Émilie, la Bretonne, est devenue combattante en Syrie
Publié le mardi 11 mars 2014 à 14:02.
Capture d'écran de l'émission « 66 minutes » diffusée sur M6. L'image montre Émilie lors d'une manifestation de Forsane Alizza, à Paris, à la fin 2011-début 2012. © DR
Elle était la seule, en 2010, à se promener en niqab à Lorient. En novembre, la jeune femme est partie combattre le régime de Bachar al-Assad. Itinéraire d'une militante qui s'est radicalisée.
Ils se souviennent d'une adolescente « joyeuse, heureuse de vivre ». « Une gentille fille, coquette », abonde une ancienne collègue d'un magasin de vêtements de Lorient (Morbihan). « Et puis elle s'est imprégnée de la culture musulmane.
Au départ, elle était voilée fashion », à la mode.
Jusqu'à ce jour du printemps 2012 où, convoquée devant le tribunal de Lorient, Émilie s'y présente en niqab.
L'agent de sécurité lui demande de le retirer afin qu'il puisse contrôler son identité.
Elle va filmer la scène, durant laquelle elle provoque le vigile, de confession musulmane. Une vidéo postée sur YouTube.
Jihad armé
Dernière d'une fratrie de quatre, cette jolie Bretonne aux yeux noisette n'a pratiquement pas connu son père, gendarme. Sa scolarité se termine sur un CAP de vendeuse par alternance.
Décrite comme fragile psychologiquement, elle tombe dans la drogue, épouse un Algérien d'origine, condamné en juillet à cinq ans de prison pour trafic de stupéfiants.
Émilie s'est convertie, a appris l'arabe. En 2010, elle apparaît en niqab dans les rues de Lorient, effectue de fréquents allers-retours à Paris. « Elle venait prier le vendredi à la mosquée, à Lorient », se souvient-on à l'Association culturelle et islamique de Lorient. Jusqu'au jour où elle a distribué des tracts d'un groupuscule salafiste.
Une initiative réprouvée localement : « Nous n'avons jamais tenu de propos radicaux. »
Véhémente lors de manifestations à Paris, Émilie - qui répond désormais au prénom de Samra - convertit d'autres jeunes femmes.
À l'été 2012, le ministère de l'Économie et des Finances prend un arrêté interdisant « tout mouvement ou transfert de fonds au bénéfice » de cette jeune femme qui « envisage de se rendre prochainement dans une zone de combat à l'étranger afin d'y mener le Jihad armé ». Ce qu'elle a fait en novembre.
« Une petite quarantaine de procédures judiciaires ont été ouvertes, en lien avec la Syrie », indique le parquet antiterroriste de Paris, sans préciser si la Lorientaise, à son retour éventuel, devra répondre du chef d'association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes terroristes. « La traque sur Internet est un axe de travail important », ajoute la magistrate.
Deux cent cinquante Français, âgés majoritairement de 20 à 30 ans, auraient gagné la Syrie pour combattre le régime de Bachar al-Assad. Parmi eux, Axel, un Nîmois lui aussi converti à l'Islam, qu'Émilie a épousé récemment. Le 3 mars, la Lorientaise était à A'zaz, au nord d'Alep et de la Syrie. Elle vivrait dans une grande maison avec d'autres femmes. Mais la situation « très exposée » de la bâtisse pourrait les contraindre à déménager.
Jointe au téléphone, vendredi 7 mars, elle répondait, laconique : « Je ne parle pas aux hommes.
Je ne parle qu'à mon mari, quand je serai avec lui. » Quant à ses deux fils, un juge des enfants de Lorient en a confié la garde à leur grand-mère. Ils font tous les deux l'objet d'une interdiction de sortie du territoire national.
Yvan DUVIVIER.
http://jactiv.ouest-france.fr/actualites/monde/emilie-bretonne-est-devenue-combattante-syrie-28735