Plusieurs pays apportent un soutien logistique à l’opération Serval
14 janvier 2013 – 10:45Le 11 janvier, la France a ainsi décidé de répondre favorablement à une demande d’intervention adressée par le président malien par intérim pour bloquer l’offensive lancée par des groupes jihadistes. A ce jour, l’opération française, appelée Serval, a déjà permis d’empêcher la progression des combattants islamistes vers Bamako et vise désormais, au moyen de frappes aériennes, les bases arrière de ces derniers, situées dans les environs de Gao et de Kidal.
Cela étant, les forces françaises déployées au Mali, ou qui le seront dans les heures qui viennent, ont besoin de capacités supplémentaires en matière d’avions de transport, de ravitaillement en vol et de renseignement.
Proche allié de la France, le Royaume-Uni, qui l’est d’ailleurs davantage depuis les accords de défense de Lancaster House signés en novembre 2010, a fourni 2 avions de transport C-17 du 99 Squadron de la RAF afin d’aider à la projection au Mali de troupes et de matériels français. Un premier appareil s’est posé sur la base aérienne d’Evreux le 13 janvier de permettre aux forces françaises de mettre rapidement en place un groupement tactique interarmes (GTIA).
“Le Premier ministre a décidé que le Royaume-Uni fournira une assistance militaire logistique pour aider à transporter rapidement vers le Mali des troupes étrangères et des équipements” a expliqué Downing Street, par voie de communiqué. Le texte précise qu’il n’est pour l’instant pas question de déployer du “personnel britannique en situation de combat.”
D’après le quotidien The Times, d’autres moyens britanniques pourraient être engagés, dont des drones de surveillance – la RAF met en oeuvre des MQ-9 Predator -, des avions dédiés au renseignement ainsi que des instructeurs militaires, vraisemblablement dans le cadre de la mission européenne EUTM Mali. Au sujet de cette dernière, Catherine Ashton, la Haute-Représentante pour la politique étrangère et de défense de l’UE, a indiqué, le 12 janvier, que les préparatifs en vue de son déploiement devaient être “accélérés”.
Les Etats-Unis apportent également un soutien à l’opération Serval. Invité du Grand rendez-vous d’Europe1, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian a indiqué que cette aide concerne le renseignement, la logistique et le ravitaillement en vol.
Selon le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, d’autres pays apportent leur concours. Sur les ondes de RTL, le 13 janvier, et outre l’aide britannique et américaine, il a en effet évoqué le “soutien pratique” de plusieurs nations européennes, notamment en matière de transport aérien.
Le Danemark aurait notamment fourni des moyens ou s’apprêterait à le faire. De même que la Belgique. D’après une source proche du ministre belge de la Défense, citée par la “Libre Belgique”, Bruxelles envisage d’engager un avion de transport C-130 Hercules, actuellement basé à Kisangani (RD Congo) ainsi qu’un hôpital de campagne de rôle 3.
Quant aux pays africains, notamment ceux de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), ils accélèrent le déploiement de la MISMA, dont l’engagement a été autorisé par les Nations unies. Le Nigéria compte envoyer 600 hommes, de même que le Burkina Faso, le Togo, le Niger et le Sénégal (500 soldats chacun).
Enfin, l’Algérie a autorisé le survol “sans limite” de son territoire aux avions français. “Nous travaillons avec les Algériens, nous continuons à discuter. Ce que nous avons à l’esprit c’est que si les troupes africaines doivent remonter au nord, il faudra que les Algériens ferment leurs frontières” a expliqué Laurent Fabius.
Serval : Les avions Rafale entrent en action et frappent les bases islamistes à Gao
13 janvier 2013 – 18:17Après des premières frappes réalisées dans le secteur de Mopti par des Mirage 2000D du dispositif Epervier au Tchad, les Rafale ont à leur tour été mobilisés dans le cadre de l’opération Serval au Mali.
Comme en mars 2011 lorsqu’il s’était agi de viser les forces du colonel Kadhafi qui menaçaient Benghazi, en Libye, les Rafale ont décollé de France, ce 13 janvier, pour effectuer des frappes au Nord-Mali, plus précisément à proximité de Gao, une ville contrôlée par le groupe jihadiste touareg Ansar Dine.
Les objectifs ciblés étaient des camps d’entraînement, des dépôts logistiques et des infrastructures servant de “bases arrière des groupes terroristes”, a précisé Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, par voie de communiqué.
Cette mission a été réalisée par 4 Rafale qui “viennent renforcer le dispositif aérien français.” Ces appareils ont donc ainsi rejoint N’Djamena, au Tchad. Selon France3 Champagne-Ardenne, ils ont décollé de la base aérienne 113 de Saint-Dizier et doivent très certainement appartenir à l’Escadron de Chasse 1/7 Provence.
Selon une source sécuritaire malienne citée par l’AFP, les principales “bases” des jihadistes, situées à Gao et dans ses environs, ont été “mises hors d’usage” par l’aviation française. “Nous voyons la fumée sortir du camp. Il n’y a pas un seul islamiste aujourd’hui dans la ville. Ils ont fui” a indiqué un enseignant installé dans cette ville.
Par ailleurs, et selon une source sécuritaire régionale, le chef du groupe Ansar-Dine, Iyad Ag Ghaly, a perdu l’un de ses lieutenant lors des combats qui ont eu lieu ces dernières heures dans le secteur de Konnar, avec la mort d’Abdel Krim, alias “Kojak” (sic!).
Consensus large de la classe politique autour de l’intervention militaire française au Mali
13 janvier 2013 – 14:18La décision du président François de répondre favorable à la demande d’aide militaire que lui avait adressé son homologue malien et par conséquent d’engager les troupes françaises au Mali afin de stopper l’offensive de groupes jihadistes vers Bamako, est soutenue par la quasi totalité de la classe politique française.
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, a parlé d’une “décision courageuse dans le respect de la légalité internationale et de l’Organisation des Nations unies” et exprimé sa “solidarité avec le peuple malien et (son) soutien le plus complet à nos forces armées.”
“Nous ne sommes pas piégés, nous prenons nos responsabilités de lutter aussi contre le terrorisme. Si le pays tombe aux mains de ces terroristes, c’est l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest qui peut s’embraser. Il y a toujours des risques mais les risques sont plus grands si le pays basculait aux mains des terroristes car ils auraient une base pour des actions beaucoup plus grandes. Il y a 3 500 ressortissants français que l’on ne peut pas laisser dans la situation difficile dans laquelle ils allaient être” a pour sa part expliqué, à l’antenne d’I-Télé, Jean-Christophe Cambadélis, le secrétaire national du PS pour les questions internationales.
Dans les rangs l’opposition, le ton est identique. L’ancien Premier ministre, François Fillon a ainsi exprimé son “soutien aux forces armées françaises engagées dans une intervention militaire contre le terrorisme à la demande du Mali”. “la lutte contre le terrorisme exige l’unité de la Nation au-delà des clivages partisans”" a-t-il estimé. Le président de l’UMP, Jean-François Copé, a quant à lui estimé qu’il “était grand temps d’agir” pour “entraver l’établissement d’un Etat narcoterroriste.”
Pour l’UDI, Jean-Louis Borloo a salué “l’esprit de responsabilité du président de la République et du premier ministre dans cette situation d’extrême urgence et de danger pour la population malienne et pour les ressortissants français.” Et d’ajouter que “même si l’unité nationale ne se décrète pas, le rassemblement des forces politiques qui concourent à la démocratie est nécessaire dans ces moments-là.”
Au MoDem, François Bayrou a jugé que la décision du président Hollande était “fondée et explicable par l’urgence” car “la progression des djihadistes en direction du sud du pays, le franchissement imminent de la ligne de sécurité, la prise de villes sur leur passage est un élément de déstabilisation gravissime pour le Mali, pour ses autorités et pour ses habitants”. Pour l’ancien candidat à l’élection présidentielle, “il est légitime que la communauté nationale et la plupart des courants d’opinion qui la composent fassent bloc devant une situation dont chacun mesure l’importance et la gravité.”
De son côté, la président du Front national, Marine Le Pen a indiqué trouver “légitime” l’intervention militaire française au Mali et qu’elle “doit être soutenue dans la mesure où notre pays a été appelé à l’aide par le gouvernement légitime du Mali en application d’une coopération de défense entre nos deux pays, dans une zone francophone”.
Au cours de ces dernières années, le FN s’était opposé aux dernières opérations militaires française. Et Marine Le Pen de s’en expliquer : “Cette intervention légitime révèle cependant un cruel paradoxe quand on sait que les gouvernements français ont contribué à faire le lit des islamistes en Libye et en Syrie en apportant aide, assistance et armes aux fondamentalistes de ces pays, utilisés aujourd’hui pour attaquer un allié historique de la France.”
Cela étant, l’on compte aussi des soutiens plutôt “tièdes”, comme celui apporté par Europe Ecologie – Les Verts, qui, membre de la majorité et présent au gouvernement, a “pris acte” de la décision du président Hollande d’engager l’armée française au Mali.
“Conscients de la gravité de la situation, en ayant une pensée pour les otages retenus dans la région, EELV, tout en regrettant que le Parlement n’ait pas été consulté en amont de cette décision, souhaite que l’opération engagée par la France soit strictement limitée dans le temps et que l’armée française laisse très rapidement la place à une force d’intervention africaine qui aura pour mission de veiller à la mise en place, en accord avec les populations concernées, d’un processus démocratique et d’une paix durable” a fait valoir le parti écologiste par voie de communiqué.
Par ailleurs, le député EELV Noël Mamère, s’il reconnaît la nécessité de “mettre un coup d’arrêt à la progression d’Aqmi”, s’est étonné que “le président de la République reproduise les mêmes méthodes que son prédécesseur en ne saisissant le Parlement qu’une fois les opérations lancées.”
Et de préciser : “Les écologistes ont toujours exigé qu’avant toute intervention militaire française le Parlement débatte et vote, comme ce fut le cas pour l’Afghanistan, c’était aussi la position du PS mais ces exigences ont été oubliées. On a le triste sentiment de revenir aux méthodes anciennes de la Françafrique. S’il y avait un vote au Parlement, je refuserai de participer à cette mascarade.”
Cela étant, le parlementaire feint d’ignorer qu’une consultation des parlementaires n’était pas possible étant donné l’urgence de la situation, sauf à prévenir les jihadistes du Nord-Mali de l’imminence de l’intervention française. Qui plus est, l’article 35 de la Constitution (et après la révision de 2008 voulue par l’ex-président Sarkozy), exige seulement une information au Parlement dans les trois jours qui suivent le début d’une opération extérieure. Dans quatre mois, les députés et les sénateurs auront à se prononcer sur la poursuite ou non de la mission.
Enfin, l’opération française a aussi ses détracteurs. A droite, l’on trouve Dominique de Villepin, qui, dans une tribune publiée par le Journal du Dimanche, parle de “virus néoconservateur”. Sceptique quant aux chances de reconquérir le Nord-Mali et d’éradiquer les bases jihadistes, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac estime que “nous nous battrons dans le vide, faute d’appui régional solide” et prône la poursuite d’un “processus politique”, “seul capable d’amener la paix au Mali.”
Co-président du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon a quant à lui estimé “discutable” l’engagement militaire au Mali et, comme Noël Mamère, “condamnable” le faut qu’il a été décidé “sans en saisir préalablement ni le gouvernement ni le Parlement.”
“L’intérêt d’une intervention militaire extérieure pour régler le problème posé au nord du Mali est discutable. En décider alors que les intérêts fondamentaux de la France ne sont pas en cause, selon le chef de l’Etat lui-même, et alors que les troupes africaines sont engagées, est discutable” a-t-il poursuivi.
Enfin, à l’extrême gauche, l’on ne pouvait guère s’attendre à une adhésion à la décision du président Hollande. Fidèle à lui-même, le Nouveau parti anticapitaliste parle d’une “intervention militaire impérialiste décidée par Hollande, une fois de plus sur le dos des peuples”, estimant que la “menace islamiste constitue le paravent de cette opération.”
Même chose pour Lutte ouvrière, qui, par la voix de Nathalie Arthaud, sa porte-parole, dénonce l’opération au Mali, décidée pour “maintenir un ordre économique qui permet aux grands groupes français de piller ces pays.”
Source et publication: Zone Militaire / http://www.opex360.com/