Le Point.fr - Publié le
21/11/2013 à 06:29- Modifié le21/11/2013 à 06:52
Surnommé Toumi, ce personnage complexe avait été soupçonné d'être "le troisième homme" dans l'affaire Rey-Maupin, où cinq personnes avaient trouvé la mort.
Abdelhakim Dekhar, 48 ans, identifié par les analyses ADN comme le tireur de Libération et placé en garde à vue mercredi soir, est un personnage complexe, mystérieux, figure de l'ultragauche française des années 90, qu'il affirmait avoir eu pour mission d'infiltrer.
Après plusieurs jours de traque, le tireur présumé a été retrouvé semi-inconscient, sans doute à la suite de la prise de médicaments, dans une voiture garée dans un parking souterrain près de Paris.
Localisé grâce au témoignage d'un homme qui l'hébergeait "de temps en temps" et qui a contacté la police, il a pu être interpellé et évacué par le Samu.
"Il va falloir connaître le parcours de cet individu" pour ensuite "connaître toutes (ses) motivations", a expliqué le ministre de l'Intérieur Manuel Valls.
Soupçonné d'être "le troisième homme" de l'affaire Florence Rey-Audry Maupin, une fusillade au cours de laquelle cinq personnes, trois policiers, un chauffeur de taxi et Maupin, ont été tuées en 1994, il avait été blanchi de l'accusation d'attaque à main armée, mais condamné à quatre ans de prison pour "association de malfaiteurs".
Cette peine correspondant exactement au temps passé en détention préventive, il avait été libéré immédiatement après le procès, en octobre 1998, alors qu'il était âgé de 33 ans.
C'est lui qui avait acheté dans un grand magasin parisien, sous son nom et avec sa pièce d'identité, le fusil à pompe qui avait servi à Florence Rey et Audry Maupin pour attaquer la pré-fourrière de Pantin.
Avec ses cheveux courts et ses lunettes à la Malcom X, sous le pseudonyme de Toumi, c'était au début des années 90 un habitué des squats fréquentés par la gauche radicale, souvent sous étroite surveillance policière.
"Je n'ai jamais très bien su qui il était"
Lors du procès au cours duquel Florence Rey a été condamnée à 20 ans de réclusion (elle a été libérée en 2009 après 15 ans de "détention exemplaire"), Abdelhakim Dekhar avait vainement tenté de persuader la cour qu'il était en fait un espion, un agent en mission de la Sûreté militaire algérienne, chargé d'infiltrer les milieux autonomes pour en débusquer d'éventuels intégristes.
Des témoins cités à l'audience l'ont décrit comme un chaperon, un mentor pour le couple Maupin-Rey, et l'ont accusé d'avoir mis à profit leur jeunesse et leur exaltation pour les manipuler.
"C'est un homme énigmatique, étrange", a confié mercredi soir à l'AFP son ancienne avocate, Me Emmanuelle Hauser-Phélizon. "Je n'ai jamais très bien su qui il était. Il disait qu'il était agent des services français ou algériens.
Il était très secret, ne se révélait pas." Son autre avocat de l'époque, Me Raphaël Constant, se souvient qu'il "disait avoir été piloté par son oncle, responsable des services secrets algériens". "Il prétendait avoir reçu pour mission d'infiltrer l'ultragauche qui aurait eu des accointances avec les islamistes et le GIA algérien", ajoute-t-il.
À la suite du procès, il avait disparu, ses deux conseils n'avaient plus jamais entendu parler de lui.
Selon les premiers éléments de l'enquête, il serait alors parti vivre à l'étranger, peut-être en Algérie.
Selon Manuel Valls, Abdelhakim Dekhar était "probablement parti à l'étranger" depuis plusieurs années et n'était pas dans les fichiers de police.
Source et publication: http://www.lepoint.fr/societe/abdelhakim-dekhar-mysterieux-fantome-venu-de-l-ultra-gauche-21-11-2013-1759301_23.php#xtor=EPR-6-[Newsletter-Matinale]-20131121