SAV Filippetti : qu'est-ce qu'un bon programme télé ?
Le feuilleton mouvementé de l'augmentation de la redevance télé prend fin : elle sera portée à 131 euros, comme l'a confirmé Aurélie Filippetti.
La ministre de la Culture souhaite ainsi améliorer la qualité des programmes.
Zapping
En augmentant la redevance télé, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, souhaite améliorer la qualité des programmes sur les chaînes publiques. Crédit DR
Atlantico : En augmentant la redevance télé, la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, souhaite améliorer la qualité des programmes sur les chaînes publiques. elle fustige notamment des programmes comme les "scripted reality" (des faits divers racontés sous forme de fiction à l'aide de comédiens).
Comment peut-on définir un programme de qualité ?
François Jost : Il existe plusieurs options pour parler de la qualité. Tout d'abord, c'est celle sous-jacente au cahier des charges de la télévision publique, c'est-à-dire le fait de dire qu'il y a certains genres qui sont a priori de qualité.
On pense par exemple au théâtre en direct, aux séries américaines dites "politic TV". Selon moi, cette définition est bien trop restrictive.
Il faut se méfier d'une définition par genre.
L'idéal d'une télévision de qualité serait qu'il y ait de l'information, de la distraction, de la culture... mais que tout soit bien fait. Ce n'est donc pas en excluant des genres que l'on fait du qualitatif.
Actuellement, quand France Télévisions dit qu'elle va remonter le niveau qualitatif de ses chaînes en proposant du théâtre et que le groupe programme une très mauvaise pièce, elle se trompe de direction et elle ne contente même pas son public.
Le deuxième critère que l'on rencontre, c'est le respect des engagements des cahiers des charges. Par exemple, si on applique cela aux journaux télévisés : ne pas faire de micro-trottoirs, ne pas reconstituer un événement que l'on a pas vu, etc.
Troisièmement, les chaînes se doivent de respecter leurs promesses. Beaucoup d'entre elles attirent les téléspectateurs en leur promettant certaines choses et délivrent un contenu totalement différent. L'exemple de la télé-réalité est l'un des plus évidents car elle prétend représenter la réalité alors qu'elle scénarise la totalité de ses programmes !
Actuellement, France Télévisions travaille sur l'indice de satisfaction des téléspectateurs. Cela n'est pas suffisant car cela peut conduire à une vision totalement populiste et démagogique de la qualité des programmes. Il faudrait arriver à d'autres critères.
En dernière instance, la qualité se juge par rapport à l'invention que l'on peut apporter dans chaque genre. Le fait de ne pas se tenir à un format type, ce qui est la tendance lourde actuelle, peut être une piste de réflexion.
Existe-t-il une hiérarchie dans les programmes en termes de qualité ?
L'expression de qualité a repris du service avec les séries américaines. Elles ont engendré aux Etats-Unis ce terme de "quality TV". Cependant, ces programmes sont diffusés sur des chaînes qui s'opposent au commercial.
Plus largement, on constate que la qualité est très souvent liée à la capacité d'une œuvre à porter un regard juste sur la réalité. Pour moi, il devrait également y avoir d'autres choses, notamment le fait que le programme soit libre et nouveau dans sa forme et dans son fond. Il faudrait donc remettre la créativité au centre de la conception des programmes.
Doit-on nécessairement faire de la qualité à la télévision publique ?
Oui, mais cela ne veut pas dire du culturel. Il y a des engagements définis pour faire de la culture : adaptation du patrimoine, émissions d'histoire, films historiques... C'est une définition de la qualité mais ce
http://www.atlantico.fr/decryptage/sav-filippetti-qu-est-qu-bon-programme-tele-francois-jost-529084.html n'est pas la seule.
La qualité peut exister dans tous les genres. Beaucoup d'émissions de variété ont été diffusées pour leur grande qualité. Très souvent la qualité est même venue de ces émissions de divertissement, comme le Petit Rapporteur ou encore Nulle part ailleurs.
Une télévision publique doit présenter des programmes pour tout le monde mais pas forcément en même temps.
Il faut accepter que certaines émissions ne fassent pas forcément beaucoup d'audience mais qu'elle puisse représenter chacune des personnes qui payent la redevance dans sa diversité.
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