 2004, tout a changé », regrette la jeune femme.
Qu’arriverait-il donc si elle ne cachait pas son visage ? « Je ne pense pas que je serais encore en vie » : c’est la loi islamique.
Mais que se passe-t-il donc, dans ce merveilleux archipel du bout du monde ?
De tradition bouddhiste jusqu’au XIIe siècle, c’est sous l’impulsion de nombreux marchands arabes parcourant la route entre le Levant et l’Inde que la religion musulmane, à partir de 1153, finira par s’implanter et supplantera toutes les autres croyances de l’archipel.
La Constitution, en 1997, proclame les Maldives « république islamique » et l’islam religion d’État.
Et l’identité nationale, cultivée par les autorités, est forgée de trois principes : « Un seul peuple, une seule religion, une seule langue. »
Et, parce que proscrit en islam, il n’y a aucune représentation artistique de visages : le 9 février 2014, dans l’unique musée maldivien, des œuvres préislamiques – vieilles de 850 et 1.200 ans – seront saccagées par une douzaine d’hommes.
« Ces antiquités ne font pas de moi un mauvais musulman, pas du tout » , se désole pourtant Ismail, le restaurateur du musée.
Et depuis une vingtaine d’années, les Maldiviens – musulmans depuis plusieurs siècles – s’opposent à la rigidité hégémonique des différents gouvernements.
En outre, depuis 2008, si la Constitution des Maldives impose la religion musulmane, encore ne l’autorise-t-elle que pour la seule expression sunnite.
Les confidences de la jeune fille n’osant exposer son visage font elles-mêmes écho à celles de Messie, un rare Maldivien à travailler dans les zones non musulmanes, c’est-à-dire dans les luxueux hôtels destinés aux touristes.
« Dans nos villages, tout est interdit, tout le monde se connaît, ici, et si vous faites quoi que ce soit, vous serez puni », raconte le jeune homme dont la mère, il y a six ans, fut convaincue par un imam que ne pas porter la burqa – le jour du jugement dernier – ne lui donnera pas accès au paradis.
La modération des musulmans proviendrait-elle de leur ignorance du Coran ?
C’est Sher Adam Shami, imam de Malé (la capitale), fort de ses enseignements reçus de son séjour en Arabie saoudite, qui entend bien la pallier.
Il s’active à faire triompher « l’islam politique », dont la peine de mort par décapitation plutôt que par injection létale, plus conforme aux textes fondamentaux.
Peine de mort requise dès l’âge… de 7 ans.
L’obligation de porter la burqa arrive ainsi aux Maldives, archipel où pourtant les musulmans, depuis des siècles, vivaient leur foi de façon bon enfant.
Difficile de ne pas se demander si la prolifération de burqas dans notre pays ne représente pas, ici aussi, « l’islam politique » pour lequel se bat l’imam de Malé…
On peut au moins se poser la question.
Publié par jipp à 08:56
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