Charles Martel arrêta les Arabes à Poitiers.... et moi à la porte mon entreprise !
De retour de l'étranger où j'ai passé une longue partie de ma vie, j'ai repris une petite société qui venait de fermer pour insuffisance d'actif, dans mon Périgord natal
Après avoir rencontré le maire, le sous-préfet (on se demande pourquoi ?), la cession était presque terminée et je m'apprêtais à reprendre le flambeau.
Tous les employés (une vingtaine) avaient été licenciés par l'ancienne direction dans le cadre de la liquidation et il ne me restait qu'à confirmer quelques contrats clients, mettre à niveau le matériel et réembaucher du personnel.
Nous recherchions un ingénieur informatique pour travailler sur une bébête efficace mais pas toujours simple et nécessitant des connaissances solides
Par ailleurs, nous recherchions également des employé(e)s de laboratoire.
Plus de 200 CV arrivent et avec une collaboratrice, on se met à trier. Nous convoquons les personnes pour test et entretien en spécifiant que les embauches ou les refus seraient signifiés par courrier dans les 10 jours.
Les tests se passent, employés et ingénieurs et tout va bien.
Le petit patelin est tout content de voir une activité reprendre et j'avoue que l'accueil est particulièrement agréable.
Surtout que si cela redémarre bien, l'augmentation de personnel sera évidente ! Bref, la vie était belle, pour les employées qui trouvaient un espace pour regagner dignité et foi en l'avenir, et pour moi qui me réjouissais d'avoir des gens aimables, motivés.
Pas chiants en quelque sorte !
Les embauches terminées, jeune ingénieur compris ayant fait trop heureux de trouver un poste au pays, tout allait bien !
Un jour, vers 10 heures, alors que nous n'étions pas encore en production, mais en formation et tests, arrive une BMW avec deux mecs en costume cravate et un enturbanné. Ils insistent fortement auprès du gardien pour rentrer et se garer dans la cour.
Rien n'y fait, le gardien est un ancien légionnaire à qui on ne conte pas fleurette. Ça commence bien !
Les trois hurluberlus se garent à l'extérieur et entrent à pied. Ils se présentent au secrétariat comme étant les « représentants de personnels ». La secrétaire, soupçonneuse, leur demande d'attendre et m'avise.
Mais elle m'avise aussi que certains chefs d'entreprises de la région ont reçu des menaces s'ils n'embauchaient pas des musulmans.
Elle me conseille d'enregistrer la conversation et elle demande au gardien de venir se placer près de la porte, prêt à intervenir.
Je reçois les zoizeaux qui se présentent comme les représentants des « salariés d'origine musulmane » d'Aquitaine.
Dialogue (morceaux choisis)
- Et vous, qui êtes-vous ?
- Le patron !
- Mais plus précisément...
- Le patron d'une petite société qui est pressé ! Je vous écoute...
- Vous venez de procéder à des recrutements de personnels...
C'est bien ça ?
(No comment, je n'ai pas à commenter mes occupations avec qui que ce soit !)
- Nous avons entendu dire qu'il n'y avait aucun employé de confession autre que chrétienne dans votre entreprise.
- Exact, il n'y a pas non plus d'employés communistes, ni chinois, ni sénégalais..., mais avant la race, la couleur ou la religion, il y a des employés qui ont envie de travailler, qui me conviennent...
Et lorsque je recrute, je regarde l'expérience et pas la religion !
- Donc, vous êtes contre les étrangers ?
- Je considère, cher monsieur, que dans un village de 3000 habitants, alors que toutes les entreprises ont fermé (dont certaines pour aller s'implanter chez vous), il serait anachronique d'embaucher en dehors du village des gens qui n'ont aucun lien avec la région.
Je donne donc la priorité aux gens qui en ont besoin et dans ce cadre, ce sont les gens du village ! Et quel est le problème ?
- Vous connaissez le CV anonyme et la discrimination ?
- Oui, je connais, mais ici, vous êtes en France monsieur. Je n'ai pas fait preuve de discrimination, j'ai fait preuve de compétence en embauchant des gens qui n'avaient pas ou peu de déplacements à effectuer, et qui avaient soit une expérience dans ce secteur, soit une très forte motivation et qui plus est, des gens stables de préférence, capables de s'intégrer dans un travail d'équipe...
Par ailleurs, je vous signale que je me suis fait assister par quelqu'un de l'ANPE qui a suivi les CV envoyés et que aucun ne portait la mention « musulman ».
Si cela avait été le cas, je l'aurais écarté de suite !
(Il s'étouffe l'enturbanné !)
- Ah bon, et pourquoi s'il vous plait ?
- Parce que je ne recrute pas des hommes de foi ou de peu de foi mais des collaborateurs !
- Je pense, monsieur, que vous devriez réviser votre position et que nous pourrions en reparler dans quelques temps !
- Eh bien, moi je pense, monsieur, que je ne réviserai pas ma position et qu'il est inutile d'en reparler.
L'entretien est terminé. Au revoir !
Les trois zoizeaux ressortent, accompagnés par notre légionnaire bien-aimé, mais le micro étant branché, la secrétaire a avisé le personnel du déroulement de la conversation.
Et tout le personnel de faire une « haie d'horreur » aux zoizeaux afin de bien leur montrer que, dans ce village, ce ne sont pas les enturbannés qui commanderont et que la résistance, ils connaissent depuis que Charles Martel a arrêté les Arabes à Poitiers !
Un adjoint de l'inspecteur du travail, certainement saisi par les visiteurs d'un jour, nous a rendu visite quelques jours plus tard.
Lorsque le personnel a été avisé, autant vous dire qu'il a eu à subir une certaine hostilité et des employés lui ont expliqué le pourquoi du comment et lui ont demandé de quel droit lui, un fonctionnaire français, osait venir défendre des étrangers au lieu de prendre la défense des locaux.
L'adjoint de l'inspecteur n'a pas traîné dans le quartier et depuis, plus aucune nouvelle !
Comme le disait si bien Matsushita, au lieu de faire défendre les employés par l'entreprise, faites défendre l'entreprise par les employés.
C'est ce qui fut fait de manière très efficace et les photos prises en catimini par mes employés sont apposées dans le hall d'entrée avec quelques commentaires sur les religieux qui ne passeront pas par chez nous !
Encore bravo et merci, je suis fier d'eux !