Chris Kyle, sniper en chef en Irak vient de se faire buter.
Pas par un Taliban, mais par un bon Américain.
Il paraît qu’Outre-Atlantique, Chris Kyle est un héros…
On a beau être habitué à la bonne conscience américaine, personne n’est jamais au bout de ses surprises.
Bien sûr, ils reprochent au monde arabo-musulman de n’être que sauvages obsédés par le puritanisme et la religion.
Mais les USA n’auraient-il pas été fondés sur un génocide de masse ? N’ont-ils pas tenté d’interdire l’alcool chez eux, alors qu’en la matière, la tolérance régnait alors en terre islamique ?
Et, en matière de polygamie, les Mormons ne valaient-ils pas les Wahhabites saoudiens ?
Pour couronner le tout, leur Président prête serment sur la Bible et Dieu est imprimé sur leur dollar ; c’est d’un goût, par ailleurs… Normal, Dieu est américain, comme chacun sait.
Mieux, Dieu leur a « donné cette terre », autre exemple de messianisme ébouriffé, tel celui d’autres « Fous de Dieu », israéliens, ceux-là.
Bon, Chris Kyle, aussi barbu qu’un salafiste, se vantait, durant sa carrière de sniper, de 1999 à 2009, d’avoir abattu près de 255 personnes – quoique « seulement » 166 cadavres aient été homologués.
Pourtant, à défaut d’être une ordure, celui qui tirait dans le dos des gens à plus de 1 800 mètres à distance de fusil, n’était pas forcément un authentique salaud.
Il faisait seulement ce qu’on lui disait de faire.
Et à défaut de croire en la justice de son pays, selon la formule consacrée, au moins croyait-il à la propagande de son gouvernement.
L’Irak était partie prenante des attentats du 11 septembre 2001.
Les Arabes étaient des sous-hommes et les musulmans des génocideurs en puissance. Il croyait même que les deux guerres du Golfe (1990 et 2003) étaient des guerres« justes ».
Logique : Saddam Hussein possédait des « armes de destruction massive » et avait les moyens technologiques d’envoyer des bombes atomiques sur New York ; si, si, ne riez pas, une large majorité d’Américains en était persuadée.
L’illuminé en question, aux biceps tatoués de croix, estimait, à en croire Le Figaro : « Là-bas, en Irak, je voulais que tout le monde sache que je suis chrétien et un féroce guerrier de Dieu… » À Bagdad, les résistants irakiens l’avaient surnommé « Shaitan », soit « Satan ».
Que ce soit en Occident ou en Orient, la religion est décidément omniprésente et pas toujours instrumentalisée à propos…
À Hollywood, comme tout se finit bien, il était question que l’autobiographie de Chris Kyle soit adaptée sur grand écran.
Nonobstant, il s’opposait à ce qu’un Matt Damon « traître gauchiste », puisse l’incarner au cinéma.
Il est un fait que dans le remarquable Green Zone, tourné en 2010 par Paul Greengrass, le « traître gauchiste » en question avait minutieusement démonté tous les rouages de la propagande américaine relative à ces fameuses « armes de destruction massive »…
Au fait, petite piqure de rappel ? Qui a tué Chris Kyle ?
Un fondamentaliste au cimeterre entre les dents ? Pas du tout.
Juste un autre fou furieux, un certain Eddie Ray Routh, fan de Bible Belt, de Country Music, de NRA et autres Stetson à flonflon, dont le plan de carrière doit aujourd’hui osciller entre chaise électrique et chambre à gaz.
Lui disparu et sa victime avec, cela fera au moins deux foldingues de moins.
Et il fera sûrement mieux vivre sur cette terre ayant eu le privilège de voir naître, entre autres fellow americans, Mark Twain et Russ Meyer.
Ouf ! On respire un peu mieux…