PALESTINE: 70 ANS DE MALHEUR.
LA CHRONIQUE DES PIGEONS OU L'ART DE NOUS PRENDRE POUR DES CONS (N°62)
"Chacun a raison de son propre point de vue, mais il n'est pas impossible que tout le monde ait tort." (Mahatma Gandhi)
Cette phrase pourrait résumer à elle-seule un des plus longs conflits des 20è et 21ème siècles.
Compte tenu de la complexité des faits qui opposent Palestiniens aux Israéliens, prendre parti pour les uns ou les autres relève de la pure absurdité si on ne se remémore pas des événements historiques incontestables qui risquent de faire disparaître la frontière bien établie entre le bien et le mal selon le point de vue d'où l'on se place.
Tout est pourtant parti d'un louable sentiment en voulant réunir sur une même terre deux peuples aux religions et cultures différentes.
Mais personne ne pouvait imaginer que le 15 mai 1948 allait être le point de départ d'un conflit meurtrier qui allait durer plus de 70 ans et embraser une région entière de la planète.
Si la Shoah, qui extermina pratiquement tout un peuple européen durant la Seconde Guerre mondiale, précipita lacréation de l'Etat d'Israël, il faut remonter à la fin du 19ème siècle pour qu'un mouvement voit le jour dans la recherche d'une terre pour les Juifs d'Europe: le sionisme.
Le choix se porta en 1905 sur la Palestine, pour des raisons historiques, laquelle était alors administrée par les Britanniques. C'est à partir de là qu'un long processus allait s'enclencher en faisant le malheur des Palestiniens majoritaires sur cette terre.
Rachat de leurs terres, spoliation et expulsion furent la base de la création du futur Etat.
De surcroît, l'arrivée massive des réfugiés Juifs d'Europe après 1945 fut perçue par les Arabes comme une invasion.
Le partage de la Palestine en deux Etats souverains tourna vite au fiasco, les pays arabes ne voulant pas en entendre parler, ce qui provoqua en 1948 la première guerre israélo-arabe au cours de laquelle les armées arabes désorganisées ne firent pas le poids face à un peuple déterminé.
Et le dépeçage de l'ex-futur Etat palestinien commença alors en 1949 avec Israël qui profita de l'occasion pour s'agrandir et de l'Egypte et de la Jordanie pour se servir également en prenant, pour l'un, la bande de Gaza et, pour l'autre, la Cisjordanie. S'en suivit la grande exode des Palestiniens.
La suite, on la connaît. Guerres, colonisations massives, attentats, soutien des Etats-Unis envers Israël grâce à sa puissante communauté juive et de l'Europe qui voulait se faire pardonner la Shoah, un monde arabe désorganisé par des conflits internes qui allaient aboutir à la naissance de mouvements politico-religieux rejetant leurs propres dirigeants, et un peuple palestinien laissé pour compte n'ayant plus qu'un simple territoire: celui d'un vaste bidonville dirigé depuis par un mouvement islamiste qui l'utilise comme bouclier humain pour régler ses comptes avec Israël.
Et comme toujours, dans ce genre de conflit, ce sont les populations qui font les frais de l'absurdité des guerres. Or, voir un enfant palestinien succomber par la faute d'un canon israélien ou un enfant israélien mourir par une roquette palestinienne devrait pourtant rappeler à tous, en dehors des marchands d'armes, qu'il y a de la place pour chacun sur cette terre et, qu'avec de la bonne volonté, il est toujours possible de se tendre la main pour que la vie prévale sur toute autre considération. Mais encore faudrait-il que la religion ne se mêle plus de politique. Ce serait tellement plus facile.
PALESTINIENS: LE FAIRE-VALOIR DU MONDE ARABE.
LA CHRONIQUE DES PIGEONS OU L'ART DE NOUS PRENDRE POUR DES CONS (N°63)
Il ne se passe pas une journée sans que les médias ne nous abreuvent d'images cruelles montrant Gaza sous les bombes israéliennes et les nombreuses victimes ensanglantées gisant dans les décombres encore fumantes.
Il est vrai que, sous ce feu médiatique, on ne peut rester insensible en pensant que les descendants de la Shoah n'ont plus aucune morale. L'image même la plus choquante peut parfois faire oublier une réalité bien plus complexe que seul les protagonistes sont obligés de subir dans leur vie quotidienne.
Si Gaza et non la Cisjordanie, également terre palestinienne, est sous le feu israélien, il ne faut pas perdre de vue que la présence du Hamas y est pour beaucoup. Il suffirait tout simplement de voir, si l'image médiatique pouvait nous le montrer, où se situent le départ des roquettes envoyées vers Israël et les entrepôts d'armes pour avoir une autre vision de la situation.
Mais le Hamas, trop content de se présenter en tant que victime, se garde bien de nous apporter cette réponse. La mort de civils palestiniens est du pain bénit pour cette organisation plus que discutable.
Et que peut alors faire Israël si ce n'est de passer pour le bourreau de service même si ce dernier utilise des méthodes que l'on peut à juste titre critiquées.
Lorsque la première guerre israélo-arabe débuta en 1948, le monde arabe était bien différent de celui d'aujourd'hui.
Faire l'unité contre Israël était facile et permit aux dirigeants arabes de détourner l'attention de leurs populations en montrant du doigt où était le mal.
Mais il fallut se rendre à l'évidence.
Se débarrasser de ce voisin encombrant ne serait pas chose aisée et certains Etats comprirent assez rapidement qu'il faudrait compter avec lui pour peu qu'on puisse trouver un arrangement de façade pour régler le sort des pauvres Palestiniens.
C'était malheureusement sans compter sur un nouveau venu, l'Iran qui, en 1979, allait mettre un coup de pied dans la fourmilière avec l'arrivée des religieux au pouvoir. Si l'objectif du monde arabe fut toujours de régler le sort des Palestiniens, les tentatives de paix successives se soldèrent à chaque fois par un échec en raison des extrémistes de tous bords qui avaient tout intérêt à ce que le conflit perdure.
Et la population palestinienne, le jouet malheureux d'un conflit qui la dépasse, devait en faire les frais.
Aujourd'hui, Israël n'est plus l'ennemi juré des Arabes, mais bien l'Islam radical qui a commencé à gangrener son univers, et beaucoup d'Etats sont trop heureux de voir Israël se charger de la sale besogne dans l'espoir de voir le Hamas totalement anéanti.
Et tant pis si la population palestinienne doit payer les pots cassés.
Seul Israël en portera la responsabilité entrenue par les médias du monde entier.
Alors, le peuple palestinien sera-t-il donc toujours la victime expiatoire d'un monde musulman plus que troublé?
Dans tous les cas, ce n'est certainement pas en s'en prenant aux forces de l'ordre et à la communauté juive de France qu'on réglera un conflit situé hors de nos frontières qui dure depuis près de 70 ans.
LES DEUX PLAIES DE LA PALESTINE.
LA CHRONIQUE DES PIGEONS OU L'ART DE NOUS PRENDRE POUR DES CONS (N°64)
Interpréter l'Histoire à sa façon est une méthode bien utile quand on veut brandir l'étendard de la revendication.
Car exiger aujourd'hui l'existence de deux Etats côte à côte quand on a tout fait pendant presque 70 ans pour n'en reconnaître aucun est assez surprenant. Il est vrai que les milliers de morts de part et d'autre de ce conflit y sont tout de même pour quelque chose.
Mais quand on allume un feu, on ne peut pas toujours savoir jusqu'où il peut s'étendre.
Les premiers qui ont provoqué l'incendie sont bien ceux qui souffrent actuellement. Au mépris de l'Histoire, ces derniers ne purent admettre l'existence d'un Etat juif en terre musulmane en oubliant un peu vite que le peuple juif était déjà présent quand la Palestine fut envahie par les Arabes dans les années 630.
Les pays arabes, venant au secours des Palestiniens, s'empressèrent de démanteler peu après le territoire qui leur revenait de fait en se le partageant sur leur dos comme des rapaces sur une proie encore vivante (relire mon article PALESTINE: 70 ANS DE MALHEUR).
Mais un malheur n'arrivant jamais seul, en 1967, la bande de Gaza et la Cisjordanie, toujours de fait des territoires réservés aux Palestiniens, tombèrent dans les mains d'Israël qui s'empressa à son tour d'annexer ces nouvelles terres au mépris de toutes les lois internationales. Fier de son bon droit, il organisa des colonisations massives sur des terres qui ne lui appartiennent pas rendant presque impossible le restitution de la Cisjordanie aux Palestiniens.
On a souvent tendance à penser que la bande de Gaza est le centre principal du peuple palestinien oubliant tout de même un peu vite la Cisjordanie dont la vie semble un peu meilleure pour ce peuple malgré les scandaleuses colonisations.
Malheureusement pour Gaza, ce petit territoire surpeuplé qui doit subir le blocus israélien et égyptien, car il ne faudrait tout de même pas l'oublier, devient une sorte de vaste prison où les habitants sont pris au piège par les bombardements israéliens en réponse aux attaques irresponsables du Hamas qui sait parfaitement bien que la population en subira les conséquences.
Bouclier humain ou pas, le résultat est là.
Le monde arabe et Israël sont donc co-responsables de la situation actuelle et un peuple entier en subit les conséquences.
Aussi, tant que les Palestiniens et les Israéliens, qui en ont assez de cette guerre, ne se choisiront pas enfin des dirigeants dignes de mettre un terme à ce conflit en éliminant par la même occasion tout ceux, quels qu'ils soient, qui refusent la paix, le sang coulera toujours en Palestine et les deux plaies continueront de s'affronter.
Merci: PATRICK SOUILLE
Publié sur le site PAROLES DE CITOYEN: ET SI JE DISAIS TOUT.
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