INFO LE FIGARO - Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), groupe armé touareg indépendantiste et «laïque» annonce avoir repris la ville et la région de Kidal, au nord-est, et se dit prêt à lutter contre les «terroristes».
Le représentant du MNLA en Europe, Moussa ag Assarid, affirme que son mouvement a repris la ville et la région de Kidal, au nord-est du Mali. «Nous contrôlons la ville de Kidal, ainsi que les villes voisines comme Tessalit et In Khalil», a déclaré lundi le responsable au Figaro.
«Notre mouvement s'inscrit désormais dans la lutte contre les terroristes», ajoute-t-il.
Ce vocable désigne les islamistes d'Aqmi, (al-Qaida au Maghreb islamique), du Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) et d'Ansar Dine («les Partisans de la religion»).
Les combattants du MNLA ont repris le terrain sans rencontrer de résistance, selon Moussa ag Assarid. «La population est avec nous», assure-t-il.
Selon d'autres sources, des dirigeants d'Aqmi et d'Ansar Dine, qui se seraient réfugiés à Kidal après la chute de Gao et l'offensive franco-malienne sur Tombouctou, se cacheraient maintenant dans les montagnes avoisinantes.
Des dissidents d'Ansar Dine, qui ont quitté leur groupe il y a quelques jours, pourraient aussi s'être retournés contre eux.
Ainsi, selon un de leur porte-parole, ces dissidents auraient repris la ville avec le MNLA. «Nous assurons ensemble la sécurité de la ville de Kidal», a déclaré à l'AFP Mohamed Ag Aharib, ancien porte-parole d'Ansar Dine, passé au Mouvement islamique de l'Azawad (MIA).
«Actuellement à Kidal, il y a des combattants du MIA et des combattants du MNLA, qui avaient intégré les rangs d'Ansar Dine et qui sont redevenus MNLA», a-t-il souligné.
Le MNLA «en état de belligérance» avec l'armée malienne
Si la reprise de Kidal par le MNLA se vérifie, cette nouvelle donne va encore compliquer le conflit dans lequel la France s'est engagée il y a deux semaines.
Les Touaregs du MNLA ont été à l'origine des événements en conquérant une partie du Mali en 2012, mais ils ont été rapidement supplantés par les djihadistes arabes, étrangers ou Touaregs.
Le MNLA avait récemment annoncé son retour dans la guerre, avec la volonté de se battre contre les islamistes.
Mais il se trouve aussi «en état de belligérance» avec l'armée malienne soutenue par la France, dit le représentant du MNLA.
«Nous ne demandons pas le départ de l'armée française, nous l'approuvons quand elle lance des frappes ciblées.
Mais pas quand elle ramène l'armée malienne sur notre territoire, où elle a déjà commis des exactions, aidée par des milices ethniques», ajoute Moussa ag Assarid.
Le dirigeant, qui réside en France, se dit en contact avec le ministère français des Affaires étrangères.
Le MNLA n'abandonne pas son «idéal, l'indépendance» mais le représentant pour l'Europe se dit prêt à discuter avec le gouvernement malien «sur la base de l'autodétermination» mais «avec la garantie de la communauté internationale.»
Mali : Après la reconquête de Gao et de Tombouctou, tout est loin d’être encore terminé
29 janvier 2013 – 13:53Par bien des côtés, les opérations françaises qui ont permis de reprendre les villes de Gao et de Tombouctou tombées aux mains islamistes, l’an passé, ressemblent à ce que l’on appelle la “guerre éclair”, ou Blitzkrieg.
Cette tactique avait été empoyée par le général américain Tommy Franks lorsqu’il s’était agi de renverser le régime de Saddam Hussein, en mars 2003.
A l’époque, il avait été dit que les forces américaines engagées dans cette opération étaient allées plus loin et plus vite que jamais auparavant, Bagdad étant tombé quelques semaines plus tard après le début du lancement de l’opération Iraqi Freedom.
La guerre éclair repose sur 4 principes : tromper l’adversaire en l’attaquant là où il s’y attend le moins, s’assurer de la maîtrise totale du ciel, percer en mettant l’accent sur secteurs restreints, frapper en profondeur avec des troupes agiles et faire suivre des moyens plus imposants pour éventuellement éliminer des poches de résistance.
Le but est de se battre le moins possible tout en cherchant rapidement un résultat définif.
Pour le coup, les troupes françaises engagées dans l’opération Serval ont parfaitement accompli cette manoeuvre, qui plus est sur des grandes distances (Tombouctou est à 700 km au nord de Bamako, pour donner une échelle de grandeur).
Se pose maintenant la question de la phase suivante.
En mai 2003, le chef de la Maison Blanche d’alors, George W Bush, avait déclaré sur le pont du porte-avions Abraham Lincoln, que “l’essentiel des combats” était “terminé en Irak”.
Près de 10 ans plus tard, le président Hollande a affiché plus de prudence au sujet de l’intervention au Mali. “Nous sommes en train de gagner cette bataille”, a-t-il affirmé, en y association les armées africaines.
Pour autant, les jihadistes ont visiblement refusé de livrer le combat et se sont repliés vers le nord du Mali, où ils ont établi leurs refuges traditionnels.
La raison de leur attitude peut s’expliquer par fait qu’ils ont parfaitement conscience qu’ils ne sert à rien de résister contre des troupes mettant en oeuvre des moyens qu’eux-mêmes sont bien loin de disposer.
S’ils veulement continuer le combat – et rien pour l’instant n’indique le contraire – ils se livreront probablement à des attentats et à des embuscades.
Et cela d’autant plus que, étant mobiles, les grandes distances, toujours difficiles à contrôler, s’y prêtent (et les convois logistiques seront une cible de choix).
Autrement dit, ils n’ont pas été “détruits” et la menace qu’ils posent reste entière.
Selon le président Hollande, il reviendra aux troupes africaines d’aller les déloger de leurs repaires, situées notamment dans la région de Kidal, dans l’Adrar des Ifoghas.
Là, l’on risque d’avoir des combats du même type que ceux livrés en Afghanistan voire à ceux menés au Tchad contre les rebelles du FROLINAT dans les années 1970.
Ces plans ont donc été manifestement pensés avant l’intervention militaire française au Mali. Il est probable qu’une réflexion ait été lancée à la suite de l’attaque de consulat américain à Benghazi, le 11 septembre dernier, une des craintes de Washington étant de voir les groupes terroristes étendre leur influence en Afrique du Nord, voire même au-delà.
Ce que la prise d’otages d’In-Amenas, en Algérie, revendiquée par Mokhtar Belmokhtar, un ancien responsable d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) n’a pas pu que confirmer.
Source : http://www.opex360.com/