Pourquoi les peshmergas kurdes ne se sont pas battus pour défendre Mossoul...
Les islamistes, dont l’EI, occupent de nombreuses villes irakiennes depuis plusieurs mois. Ici, Ramadi, détruite par les affrontements entre les insurgés et l’armée irakienne. Osama al-Dulaimi/Reuters
En juin, quand l'armée irakienne a fui devant l'avancée des jihadistes, les Kurdes ont pris sa place, élargissant leur territoire de 40 %, mais aujourd'hui ils sont à leur tour en difficulté face aux attaques des insurgés.
La tactique des Kurdes a éprouvé leurs forces de sécurité qui se retrouvent avec une étendue bien plus importante à contrôler, alors même que la région autonome du Kurdistan connaît des difficultés financières.
Conséquence : les peshmergas ont subi plusieurs revers majeurs début août face aux insurgés, perdant coup sur coup plusieurs villes à la frontière syrienne, en particulier Zoumar et Sinjar, ainsi que deux petits champs pétrolifères. « (Les peshmergas) ont croqué une grosse part du gâteau, et cela va prendre beaucoup beaucoup de temps à digérer », analyse Toby Dodge, directeur du Centre pour le Moyen-Orient à la London School of Economics.
« D'un point de vue militaire, ils ne sont pas entraînés ou financés suffisamment pour contrôler » leurs nouveaux territoires, ajoute-t-il.
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Les forces kurdes sont considérées comme de loin les plus efficaces et les mieux organisées d'Irak, mais les problèmes de trésorerie du Kurdistan, liées à son conflit avec Bagdad sur la question de la vente du pétrole, pèsent sur le financement et l'équipement des troupes.
Profitant comme les jihadistes de la déroute des forces de sécurité irakiennes, les Kurdes avaient pris le contrôle de secteurs depuis longtemps disputés avec Bagdad et voisins de ceux conquis par les insurgés, menés par le groupe ultraradical de l'État islamique (EI).
Mais début août, les combattants de l'EI ont décidé d'attaquer des positions kurdes.
Et dans un communiqué, lundi, le groupe a clairement lancé une déclaration de guerre aux Kurdes.
« Maintenant, l'EI veut s'étendre sur le territoire du Kurdistan. S'ils (les peshmergas) ne mettent pas fin très vite à cette volonté, la situation pourrait devenir très dangereuse », estime Issam al-Faily, un chercheur en science politique à l'université Mustansiriya de Bagdad.
Selon le commentateur politique kurde Asos Hardi, l'EI, qui a proclamé un califat à cheval sur les territoires conquis entre l'Irak et la Syrie, « tente de sécuriser la zone frontalière Syrie-Irak-Turquie, mais ne peut y parvenir sans s'étendre en territoire kurde ».
Le groupe, connu pour ses exactions, « sait bien que les États-Unis soutiennent l'idée d'une coopération entre Kurdes, chiites et sunnites » contre lui, ajoute-t-il.
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Plusieurs analystes pensent que si les peshmergas ne se sont pas battus corps et âme pour défendre Mossoul, deuxième ville d'Irak tombée très tôt aux mains des insurgés, c'est aussi pour peser dans les négociations avec Washington, à qui les Kurdes réclament des fonds.
« Le retrait des peshmergas était aussi tactique, une façon de mettre la pression sur les Américains pour qu'ils leur fournissent les armes qu'ils sont pour l'instant obligés de se procurer au marché noir », explique Ihsan al-Shammari, professeur à l'université de Bagdad.
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