Dans la capitale, une pervenche pourra bientôt en cacher une autre. À compter du 2 avril, la Préfecture de police va en effet expérimenter la vidéo-verbalisation.

 

Autrement dit se servir des caméras de surveillance pour traquer voitures mal garées, conducteurs circulant dans les voies de bus ou encore automobilistes en train de griller un feu rouge.

Souriez, vous êtes verbalisés.

Le dispositif utilisera entre 50 et 60 caméras sur les 1037 actuellement déployées dans le cadre du plan de vidéoprotection pour Paris, destiné essentiellement à lutter contre la délinquance. «Nous avions déjà recours à ce type de moyens techniques pour surveiller également le trafic routier, explique Nicolas Lerner, directeur adjoint de cabinet du préfet de police.

Ce qui est nouveau, c'est que dorénavant, il y aura émission de PV.»

Concrètement, un agent assermenté constatera l'infraction grâce à la vidéo et photographiera le véhicule «afin d'identifier l'immatriculation et la marque», rapporte le commissaire Muriel Rault, adjoint au sous-directeur régional de la circulation et de la sécurité routière.

Les informations seront ensuite transmises au Centre national de traitement de Rennes, qui dressera un procès-verbal. «Le propriétaire du véhicule recevra l'amende quelques jours plus tard, un mois au maximum.

La capture d'écran sera quant à elle conservée durant cinq ans, pour servir en cas de contestation», poursuit le commissaire.

Bien entendu, le prix de l'amende «vidéo» sera identique aux PV classiques.

Avantage: la mesure permettra de simplifier et d'accélérer la procédure, donc, pour les forces de l'ordre, de gagner en efficacité. «Les fonctionnaires de police pourront constater les infractions au Code de la route et verbaliser à distance les contrevenants, sans interception du conducteur», détaille Nicolas Lerner.

Un premier bilan cet été

Dans un premier temps, seuls treize axes, choisis en raison des embouteillages ou du nombre important d'accidents qui s'y produisent, seront concernés.

Ceux particulièrement touchés par le non-respect des feux rouges, à l'instar des Champs-Élysées (VIIIe) ou de l'avenue de l'Opéra (Ier). Ceux fortement congestionnés, où les voitures sont régulièrement mal garées (Grands Boulevards, Saint-Germain…).

Ceux encore touchés par les problèmes de stationnement en double file, comme le boulevard de Sébastopol (IIIe et IVe) et l'avenue Jean-Jaurès (XIXe). Enfin, les axes où les voies de bus sont utilisées de manière intempestive, à l'image du boulevard Barbès (XVIIIe) ou de l'avenue de Clichy (XVIIe).

 

«Quatre agents seront dédiés à cette surveillance et mèneront des opérations ciblées, plusieurs fois par semaine», poursuit Nicolas Lerner.

 

Un bilan sera effectué dès cet été et une montée en puissance progressive envisagée, en fonction des résultats.

L'objectif affiché est double: fluidifier le trafic sur les boulevards et les avenues les plus encombrées, surtout aux heures de pointe, de 7 heures à 10 heures et de 17 heures à 20 heures. Mais aussi et surtout améliorer la sécurité routière.

Ainsi, à ceux qui craignent déjà une avalanche de PV supplémentaires et voient dans cette nouvelle mesure une manière détournée de faire davantage de chiffre, la Préfecture répond qu'«il s'agit avant tout de lutter contre certains comportements dangereux et de créer de l'insécurité chez les contrevenants», fait valoir Laure Condomines, chef du pôle sécurité routière.

 

Car les incivilités au volant persistent. Pour preuve, «les dix radars feux rouge installés à Paris flashent en moyenne chacun entre 50 et 145 conducteurs quotidiennement», déplore-t-elle.

Si Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 Millions d'automobilistes ne remet pas en cause l'aspect sécurité routière de la mesure, il regrette toutefois que l'«on surverbalise les conducteurs au lieu de parler du véritable problème qui est celui du manque de places de parking à Paris.

Une alternative consisterait à créer des espaces de gratuité, permettant de stationner durant un laps de temps réduit, ce qui faciliterait les rotations et par contrecoup la fluidité du trafic».

 

À la PP, on fait valoir que quatre millions de PV pour non-respect du stationnement sont déjà dressés chaque année et que la vidéo-verbalisation ne fera pas exploser ce chiffre…

SOURCE : LE FIGARO