Les « cannabis social clubs » sortent de l'ombre
Ces associations de producteurs à usage personnel seraient près de 450 en France, dont une centaine dans l'Ouest.
Une vingtaine d'entre eux ont déposé leurs statuts dans les préfectures en début de semaine.
Ils disent : « Chaque jour, nous sommes dans l'illégalité en consommant et en cultivant du cannabis. Plusieurs millions de citoyens en consomment.
La loi en vigueur n'est plus adaptée. C'est pour cela que nous demandons la reconnaissance des CSC, les Cannabis social clubs. » Lundi, Julien, 28 ans, et Jean, 32 ans, ont déposé les statuts de leur club à la préfecture de Nantes.
Anthony et Renaud, 26 ans, ont fait la même chose à La Roche-sur-Yon, en Vendée.
Après en avoir informé la gendarmerie du Poiré-sur-Vie.
« Couper l'herbe sous le pied des dealers »
Dans tout le pays, une vingtaine de ces clubs sont ainsi sortis de la clandestinité. Selon Dominique Broc, la locomotive de ces CSC, il en existerait « 450 dont une centaine dans les départements bretons, la Loire-Atlantique et la Vendée. »
Il en pousse aussi en Belgique et en Espagne.
« C'est un acte de désobéissance civile, assume Julien. On veut faire réagir préfet, gouvernement. » Dominique Broc a lancé l'offensive, le 4 mars, en déposant à la préfecture d'Indre-et-Loire les statuts de la fédération qui chapeaute tous les clubs.
Quelques jours plus tard, il a reçu un récépissé de sa déclaration.
« Ce récépissé, précise la préfecture de Nantes, atteste seulement de l'enregistrement d'un dossier complet.
Dans l'hypothèse où son examen révèle un objet illicite, il appartient au préfet de saisir le ministère public aux fins d'engager une procédure de dissolution. »Quelle sera l'attitude des pouvoirs publics ?
Après avoir déclaré dans la presse qu'il cultivait de l'herbe chez lui, Dominique Broc a été convoqué au tribunal correctionnel de Tours, le 8 avril.
« La substance est en circulation ; autant que cela fasse dans un cadre correct, plaident Julien et Jean.
Les CSC ne sont pas des supermarchés. Ils garantissent aux membres (pas plus d'une vingtaine par club, mineurs interdits) un produit de qualité et coupent l'herbe sous le pied des dealers. »
L'association Avenir santé, qui fait de la prévention, n'est pas convaincue.« Le cannabis est illicite, rappelle sa coordinatrice, Florence Urvois.
En tant qu'acteur de réduction des risques, on porte cette loi auprès des jeunes.
Avec ces clubs, quelle garantie ?
Quelle sécurité pour les consommateurs les plus vulnérables ?
Quel accompagnement ? »