Tribune de Jean-Luc Marret (maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique) :
«Les trois défis de l’antiterrorisme»
L’ «affaire Merah» est retentissante en raison du nombre et de la qualité des victimes.
Il y a un lien entre cette violence sur le territoire national et ce que nous pouvons appeler les formes diasporiques d’islam.
Il s’agit ici de n’être ni naïf – «Rien n’est culturel, tout est social» – ni instrumental – «Tout est de la faute de l’islam».
Les deux propositions sont des positions partisanes qui ne correspondent pas à la réalité telle que de nombreux travaux scientifiques l’ont montrée : le djihadisme «made in France» prospère sur un terreau social en général très défavorisé.
Selon nos études, plus de 90% des djihadistes étaient des chômeurs de longue durée ou des RMIste, sans guère de diplômes.
Donc, oui, il y a des raisons socio-économiques, au moins dans notre pays. […]
Pour autant, d’autres facteurs jouent : l’âge, le sexe, l’intégration et l’opposition au pays d’accueil pour se construire individuellement, que la sociologie des migrants observe dans de nombreux pays entre la première génération et les générations suivantes. […]
Osons une formule : on serait presque djihadiste aujourd’hui comme on était Action directe dans les années 1970.
Mais encore une fois, pas de récupération : dire que l’islam est égal au terrorisme est une stupidité.
C’est aussi oublier que la France actuelle est en train de produire une forme syncrétique d’islam occidentalisé qui, par les diasporas, influence les pays d’origine.
Ainsi, la France est une nouvelle Andalousie émettrice d’islam et qui n’est pas seulement victime du salafisme ou du djihadisme. […]