BERNARD D’ORMALE, LE RÉAC DE BB!
Bernard d’Ormale est l’époux de la sublime Brigitte Bardot. Quel homme ne l’a pas envié ?
Celui qui feindra l’indifférence est un sacré menteur… Le mari de « la femme la plus belle et la plus scandaleuse du monde », comme vient de le titrer un énième ouvrage qui vient de paraître, a eu un parcours incroyable. Une vie de passions menée tambour battant.
Aujourd’hui, à 72 ans, d’Ormale ou l’aventurier-gentleman nous livre quelques confidences. – C.R.
— Bernard d’Ormale, vous êtes connu pour être l’époux de Brigitte, mais vous avez eu une vie avant votre mariage, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
— J’ai vécu ma jeunesse en Amérique du Sud puis, lorsque ma famille est rentrée en France, j’ai souhaité me faire émanciper dès l’âge de seize ans car, nourri de lectures aventureuses, je rêvais du continent africain. C’est la tête pleine de songes que j’ai embarqué pour l’Afrique. En 1957, j’ai pris un bateau à Marseille qui m’a amené à Dakar. L’Afrique était fourmillante de vie et offrait au jeune homme que j’étais un très large éventail de possibilités. Les sentiments anticoloniaux d’aujourd’hui n’avaient pas encore gangrené les esprits et, comme j’étais entreprenant, je multipliais les rencontres passionnantes.
— Racontez-nous…
— Je me suis rendu au Libéria pour visiter une concession américaine d’arbres produisant du caoutchouc destiné à confectionner des pneus de la célèbre marque Firestone. A l’époque, dans les bases américaines, militaires ou privées, des centres commerciaux approvisionnés exclusivement en produits américains offraient une variété de marchandises encore inconnues en Europe, notamment des costumes tropicaux coupés dans des tissus infroissables et lavables. J’en achetais des lots que je revendais dans des boutiques tenues par des Européens, à Dakar, à Abidjan, à Libreville ou à Brazzaville. Dans cette Afrique formidablement bien administrée par la France fleurissaient aussi des clubs regroupant des Bretons, des Corses, des Auvergnats. La vie en Afrique était beaucoup plus simple et facile qu’en Europe et les rapports humains étaient assez décontractés et joyeux. En France également, l’existence était bien plus libre qu’aujourd’hui, notre société n’encourait pas les dangers actuels, la voyoucratie était limitée. Ma nostalgie porte sur ces aspects de la vie disparus.
— Que faisaient vos parents ?
— Mon père était exploitant forestier et ma mère nous élevait, ma sœur et moi. Ma sœur est australienne, elle n’a jamais habité la France car nous sommes une famille de voyageurs et la France actuelle ne lui plaît guère.
— Vous n’avez pas vendu des costumes toute votre vie ?
— Non, bien sûr. Dans mes déplacements en Afrique, par exemple en Sierra Leone ou au Ghana, j’achetais des films hindous à des commerçants pakistanais et des films égyptiens à des affairistes libano-syriens, que je revendais dans des circuits de cinéma francophones. Deux circuits français tenaient le monopole d’environ 900 salles de cinéma. La population africaine raffolait des films hindous et égyptiens et ceux-ci étaient sous-titrés en quatre ou cinq langues en bas d’écran. Tout cela n’existe plus, ces circuits ont été repris et vendus. Je venais souvent en France où je multipliais les contacts. Les relations et l’esprit d’entreprise qui m’animait ont été la grande force de ma vie.
— Vous étiez donc distributeur de films ?
— Entre autres. Les problèmes de droit étaient aléatoires dans ces pays-là, soit je vendais mes films, soit je recevais une participation sur les recettes.
Pour résumer, je me suis ensuite installé au Gabon ou je me suis associé avec un avionneur. Le Gabon est un pays de forêts où la plupart des forestiers possèdent un terrain en latérite affecté aux atterrissages. Il y a très peu de routes encore aujourd’hui et le principal axe du pays est excessivement dangereux. Cet ami possédait une compagnie d’aviation créée par son père juste après la guerre, « TransGabon », qui possédait une flottille de DC3/DC4 et des petits avions pour alimenter les villages en matériel, courrier etc. J’étais associé dans une compagnie que nous avions créée et qui faisait du transport sur un DC4, un appareil toujours en cours en Afrique et en Amérique du Sud. Nous allions nous fournir en toutes sortes de marchandises en Afrique de l’ouest et en Europe pour ravitailler Libreville.
— En quelle année êtes-vous revenu en France ?
— Je revenais régulièrement en France !
— Lorsque vous étiez immergé dans le cinéma hindou, Bardot vous faisait-elle rêver ?
— Le cinéma m’a toujours intéressé et je connaissais quelques personnes dans ce milieu.
Un jour, en 1960, Brigitte tournait un film qui s’intitule Les amours célèbres avec Delon.
Les studios de cinéma de Boulogne accueillaient le tournage et je m’étais fait engager comme assistant dans une production franco-américaine où j’apprenais à monter un film. Les acteurs et les gens de cinéma déjeunaient à la cantine et, une fois, elle m’est passée au ras du nez, évidemment sans me regarder !
Elle avait une allure folle mais comme elle était sans cesse traquée, elle filait sans regarder personne pour regagner sa loge.
— Comment l’avez vous connue ?
— Je l’ai rencontrée une autre fois à Saint-Tropez dans un restaurant où elle est entrée pieds nus avec deux ou trois copines.
Jany Le Pen est une de mes amies de longue date, un jour Jean-Marie Le Pen est venu dîner chez elle à Malmaison, la suite on la connaît…
Plus tard, alors que j’étais sur un bateau à Saint-Tropez, en 1992, Jany m’a téléphoné pour m’inviter à dîner chez le représentant du Front national, Me Bouguereau, qui était également l’avocat de Brigitte.
« Viens, me dit-elle, Brigitte Bardot sera là. » De son côté, Brigitte avait reçu une invitation de son avocat.
Elle s’intéressait peu à la politique mais elle avait une amie qui voulait absolument rencontrer Jean-Marie.
— Et ce fut un coup de foudre ?
— Jean-Marie a fasciné l’auditoire avec ses anecdotes, j’essayais de placer un mot de temps en temps. Brigitte était amusée par Jean-Marie. Nous nous sommes revus deux jours après…
— Racontez-nous une anecdote révélatrice de son tempérament.
— Elvis Presley, pendant son service militaire en Allemagne, souhaitait rencontrer Brigitte et avait programmé un voyage à Paris. La rencontre n’a pas eu lieu, Brigitte a préféré rester à la campagne.
Je trouve que c’est dommage, mais Brigitte est une femme de caractère exceptionnellement libre.
— Vous avez une grande amitié pour Jany et pour Jean-Marie Le Pen ?
— J’ai toujours une grande amitié pour mes amis. Je leur reste fidèle. Jany est une femme de cœur qui a un réseau relationnel très étendu.
Elle sait admirablement recevoir mais je ne la vois plus que rarement.
J’ai connu les filles alors qu’elles étaient très jeunes et couvées par un Jean-Marie « papa gâteau ».
— Comment va Bardot aujourd’hui ? Est-elle émue par cette vague de livres qui sortent sur elle ?
— Elle s’en fiche royalement. Brigitte est fragile, elle va avoir 80 ans et souffre d’un problème d’arthrose qu’elle n’a pas soignée. Elle marche difficilement.
Elle reçoit chaque jour des sollicitations du monde entier mais elle a besoin de tranquillité et s’occupe beaucoup de l’amélioration de la condition animale avec les collaborateurs de sa fondation.
Elle ne lit pas les livres qui parlent d’elle, ne regarde pas ses films et refuse désormais toute photo.
— Quel est votre quotidien ?
— Je m’emploie à récupérer les intérêts, les pourcentages de Brigitte sur ses films. Brigitte a quitté le cinéma brutalement et a coupé tout lien.
J’essaie de limiter également l’usage que l’on fait de son image. Je me suis entouré, à Paris, d’une équipe spécialisée dans tous ces problèmes de droit.
— Pensez-vous que votre image de réac a compromis la légende Bardot ? Une image que vous assumez ?
— Certainement mais nous n’en avons rien à faire. En 1992, Brigitte a reçu une interview de questions écrites adressée par le journal Présent sur les égorgements rituels des moutons.
N’ayant jamais eu connaissance de l’existence de Présent, elle a répondu avec sincérité.
Le scandale fut énorme, elle en était éberluée car elle aurait accordé un entretien de la même façon à L’Humanité. Ce sectarisme imbécile l’a scandalisée.
— Votre mariage a-t-il eu une influence négative sur ses associations ?
— Un peu, puis cela s’est vite estompé. Le combat de Brigitte est la seule chose importante.
— Partagez-vous ce combat ?
— Complètement. Je ne mange pas de viande depuis que je suis très jeune. J’ai toujours été anti-chasse, je trouvais épouvantable tous ces « abrutis » qui abattaient un éléphant. Il n’y a pas de hiérarchie des hommes sur le reste de la nature !
— Quel est votre sentiment sur l’Europe ?
— Cette Europe des multinationales qui veut faire de nous uniquement des consommateurs soumis à la dictature des marchés et, pire encore, jeter son identité culturelle à la « poubelle » ?
Cette Europe-là doit être modifiée sévèrement. Marine détonne dans cet univers politique sordide et elle seule peut faire bouger les choses. Je la soutiens. Brigitte aussi. Nous nous réjouissons de sa victoire et de la déconfiture des voleurs et des menteurs qui tiennent tous les pouvoirs depuis des années et qui nous offrent aujourd’hui une mascarade pitoyable.
Propos recueillis par Catherine Robinson