Alors que les Etats-Unis viennent tout juste de reconnaître la Coalition de l’opposition à Bachar al-Assad, la solution au conflit serait-elle la partition ?
Guerre civile
Alors que les attentats contre la population civile ne cessent de faire des ravages, avec le dernier en date ce jeudi à Damas ayant fait une vingtaine de morts, majoritairement des femmes et des enfants, les Etats-Unis, après beaucoup d’atermoiements et d’hésitations, viennent de reconnaître la Coalition de l’opposition, sacrée à Doha, comme seule représentante légitime du peuple syrien.
Parallèlement à cette reconnaissance, Washington vient de qualifier de "mouvement terroriste" les forces du Jabhat al-Nusra, principale force organisée des rebelles sur le terrain affilié à Al-Qaida en Mésopotamie.
Cette ambivalence de la politique américaine face au conflit syrien traduit l’embarras de l’administration Obama.
En effet, si Washington a contribué à créer et à former la coalition de Doha, destinée à voler l’exclusivité de la représentativité à l’Armée syrienne libre qui est composée exclusivement d’islamistes sunnites, le département d’Etat est forcé de reconnaître le décalage qui existe entre cette Coalition des exilés de l’étranger, ayant à sa tête Al-Khatib, un Imam modéré, si une telle chose existait, et la sociologie des rebelles qui se battent sur le terrain.
La question est d’importance car les Etats-Unis n’ont nulle envie d’apporter leur concours à une force composée de fanatiques sectaires qu’ils qualifient eux-mêmes de terroristes.
Or, les rebelles n’accordent pas de légitimité à la Coalition de Doha qu’ils qualifient de complot ourlé par l’étranger. Ils semblent ne vouloir qu’un Califat sunnite, qu’ils ont d’ailleurs proclamé à Alep, qui, au fur et à mesure que les combats perdurent, se radicalise davantage.
A un moment où le vice-ministre des Affaires étrangères russe, Mikhail Bogdanov, vient d’évoquer pour la première fois la perspective de la victoire des insurgés, l’enjeu humanitaire prend tout son sens.
Qu’adviendra-t-il des Alaouites, Chrétiens, Druzes, Kurdes et autres Chiites syriens après une telle victoire des rebelles sunnites ?
Quelle mesure concrète est-ce que la communauté internationale, les Etats-Unis en premier, se propose-t-elle de prendre afin d’éviter un nettoyage ethnique en règle ?
S’il semble que les forces spéciales américaines sont en train d’entrainer des miliciens syriens dans la perspective d’une débâcle du régime de Bachar al-Assad, et ce, en vue d’assurer la protection des sites contenant d’armes chimiques, rien ne semble être prévu pour assurer la protection des minorités ethniques.
A moins que le monde se prépare à l’idée de voir des barbus criant "Allah Akbar" et décapitant les minorités, des mesures doivent être prises.
L’autre option qui pourrait se dessiner est celle de la division du pays en trois parties, respectivement, Alaouites, Kurdes et Sunnites.
En pareil cas, la partie sunnite n’aurait accès ni à la mer ni aux rares ressources pétrolières du pays car le bord de mer est principalement alaouite avec, les gisements miniers d’hydrocarbures, la ville de Lattaquié qui est le berceau historique de la famille Assad et la base militaire russe de Tartous.
En effet, il faut bien appréhender la sociologie communautaire du pays qui ne ressemble en rien à la Tunisie ou à l’Egypte avec leurs populations relativement homogènes.
La nature sectaire et communautaire du conflit syrien fait que la chute d’Assad ne signifiera en rien la fin de la guerre civile qui se poursuivra, chaque communauté se battant pour assurer sa survie.
La partition après tout, ne serait peut-être pas une si mauvaise chose, ce d’autant que la partie qui serait réservée aux Alaouites serait celle qui sera frontalière d’Israël, la frontière la plus sûre de l’Etat Hébreux pendant les 42 ans de règne des Assad.
Autrement, Israël risquerait d’avoir un deuxième Hamas mais cette fois de 20 millions d’habitants à sa frontière.