Jihad. Qui sont ces jeunes françaises parties combattre en Syrie ?
Les responsables français estiment que plus de 60 femmes ont fait le voyage vers la Syrie, pour environ 900 départs.
De plus en plus de candidats au départ
Depuis le 1er janvier, le nombre des jeunes français radicalisés combattant au nom du jihad en Syrie est passé de 224 à 350 selon le ministre de l'Intérieur.
« Le nombre d’individus plus généralement impliqués dans les filières djihadistes, en incluant les personnes en transit, celles qui ont quitté la Syrie, et les individus ayant manifesté des velléités de départ, est passé, au cours de la même période, de 555 à 932, soit une augmentation de 74 % », a indiqué Bernard Cazeneuve le 15 septembre dernier lors d'une séance à l'Assemblée. Parmi eux, au moins 63 femmes et 6 mineurs.
Emilie quitte ses deux enfants et part en Syrie
Comme Emilie, 30 ans à la fin de l'année. Émilie ou plutôt Samra : la jeune Lorientaise, mère de deux enfants, s'est convertie à l'islam alors que rien, dans son milieu familial, ne l'y prédisposait. Elle a quitté la France en novembre 2013 pour « rejoindre le front, expliquait-elle sur les réseaux sociaux. Je suis dans un groupe de sœurs combattantes en Syrie ».
Elle ne donne que peu de nouvelles aux rares personnes qui, à Lorient, sont restées en contact avec elle. Jointe au téléphone le 7 mars par Ouest France, elle avait répondu, laconique : « Je ne parle pas aux hommes. Je ne parle qu’à mon mari, quand je serai avec lui. »
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Mariée et mère de deux enfants, Emilie a un profil presque atypique quand on sait que les recruteurs frappent des âmes beaucoup plus vulnérables.
Une fan de Disney
Foad al Bahty, un routier français d'origine marocaine, s'est rendu seul en Syrie pour ramener en France sa soeur de 15 ans qui se disait captive d'un groupe islamiste.
Quand il l'a retrouvée, elle lui a dit, éplorée, qu'elle resterait sur place. Foad est persuadé que Nora, qu'il présente comme une adolescente impressionnable qui adorait les dessins animés de Walt Disney avant son départ pour la Syrie un après-midi de janvier 2014, a refusé de repartir parce qu'elle était menacée de mort par l'émir francophone qui commandait son groupe.
Recruter via les réseaux sociaux
Cette lycéenne fait partie des dizaines de jeunes filles européennes qui sont parties en Syrie ciblées par des « recruteuses » plus âgées qui utilisent les réseaux sociaux et feignent de se lier d'amitié, mais certaines d'entre elles n'ont guère besoin qu'on les pousse à partir.
Un aspect du conflit qui commence à inquiéter les autorités jusqu'ici surtout préoccupées par le départ de jeunes hommes désireux de mener le djihad au sein de groupes comme l'Etat islamique.
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Mariage forcé et vie recluse
Selon leurs parents et des experts, la plupart de ces adolescentes sont attirées par la promesse de travailler dans le domaine de l'aide humanitaire et c'est une fois en Syrie qu'elles découvrent leur sort : mariage forcé à un combattant, surveillance de tous les instants, vie recluse et peu de chances de pouvoir un jour retourner en Europe.
Si les femmes ne combattent pas, elles résident près des zones de combat et sont exposées à des bombardements de la coalition contre des groupes djihadistes en Irak ou en Syrie. Des médias autrichiens ont évoqué le cas de cette jeune fille d'origine bosniaque qui a quitté son pays pour la Syrie en avril et y a trouvé la mort.
Double vie
Comme pour presque tous les cas, la plongée de ces jeunes filles dans l'islam radical a été une surprise pour leurs familles.
Studieuse et parfois très puérile à la maison, Nora avait une double vie, y compris un téléphone portable, un compte Facebook et des vêtements islamiques qui n'ont été découverts qu'après son départ vers la Syrie.
Des responsables gouvernementaux et des experts de la radicalisation affirment que nombre de femmes qui sont dans ce cas sont issues de familles musulmanes modérées et de milieux sociaux très différents.
Pourquoi partent-elles ?
Hans-Georg Maassen, chef des renseignements intérieurs allemands, a récemment déclaré devant des parlementaires que le romantisme était une arme de recrutement. « Le romantisme du djihad est très prononcé dans la propagande utilisée par des femmes pour recruter d'autres femmes », a-t-il dit.« Elles veulent épouser des martyrs. Il y a presque une obsession avec le paradis après la mort, qui se transforme en culte de la mort. »
Selon lui, sur les 400 personnes qui ont quitté l'Allemagne pour la Syrie, 10% sont des femmes.
Source: http://www.ouest-france.fr/syrie-qui-sont-ces-femmes-francaises-en-route-pour-le-jihad-2891570?utm_source=of_newsletter-generale&utm_medium=email&utm_campaign=of_newsletter-generale&utm_content=20141011&vid=037120040125056035048051047054033015058055050058033055111040049
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De la cité à la Syrie
a revoirPrésenté parNicolas Poincaré
Diffusé le 08/10/2014Durée : 02h5
Michael est un adolescent parti faire le jihad sur un coup de tête. Fin décembre, ce très jeune converti à l'islam, est passé des fêtes de noël en famille au chaos syrien.
A Nice, fin 2013, quelques petits groupes de copains ont rejoint la Syrie, à quelques semaines d'intervalle. Ils font partis de la génération Facebook.
Et comme un phénomène de mode, ils partagent sur les réseaux sociaux de photos d'armes et des figures historiques du terrorisme.
Mais du virtuel au réel, certains n'ont pu supporter ce qu'ils ont découvert dans ces pays en guerre. Romain Boutilly et Mathieu Rénier ont pu recueillir un témoignage exclusif.
Celui d'un jeune, récemment rentré de Syrie. Un Français traumatisé par ce qu'il a vu et vécu sur place. Un témoignage glaçant.