Comment le cumul des mandats a permis aux élus socialistes de s'imposer aux législatives
Alors que le rapport Jospin sur le rénovation politique prône la fin du cumul des mandats, une mesure qui irrite à droite comme à gauche, une analyse de l'Ifop montre qu'il existe un impact électoral d'un tel cumul sur les résultats du PS aux dernières élections législatives.« Politico Scanner »
Une analyse de l'Ifop montre qu'il existe un impact électoral d'un tel cumul sur les résultats du PS aux dernières élections législatives. Crédit Reuters
articularité de la vie politique française, le cumul des mandats a suscité des débats virulents notamment au PS à la suite de la décision portée par la première secrétaire Martine Aubry, et validée par un vote militant, de mettre fin à cette pratique.
Présentée comme une condition indispensable au nécessaire renouvellement de la vie et du personnel politiques, cette décision a été combattue avec force par certains élus locaux et personnalités socialistes qui ont dénoncé « un désarmement unilatéral ».Cette position postule que le cumul des mandats offre un avantage électoral significatif pour un parti disposant, comme le PS, d’un réseau fourni d’élus locaux qui peuvent s’appuyer sur ces positions déjà acquises pour partir à la conquête ou défendre des mandats nationaux notamment dans le cas d’un scrutin comme les dernières législatives. Qu’en est-il vraiment ? Hormis quelques cas emblématiques bien identifiés, peut-on mesurer statistiquement au plan national l’impact du cumul ? L’ampleur d’une prime « aux cumulards » est-elle la même pour tous les mandats locaux ? Et question subsidiaire, cette pratique a-t-elle joué un rôle déterminant dans la victoire du PS en juin dernier ?
Nous avons circonscrit notre analyse au PS d’une part parce qu’il a remporté les élections législatives et, d’autre part parce que c’est dans ses rangs que les débats sur la question ont été, et sont encore, les plus vifs au regard notamment du nombre élevé de candidats et/ou d’élus concernés.
En effet, si l’on ne retient que les cas des candidats à la députation qui étaient déjà conseillers généraux ou maires, cela représente d’après nos pointages 43 % de l’ensemble des candidats socialistes en juin dernier, à raison de 99 (soit 21 % des candidats) maires, et 71 (soit 15 % des candidats) conseillers généraux, 29 candidats (soit 6 % des candidats) cumulant les deux mandats.
Nous n’avons retenu que ces deux types de mandats car ils sont remportés à l’issue de scrutins très personnalisés qui traduisent, de notre point de vue, un ancrage territorial et électoral bien plus significatif qu’un mandat de conseiller régional ou de conseiller municipal ou de maire- adjoint, où la personnalité n’est pas élue sur son nom. A l’instar de ce que nous avons observé lors de l’analyse sur les candidatures féminines, il convient également d’opérer une distinction entre les députés sortants et les non-sortants. Une fois ce tri opéré, on obtient alors les résultats suivants.
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Ces chiffres démontrent très clairement que pour les non-sortants, le fait d’être détenteur d’un mandat de conseiller général ou de maire constitue un vrai avantage.La prime au cumul est même un peu plus importante lorsque l’on est maire (4,5 points de plus en moyenne par rapport aux candidats n’étant ni maire, ni conseiller généraux) que lorsqu’on est conseiller général (+3,7 points). Et si l’on affine l’analyse, le rendement est, logiquement, encore meilleur pour les maires des villes de plus de 20 000 habitants (+5,4 points) que pour ceux des communes plus modestes (+4,1 points). Ce phénomène peut s’expliquer par deux facteurs : en général, les grandes villes et les villes moyennes pèsent d’un poids plus important dans leur circonscription respective que les petites communes, et, d’autre part, la sociologie électorale des grandes métropoles est plus favorable au PS.
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