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LE MALAISE DES ARMÉES IGNORÉ ??? TRIBUNE LIBRE !

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http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/06/12/31003-20140612ARTFIG00284-malaise-dans-les-armees-les-sacrifies-oublies-des-medias.php

Source et publication:

 

 FIGAROVOX/TRIBUNE - La chercheuse Bénédicte Chéron déplore que, depuis le Livre blanc de 2008 jusqu'à l'amputation récente du budget des Armées de 1 milliard d'euros, la Grande Muette fasse l'objet d'un intérêt médiatique intermittent.

 
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Bénédicte Chéron est chercheuse partenaire à l'IRICE


Souvenez-vous. Au printemps 2008, la révolte gronde: le Livre blanc de la Défense est en préparation, la réforme de la carte militaire est attendue.

Les militaires craignent les coupes budgétaires et les conséquences de ces décisions pour leurs capacités opérationnelles. Le 17 juin 2008, le Livre blanc est remis au Président de la République.

Le 18 juin, un «groupe d'officiers généraux et supérieurs des trois armées terre, air, mer, tenu à l'anonymat» signe une tribune dans Le Figaro, sous le nom de «Surcouf» .

Ceux qui lisent le journal, ceux qui s'intéressent à ces questions reçoivent ces informations. Ils sont au courant.

Mais pour un public large qui n'ouvre que rarement les grands quotidiens nationaux et s'informe essentiellement par la télévision, le sujet n'existe pas.

Dans les journaux télévisés, c'est en effet le grand silence, ou presque. Tout juste peut-on trouver dans l'émission «C dans l'air», le 9 avril, intitulée «Sarko dégraisse les mammouths», un reportage consacré à la réforme de la carte militaire, tourné à Dieuze, au début duquel la voix off annonce: «Il y aura 35 000 soldats en moins en France d'ici 2014 selon un pré-rapport, en attendant le livre blanc sur la question».

Mais en dehors de ce reportage, lors du débat en plateau entre Christophe Barbier, de l'Express, François Chérèque, alors patron de la CFDT, et l'économiste Elie Cohen, pas une fois le sujet n'est abordé. Un seul journal télévisé, le «19.20» de France 3, le 22 juin, évoque cette question à l'occasion d'un déplacement du Ministre de la Défense, Hervé Morin, à Dax.

Puis, en quelques jours, dans des circonstances dramatiques, ce malaise des armées est devenu un sujet médiatique et télévisuel explosif. Le 26 juin, un militaire utilise accidentellement des balles réelles au lieu de balles à blanc lors d'une démonstration pendant les portes ouvertes de son régiment, le 3e RPIMA, à Carcassonne. Bilan: 16 blessés, certains gravement, et parmi eux, 4 enfants. Le sujet fait la une des JT.

Le grand public apprend en vrac les informations des jours suivants: le général Cuche, chef d'Etat-major de l'Armée de Terre démissionne, et est remplacé par le général Irastorza ; on prête à Nicolas Sarkozy des propos très sévères («Vous êtes des amateurs», aurait-il dit aux militaires), la gauche monte au créneau et critique la relation tendue que le chef de l'Etat entretiendrait avec l'institution militaire.

Dans «C dans l'air», le 2 juillet, le malaise des armées et la question de leurs moyens constituent cette fois-ci le thème principal de l'émission. D'anciens militaires et des journalistes «de Défense» sont en plateau. Le 14 juillet relance l'intérêt médiatique pour le sujet. Deux fois, «C dans l'air» y revient, le jour même de la fête nationale puis le 19 juillet.

Dans les JT, cependant, la question s'efface. La torpeur de l'été envahit les médias jusqu'au 18 août. Ce jour-là, dans une embuscade à Uzbin, en Afghanistan, meurent 10 soldats français ; 21 autres sont blessés. La polémique sera violente, des familles porteront plainte. Parmi les sujets de débats médiatiques houleux, lors des semaines qui suivent, ressurgit la question du matériel. Et donc des budgets consacrés à la Défense.

A des rares exceptions près, aucun discours audible et cohérent n'a été tenu et relayé, pour expliquer, pédagogiquement à quoi servent les armées, où va cet « outil de Défense », pourquoi et avec quels objectifs servent les militaires français.

Au cours de ces quelques mois, il y a eu des morts et des blessés. On a pleuré, les Français se sont émus et parfois scandalisés de ces décès. C'est parce qu'il y a eu ces morts et ces blessés que les caméras se sont préoccupées du fameux «malaise». Mais le sujet n'a quasiment pas été traité sur le fond, dans la durée. Le grand public n'a pas pu comprendre le lien existant entre le contenu du Livre blanc et ce malaise, entre les objectifs fixés aux armées et les moyens qui leur étaient alloués.

Nous sommes au printemps 2014. Un nouveau Livre blanc a été publié en 2013 et une loi de programmation militaire votée. Pendant deux ou trois semaines, à nouveau, le sujet a agité les milieux politiques et de Défense. Les Français ont pu entendre les politiques de tous bords s'écharper sur les rumeurs de réductions budgétaires à venir. Entendre les suppositions et les démentis, les preuves des uns et les promesses des autres.

Le 2 juin, le général Vincent Desportes a prévenu sur RTL: «Nos soldats sont en danger» ; il évoqué une armée de terre «paupérisée», avec des «trous capacitaires importants». L'après-midi même, lors d'un conseil de Défense, le président de la République a affirmé que seraient tenus «les engagements financiers de la loi de programmation militaire» tout en demandant au gouvernement de «faire des propositions pour améliorer la gestion des matériels et projets». Depuis, le soufflet médiatique est retombé. Regonflé épisodiquement par des révélations, comme celles faites sur le site de la Tribune le 11 juin ; le journaliste l'affirme «Bercy a amputé le budget de la Défense de 1 milliard d'euros en 6 mois».

Pendant ce temps, les militaires continuent de remplir, autant que possible, leur mission. Qu'ont pu comprendre les Français après cet énième épisode médiatique sur le malaise des armées? Sans doute pas grand chose, et on ne peut leur en vouloir. A des rares exceptions près, aucun discours audible et cohérent n'a été tenu et relayé, pour expliquer, pédagogiquement à quoi servent les armées, où va cet «outil de Défense», pourquoi et avec quels objectifs servent les militaires français.

Souhaitons que l'été 2014 ne soit pas aussi dramatique que celui de 2008. Mais si hélas des morts surviennent à nouveau, il ne faudra alors pas se plaindre si, décidément, la société française ne comprend plus pourquoi et comment de jeunes soldats tombent, en son nom, à des milliers de kilomètres.

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