Nice : le vrai scénario du départ vers le djihad d’une famille entière
Deux jours après la divulgation du départ vers la Syrie de onze membres d’une même famille originaire de Nice, les modalités de cette fuite se font plus précises.
Alors que certains des membres du groupe étaient connus pour leur radicalisme, ils ont profité d’un défaut d’information des services pour quitter le territoire.
Retour sur le scénario de l’affaire.
Qui sont les personnes parties ?
Ce sont bien onze personnes de la même famille qui ont quitté la Côte d’Azur pour la Syrie le 26 septembre dernier. Parmi elles, Saloua C. la doyenne de la famille ; ainsi que ses trois enfants dont son fils Oussama B., et ses deux filles Enen B, et Ahlem B.
Le premier d’entre eux, présenté comme « le plus radical » par les services de renseignements gravite depuis plus de deux ans dans les radars des policiers, en raison de son appartenance affichée à la mouvance salafiste.
Chacun des trois enfants a quitté le territoire en compagnie de son conjoint- tous récemment convertis – et de leurs enfants : Andréa S. (compagne d’Oussama) et ses deux enfants de 4 et 6 ans ; Julien A. (conjoint d’Enen, déjà connu de la justice pour des faits de violences volontaires) et sa fille de 5 ans ; ainsi que Luis Carlos B (époux d’Ahlem, mis en cause il y a quelques années pour des faits de viols sur mineurs) et sa fille de 6 ans.
Qui prévient la police de la disparition ?
S’il apparaît acquis que la famille quitte le territoire national le 26 septembre, l’alerte – contrairement aux déclarations de l’entourage – est donnée le lendemain.
Ce 27 septembre à 19h17, Elsa V, une proche de Luis Carlos B, passe un coup de téléphone au commissariat central de Nice pour faire état de cette disparition. Dès lors, comment les policiers n’ont-ils pas fait le lien avec les autres partants.
« Luis Carlos B était connu pour des faits de droits communs », confirme un enquêteur. « Mais au téléphone, cette femme n’a pas précisé que celui-ci était en couple avec Ahlem B. dont le frère Oussama était connu pour son appartenance à la mouvance radicale.
Si cet élément avait été connu, le lien aurait été établi plus rapidement ». A l’issu de ce coup de téléphone, le parquet local ouvre une enquête préliminaire pour « disparition inquiétante ».
Un second signalement intervient le 29 septembre à 23h07, lorsque Mongia S. la sœur de la doyenne disparue contacte à son tour les autorités policières, avant de se présenter physiquement le lendemain main au commissariat.
Pourquoi et comment cette famille rejoint la Syrie ?
Jusqu’aux derniers jours précédents le départ, le petit groupe était resté particulièrement discret sur ses intentions. « Certains proches ont été mis dans la confidence, mais il n’y croyaient pas trop, jugeant qu’il s’agissait d’une forme de provocation », confie un enquêteur.
Pourtant, lors des quinze premiers jours de septembre, Oussama B. vide entièrement son appartement, et met en vente ses biens. Le 26 septembre au matin, Oussama se rend dans une succursale Europcar de Nice, où il loue un van, tandis qu’Ahlem loue une Peugeot 5008 dans une agence Citer, avant de prendre la direction la Turquie après avoir traversé l’Italie et la Grèce.
« Difficile d’affirmer avec certitude qu’ils ont réussi à gagner la Syrie, mais ils ont été localisé en Turquie le 4 octobre », poursuit cette source ajoutant que leurs identités ont été données aux policiers Turcs.
Pourquoi les maire de Nice a-t-il déclenché une polémique Si l’affaire a heurté la susceptibilité de policiers niçois, accusés d’avoir pris cette histoire à la légère, la prise de position du maire UMP de la Ville Christian Estrosi n’a pas laissé indifférent.
Peu après la révélation de cette affaire mercredi, celui-ci a posté sur sa page Facebook un pamphlet intitulé « J’accuse », mettant en cause le gouvernement – et indirectement les effectifs policiers – de « ne pas assurer une surveillance accrue sur ceux qui sont clairement identifiés comme des recruteurs potentiels ».
« L’affaire à été traitée avec le plus grand sérieux, quoi qu’en pense Monsieur Estrosi », réfute un haut gradé policier de la Côte d’Azur.
Celui-ci précise également qu’un appartement, situé dans le nord de la ville, a était identifié comme une salle de prière clandestine.
« Il a été convenu entre la mairie et la Préfecture de fermer cet appartement au mois de novembre, dès qu’un lieu alternatif serait trouvé », ajoute ce fonctionnaire.
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