Au Mexique, des prisons très dures où tout peut s'acheter
Par Patrick BèleMis à jour le 24/01/2013 à 22:39 | publié le 24/01/2013 à 18:29
Passer sept années dans les geôles mexicaines, comme Florence Cassez, est une épreuve épouvantable pour tout être humain.
«Habillée en bleu marine tous les jours, un dortoir, des toilettes, cinq appels de présence par jour, un téléphone public.
Les premières années, tu tournes comme un animal en cage, dans ta cellule, en permanence.»
Ainsi témoignait Florence Cassez de ses conditions de détention dans Le Journal du dimanche du 11 décembre 2011.
Passer sept années dans les geôles mexicaines est une épreuve épouvantable pour tout être humain.
Florence Cassez a, elle, dû subir en plus l'éloignement de sa famille, le rejet de par son statut d'étrangère et endosser le rôle de compagne d'un organisateur d'enlèvements, le crime le plus honni au Mexique car chaque famille a subi un jour ou l'autre ce type de délit.
Ces conditions de détention ont évolué depuis décembre 2006.
Ces premiers mois dans le centre pénitencier de Santa Marta ont été terribles.
Quand elle a parlé aux médias en juin 2009, elle y a été de nouveau transférée en guise de représailles.
Si les conditions de vie dans les prisons mexicaines sont très dures, tout peut s'y acheter: des armes, de la drogue, des prostituées et surtout, pour Florence Cassez, la possibilité de communiquer avec l'extérieur.
Elle ne s'en est pas privée, signant un extraordinaire coup d'éclat le 5 février 2006, deux mois après son arrestation.
Ce jour-là, Genaro Garcia Luna, directeur de l'AFI, le FBI mexicain, est reçu sur le plateau de télévision de l'émission «Punta de partida» de Televisa.
Il défend la légitimité de l'arrestation de Florence Cassez.
Mais celle-ci parvient à contacter le standard de l'émission et à s'exprimer en direct, au grand désarroi de l'initiateur de ce qui se révélera le montage télévisuel de son arrestation.
Elle a en effet été arrêtée le 8 décembre au matin et non le 9, jour où a été tournée la fausse arrestation.
Stupéfait, le directeur de la prison ne peut intervenir que trop tard: le mal est fait, le plus puissant chef de la police mexicaine vient d'être humilié en direct par une Française détenue dans une prison du pays.
Cet épisode montre à quel point la plupart des prisons mexicaines fonctionnent en quasi-autarcie, sans contrôle de l'administration pénitentiaire.
«Je peins, je lis, je reçois des visites, déclarait Florence Cassez. J'ai accès au téléphone, je ne pourrais pas faire sans…
Parfois, le soir, j'arrive devant le téléphone… Avec le décalage horaire, je ne peux pas appeler en France.
Je me sens seule parce que la France dort.» Elle résumait ainsi sa vie quotidienne dansParis Matchen novembre 2009: «Je me lève à 6 h 30, je me couche à 2 heures du matin.
Alors, il faut meubler ces longues heures. Je n'ai rien, si ce n'est une télé, un lecteur de CD et quelques livres.»
Pendant ces années, elle a cherché à s'imposer une «discipline de fer».
Elle a plusieurs fois expliqué la difficulté de conserver ne serait-ce qu'«une bonne hygiène.
Rares sont les fois où il y a de l'eau. Alors j'utilise des lingettes pour bébé.»
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Source :http://www.lefigaro.fr/international/2013/01/24/01003-20130124ARTFIG00679-au-mexique-des-prisons-tres-dures-o-tout-peut-s-acheter.php?m_i=zWAz7a4KqoFVTJ_ainwITiRVz6RXmaMBdW0dInTNiuh9Vk6z3