Vérités sur les Roms ? Valls relaxé, Le Pen condamné
Prétendre vouloir étouffer une parole par la loi ne fait que mettre en branle des forces qui pourraient se révéler bien plus violentes.
Coïncidence du calendrier, les gens de justice étaient ce jeudi 19 décembre fort occupés.
La commission des requêtes de la Cour de justice de la République et le tribunal correctionnel de Paris avaient en effet à y trancher des histoires de Roms.
Pas à statuer sur des vols de poules dans les jardins, de porte-monnaie dans le métropolitain ou de câbles électriques au long des voies ferrées, non, mais de propos révoltants portant sur des présupposés racialistes.
La première instance, chargée de juger les ministres en exercice, avait à statuer sur une plainte déposée par le MRAP contre le ministre de l’Intérieur Manuel Valls qui, le 24 septembre dernier, avait déclaré que les Roms étaient « des populations qui ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation », et qu’ils ont « vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie ».
Le MRAP portait aussitôt l’affaire en justice, dénonçant « un sentiment de rejet à l’encontre des Roms. Il exhorte à la violence, à la haine et à la discrimination raciste. »
Notez bien : pas raciale, la discrimination, mais raciste.
Le second accusé est Jean-Marie Le Pen, président d’honneur du Front national.
Un an avant le ministre, soit le 22 septembre 2012 lors de l’université d’été du parti à La Baule, il déclarait que les Roms « comme les oiseaux, volent naturellement ». Plainte du MRAP, de l’UEJF et de la LICRA.
Les deux cours ont donc rendu leur verdict ce 19 décembre. Malgré son poil noir, le ministre de l’Intérieur a été blanchi : « Il n’apparaît pas [que ces propos] excèdent les limites admissibles de la liberté d’expression », ont dit les sages. Subséquemment, « en l’absence d’éléments de nature à caractériser le délit dénoncé, la plainte doit être classée ».
Circulez, citoyens, il n’y a plus rien à voir, vu que ladite décision n’est pas susceptible d’appel.
Le Pen, contre qui le parquet réclamait aussi deux mois de prison avec sursis – excusez du peu –, a été condamné à 5.000 euros d’amende pour « injure à caractère racial ».
Notez bien : racial, le caractère, pas raciste.
Soyons clair : incriminer les propos de Manuel Valls est d’une idiotie sans fond et l’acharnement des associations antiracistes à traquer la moindre virgule déplacée produit un effet exactement inverse au but recherché.
Quant au vieux menhir, sa sortie témoigne une fois de plus de son goût prononcé pour le calembour et le coussin péteur, travers de celui qui s’est nourri aux blagues de Zappy Max et de Fernand Raynaud dans une époque où l’on pouvait encore railler l’avarice des Auvergnats, la paresse des Corses et le goût pour la picole des Bretons.
Reste que l’un s’en sort et l’autre pas.
Que l’on semble faire un subtil distinguo sémantique entre l’incitation à caractère raciste ou à caractère racial (!?).
Que, surtout, la « justice » ne juge pas en fonction des faits incriminés mais de qui les commet. Si tout le monde s’en doutait, c’est maintenant ouvertement assumé.
Toutes ces lois mémorielles dérivées, celles qui transforment les historiens curieux et jusqu’aux sociologues pointilleux en délinquants potentiels, celles qui interdisent aux démographes de compter et aux journalistes de raconter, ont un effet terriblement pervers.
Comme le disait à ce propos Philippe Bilger,« empêcher le débat démocratique nuit à la vérité ».
Prétendre naïvement vouloir étouffer une parole par la loi et la condamnation ne fait que mettre en branle des forces qui pourraient se révéler bien plus violentes.
Source et publication: http://www.bvoltaire.fr/mariedelarue/verites-sur-les-roms-valls-relaxe-le-pen-condamne,45106?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=7619f0e747-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-7619f0e747-30403221