06/12/2012
Égypte : «Si cette constitution est adoptée, Le Caire deviendra Kandahar» (Mahmoud Salem)
Mahmoud Salem (alias Sandmonkey) est un blogueur et activiste égyptien bien connu. Il est souvent interviewé par les médias occidentaux et invité à prendre la parole dans des conférences en Europe et aux États-Unis.
Son compte Twitter a des dizaines de milliers d'abonnés. Il s'y décrit comme "extrêmement laïque". Dans cet article, il explique pourquoi les salafistes, des partisans de l'application stricte de la charia, se sont ralliés au projet de constitution.
Jusqu'à récemment, la majorité des partis salafistes d’Egypte avaient l'intention de voter contre le projet de constitution qui doit être soumis à un référendum dans deux semaines.
Bien que certains extrémistes continuent d'appeler à un boycott, la grande majorité d’entre eux se mobilisent en faveur de la constitution. Ils étaient opposés à la constitution parce qu’à leurs yeux, elle n’était pas assez «islamiste» : ils appelaient à l’instauration stricte de la charia, y compris comme base des jugements des tribunaux.
À première vue, il semblerait qu'aucun article du projet de constitution n'aborde clairement cette question. Il faut un examen plus approfondi pour le trouver, quelques mots sans prétention dans un article passé largement inaperçu : l’article 76.
L’article 76 stipule ce qui suit : Les peines doivent être personnalisées. Toutes les peines et les délits doivent être prévus par un texte constitutionnel ou par la loi. Aucune peine ne peut être imposée autrement que par décision judiciaire. [ ]
Dans ce cas, la recherche d'une loi … renverra directement à l’article 2 de la Constitution qui prévoit que «les principes de la charia islamique constituent la principale source de la législation». Ces Principes de la Charia Islamique sont définis à l’article 219 : Les principes de la charia islamique comprennent la preuve générale, les règles fondamentales, les règles de jurisprudence, et les sources crédibles reconnues par la doctrine sunnite et l’ensemble de la communauté.
Cela signifie que tout précédent basé sur la charia dans les 1400 ans de jurisprudence islamique et toute décision rendue par une «source crédible» sont conformes au projet de Constitution de l’Égypte. Cela comprend les peines bien connues pour le vol, l’adultère, l’idolâtrie et le meurtre - l’amputation des mains, le fouet, la lapidation à mort, le rachat de sa liberté, respectivement – ainsi que les crimes sociaux moins connus qu’aucun musulman modéré ne considère aujourd’hui comme un crime. [ ]
Si cette Constitution est adoptée, Le Caire deviendra véritablement Kandahar, avec la bénédiction du Président égyptien et des Frères musulmans.
J’espère que le cessez-le-feu à Gaza en valait la peine, cher Président Obama.
Source : Why the Salafis Agreed to the Constitution, par Mahmoud Salem, Egypt Source, 3 décembre 2012. Traduction par Poste de veille