Ils aident les roms, les dealers, mais pas moi…
Trois heures du matin. Comme chaque nuit depuis deux ans, je me suis assoupie, fenêtre de la chambre entrebâillée afin de mieux percevoir les bruits furtifs dans la cour ou autour de la boutique.
Ici, la vie est de plus en plus délicate, tout n’est que haine, violence, et moi, la « blanche » aux yeux verts, je resterai toujours leur cible préférée.
Je n’ai plus ma place en cette commune qui m’a vue naître et où j’ai grandi, courant après les papillons.
Face à ma résistance, les administrations ont eu l’idée d’un autre moyen d’anéantissement pour achever la mécréante libraire du Bourget : lui faire sauter son RSA socle, celui qui lui permettait de survivre.
La boutique, suite aux agressions, dégradations, vols multiples non couverts par les assurances, est déficitaire.
De moins en moins chaque année, certes, mais il est vrai que lorsqu’elle doit assumer le remplacement d’une vitrine pour un montant de 4.000 euros, le bilan a plus que du mal à passer en mode bénéfice…
Lors de mon jugement pour avoir utilisé l’expression « arrêter de faire la bamboula », la présidente s’était d’ailleurs étonnée du fait que je ne gagnais rien, en travaillant tant.
Un « sage » conseil de sa part s’en était suivi : « Mais partez donc, madame, puisque vous ne supportez pas les étrangers ! » Ma réponse eût pu être qualifiée d’outrage à magistrat.
Toujours est-il que, depuis le mois de mars 2013, le conseil général m’a sucré les 420 euros me permettant de manger.
Les raisons avancées sont toutes plus fantaisistes les unes que les autres.
Par trois fois j’ai fait parvenir les mêmes papiers, sans perdre patience, mettant cela sur le compte de l’erreur humaine, songeant à une réparation rapide de la situation.
Au bout de trois mois, je peux affirmer qu’il s’agit, en fait, de m’abattre par le nerf de la guerre : l’argent.
Comme si cela ne suffisait pas, mon cher propriétaire, en ayant plus que ras la casquette de la dernière librairie de la ville avec son bail vieux de trente-cinq ans, a décidé de déplafonner ce dernier.
Pourquoi pas, me direz-vous, il en a le droit et la commission des baux, saisie par mes soins, l’a confirmé. Sauf que pour le propriétaire, l’Arc de Triomphe a dû se déplacer durant la nuit : il multiplie mon loyer mensuel par trois.
Une boutique en plein cœur du 93, en zone islamisée, plus chère que sur les Champs-Élysées !
Mais, je vous l’accorde, avec les mêmes risques : les événements récents en témoignent…
Ce même propriétaire, Français de souche, qui n’hésite pas à mettre à ma charge toutes les fuites d’eau de l’immeuble, le tout pour des montants dépassant l’entendement !
C’est cela, mon quotidien de « blanche aux yeux verts ».
Juste une question : pourquoi toutes les aides financières sont-elles apportées aux sans-papiers, aux Roms, aux délinquants, aux dealers, et pas à une commerçante travaillant sept jours sur sept à raison de 14 heures minimum par jour ?
Aidez-moi à rester chez moi, merci.