Le dernier rapport de l'Office européen de police sur le crime organisé pointe les effets dévastateurs de la crise.

Les mafias sont multicartes.

«Le crime organisé est un phénomène incroyablement dynamique et complexe et demeure une menace sérieuse pour la sécurité et la prospérité de l'Union européenne». Rob Wainwright, le secrétaire général d'Europol, ne veut pas se montrer alarmiste.

 

Mais le dernier rapport annuel de son Office européen de police sur le crime organisé, que Le Figaroa décortiqué, laisse présager des jours sombres pour toute les polices d'Europe.

Europol a recensé «3.600 groupes criminels actifs dans l'Union».

 

Plus de la moitié sont versés dans le trafic de drogue et la fraude.

 

Mais les activités se diversifient de plus en plus avec la crise. Car ces groupes ont «rapidement identifié les nouvelles opportunités nées de la crise», assure-t-on à l'Office européen de police. 

Contrefaçons de détergents

Un exemple, poursuivent les auteurs de ce rapport: «En réponse à la réduction du pouvoir d'achat des consommateurs, les contrefacteurs ont élargi leurs lignes de produits: en plus des traditionnels produits de luxe, les organisations criminelles contrefont aujourd'hui des biens de consommation courante, comme des détergents, des produits alimentaires, cosmétiques ou pharmaceutiques».

 

En clair: la contrefaçon dangereuse pour la santé.Et Europol de pointer du doigt la corruption grandissante qui facilite ces activités en période de crise ; celle qui implique «des personnes occupant des positions dans le secteur public, spécialement dans les pays où ont eu lieu des coupes sombres dans les salaires».

 

La Grèce, évidemment, entre dans le lot, même si l'Office européen ne cite pas nommément ce pays pour des raisons diplomatiques.

Industrialisation criminelle

Selon le rapport 2013 d'Europol, «30 % de ces groupes criminels structurés» ont une activité polycriminelle» dans l'Union, avec une «coopération croissante» entre les diverses organisations.

 

C'est d'ailleurs l'un des points clés de ce rapport, auxquels les criminologues français Alain Bauer et Xavier Raufer ont été associés.«Le crime organisé fonctionne de plus en plus comme une entreprise, explique le Pr Bauer.

 

Ce ne sont plus des groupes d'individus, mais des corporations, fonctionnant selon les règles de l'économie de marché.

 

Elles sont multiproduits, implantées partout, nouant des accords, utilisant des plateformes communes et des groupes criminels sous-traitants, assurant même le contrôle qualité.

 

Nous sommes bien face à un processus d'industrialisation criminelle».

Davantage de victimes avec Internet

Les analystes d'Europol expliquent qu'«Internet permet désormais l'accès à un large public de victimes».

Et que tout s'accélère depuis «la prolifération des accès Internet en Afrique et en Asie», d'où proviennent aujourd'hui des envois massifs de courriers électroniques destinés à leurrer les naïfs.

 

La route des Balkans demeure le point d'entrée des armes, mais aussi «des précurseurs (éphédrine) et des drogues de synthèse».

 

En matière d'immigration illégale et de trafic de «produits illicites», la frontière turque est considérée comme «vulnérable», malgré tous les efforts de contrôle déployés.

 

Autre zone pointée du doigt dans le rapport: «Les Émirats arabes unis, et Dubaï en particulier, sont un point névralgique pour les activités criminelles multiples».

 

Dubaï serait ainsi «une plateforme importante pour les fraudes à la TVA» et le «blanchiment d'argent». «Les Émirats sont aussi un espace de stockage et de transit pour les cigarettes et produits contrefaits à destination de l'Union européenne».

SOURCE : LE FIGARO