Zarqaoui, fondateur de l'État islamique en Irak
Zarqaoui a fondé en 1999 le groupe qui allait donner au monde le Califat en 2014.
Voici un excellent article de Craig Whitlock sur ce jihadiste, écrit en 2004 pour le Washington Post. (Zarqaoui a été tué en juin 2006.)
Pour un résumé des noms de l'État islamique, voir ici
Zarqaoui émerge à la fois comme l'allié et le rival d'al-Qaïda
(Washington Post) Il a grandi dans une famille modeste et était un fauteur de troubles à un âge précoce; il a abandonné l'école secondaire et a été impliqué à répétition dans des bagarres d'ivrognes, selon les officiels. À la fin des années 1980, il s'est rendu en Afghanistan pour rejoindre les islamistes radicaux qui y avaient combattu les troupes soviétiques.
À son retour quelques années plus tard, il a aidé à lancer un groupe local de militants islamistes appelé Jund al-Sham, qui a rapidement attiré l'attention des autorités jordaniennes. En 1992, il a été envoyé en prison, où il a développé une réputation de patron du bloc cellulaire, tout en adoptant également des vues islamiques plus radicales, selon des connaissances et les responsables jordaniens.
Sept ans plus tard, il a été libéré lors d'une amnistie générale par le roi Abdallah de Jordanie. En quelques mois, selon des responsables jordaniens, Zarqaoui a essayé de raviver son organisation Jund al-Sham et est devenu impliqué dans ce qu'on a appelé le complot du millénaire, visant à faire sauter l'Hôtel Radisson SAS à Amman et plusieurs sites touristiques en Jordanie juste avant l'An 2000. Le complot a toutefois été déjoué à la dernière minute et Zarqaoui a fui au Pakistan.
Cette année-là, son visa ayant été révoqué par les autorités pakistanaises, il a franchi la frontière de l'Afghanistan, et a eu ses premiers contacts avec les dirigeants d'Al-Qaïda.
Selon des responsables jordaniens et des témoignages devant les tribunaux par des partisans emprisonnés en Allemagne, Zarqaoui a rencontré Ben Laden et d'autres leaders d'Al-Qaïda à Kandahar et Kaboul. Il leur a demandé de l'aide et de l'argent pour mettre en place son propre camp d'entraînement à Herat, près de la frontière iranienne.
Avec le soutien d'Al-Qaïda, le camp a été ouvert et est rapidement devenu un pôle d'attraction pour les militants jordaniens.
À l'été 2002, selon des documents judiciaires jordaniens, Zarqaoui a organisé un nouveau complot pour attaquer des cibles occidentales et juives en Jordanie, et a commencé à entraîner un petit groupe de combattants dans une base en Syrie. Le 28 octobre 2002, le groupe a frappé son premier coup, tuant un diplomate américain, Laurence M. "Larry" Foley, un cadre supérieur de l'Agence américaine pour le développement international, alors qu'il quittait sa maison à Amman.
L'acte d'accusation jordanien dans cette cause allègue que les assassins de Foley ont rencontré Zarqaoui en Syrie et a reçu de son réseau en Irak des fonds pour mener cette opération. Malgré les preuves de sa présence dans leur pays, les Syriens, comme les Irakiens, ont ignoré les demandes des États-Unis et de la Jordanie de l'extrader, selon des sources de renseignement arabes.
Peu de temps après, Zarqaoui a de nouveau trouvé refuge dans un pays de la région : l'Iran.
En février 2003, Zarqaoui a rencontré, dans un refuge de l'est de l'Iran, Mohammed Ibrahim Makawi, chef militaire égyptien d'Al-Qaïda, connu sous le nom de Saif Adel, et ils ont discuté de stratégie pour combiner leurs forces en Irak afin de résister à l'invasion américaine prévue, selon des sources de renseignements arabes.
"Zarqaoui est un agent qui n'a jamais été d'accord avec Zawahiri, l'idéologue derrière Al-Qaïda," a déclaré Laanigri dans une rare interview avec le journal français Le Figaro. "La position de Zarqawi à la fois en Irak et à l'extérieur, est de plus en plus importante. C'est un spécialiste des activités clandestines; il peut falsifier des documents, se déplacer, il a accès à une variété de passeports et a une capacité incroyable d'échapper aux autorités."
Source: Grisly Path to Power In Iraq's Insurgency. Zarqawi Emerges as Al Qaeda Rival, Ally, par Craig Whitlock, Washington Post Foreign Service, le 27 septembre 2004. Traduction par Poste de veille
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