Modifié le 20/02/2013 à 14:04
Le P-DG du groupe, qui a renoncé à sauver l'usine d'Amiens-Nord, a envoyé une lettre au ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.
Le P-DG de Titan international, qui a renoncé à reprendre l'usine de pneus Goodyear d'Amiens-Nord, raille "les soi-disant ouvriers" qui "ne travaillent que trois heures", dans un courrier adressé au ministre du Redressement productif, dont Les Échos publient une copie.
La lettre en anglais datée du 8 février est adressée à Arnaud Montebourg et dit répondre à un courrier du 31 janvier du ministre demandant à Titan d'entamer des discussions pour une reprise de l'usine d'Amiens menacée de fermeture.
"Goodyear a essayé pendant plus de quatre ans de sauver une partie des emplois à Amiens, qui sont parmi les mieux payés, mais les syndicats et le gouvernement français n'ont fait rien d'autre que de discuter", écrit le P-DG, Maurice M. Taylor.
"J'ai visité cette usine plusieurs fois.
Les salariés français touchent des salaires élevés, mais ne travaillent que trois heures.
Ils ont une heure pour leurs pauses et leur déjeuner, discutent pendant trois heures et travaillent trois heures", écrit encore Maurice M. Taylor. "Je l'ai dit en face aux syndicalistes français.
Ils m'ont répondu que c'était comme ça en France !" affirme-t-il, selon le fac-similé de la lettre lisible sur le site.
Avenir sombre
"Monsieur, votre lettre signale que vous voulez que Titan démarre une discussion. Vous pensez que nous sommes si stupides que ça ?" lance Maurice M. Taylor.
"Titan est celui qui a l'argent et le savoir-faire pour produire des pneus. Qu'a le syndicat fou ? Il a le gouvernement français", ironise-t-il.
"Le fermier français veut des pneus pas chers. Il se moque de savoir s'ils viennent de Chine ou d'Inde.""Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins d'un euro l'heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin", menace-t-il.
"Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers", se moque le P-DG américain. "Titan n'est pas intéressé par l'usine d'Amiens-Nord", conclut sa lettre.
Interrogé mercredi soir, Arnaud Montebourg a refusé de commenter cette lettre. "Je ne veux pas nuire aux intérêts de la France", a-t-il dit.
Au passage, dans sa missive, le P-DG du groupe américain prévoit un avenir sombre aux activités du géant français du pneumatique Michelin en France.
"Dans cinq ans, Michelin ne pourra plus produire de pneus en France", dit-il.
Goodyear a annoncé fin janvier que l'usine d'Amiens Nord allait fermer, menaçant 1 173 postes et provoquant un tollé politique en France, où plusieurs sites industriels sont promis à la fermeture, mettant le gouvernement en difficulté.
Arnaud Montebourg avait annoncé le 12 février que Titan, société américaine spécialisée dans la fabrication des pneus agricoles notamment, ne reviendrait pas à la table des négociations pour une reprise de l'usine.
De premières négociations entre le groupe et Titan International avaient déjà échoué l'automne dernier.