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DOSSIER: LA FRANCE ET LE GAZ DE SCHISTE .......

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AUGMENTATION DU GAZ  ???

 

Gaz de schiste : « La France est bénie des dieux »

Tribune libre de Jean-Yves Naudet*

La formule est de Michel Rocard, dans un entretien accordé au journal Le Monde, et elle brise ainsi un tabou.

Le rapport Gallois, pourtant dans l’ensemble politiquement correct, avait aussi plaidé « pour que la recherche sur les techniques d’exploitation des gaz de schiste soit poursuivie ».

 

Le gouvernement s’est empressé de refermer la porte, même si le Président de la République, écartant radicalement la fracturation hydraulique, a ré-entrouvert la porte « au cas où des techniques nouvelles… ».

Tout cela pose le problème des ressources énergétiques dont l’exploitation chez nous est suspendue aux décisions arbitraires de l’État. 

La politisation du marché pétrolier par l’OPEP

Personne ne peut nier l’importance des questions énergétiques. Le basculement du bois au charbon, puis du charbon au pétrole, puis du pétrole au nucléaire, par exemple, a profondément marqué l’histoire économique.

Les chocs pétroliers sont là pour nous rappeler l’importance de la question, et les drames de sa politisation. Les questions énergétiques ont en effet été perturbées par les décisions étatiques et par les positions idéologiques.

Le cas du pétrole est significatif : un cartel de pays producteurs (l’OPEP), s’étant constitué dans les années 60 et représentant alors l’immense majorité des exportations pétrolières, a pu, à l’occasion d’évènements militaires au Proche-Orient, manipuler artificiellement les cours, multipliant les prix par quatre (en 1973) puis par douze (en 1979).

Mais le marché a finalement repris ses droits : la hausse des cours a encouragé la recherche pétrolière et a ouvert l’ère du pétrole « off shore », ainsi que les sources alternatives d’énergie, réduisant ainsi la part du pétrole OPEP dans les approvisionnements énergétiques : d’où la baisse des cours.

Retournement insupportable pour l’OPEP, qui n’a eu de cesse depuis que de manipuler les cours par la politique des quotas, restreignant artificiellement sa production.

Mais le marché de l’énergie et la conjoncture économique auront payé un lourd tribut à la politisation.

La politisation de l’énergie en France

La politisation de l’énergie s’amplifie encore si on passe au cadre national. Car le prix de l’énergie, déjà faussé par l’OPEP, va exploser sous le poids de la fiscalité.

Les États s’en donnent à cœur joie, à cause de l’inélasticité de la demande d’énergie par rapport à son prix. Ainsi, par exemple, l’automobile est-elle devenue l’une des vaches à lait des États.

Certains Etats vont même jusqu’à fixer les prix : le candidat Hollande avait promis un blocage des prix, le Président Hollande a ensuite pris quelques mesurettes fiscales pour les faire baisser. Finalement il n’y a plus aucun lien avec la réalité : on ne connaît que des « faux prix ».

En France, cette politique des faux prix est systématique dans l’énergie : le Conseil d’État a dû annuler les mesures gouvernementales manipulant trop ostensiblement les prix du gaz ou de l’électricité. Dans le domaine de la distribution de l’énergie, les anciens monopoles publics font tout pour conserver leur situation dominante.

Quant aux énergies nouvelles, hier le nucléaire, puis aujourd’hui l’éolien, elles sont du domaine réservé de l’État, qui définit les priorités, décide de développer ceci ou cela, sans aucun souci de la réalité des marchés.

Les États-Unis, premiers producteurs de pétrole

Ce sont encore des décisions étatiques tout aussi arbitraires qui bloquent le développement d’autres sources énergétiques.

Cela concerne en particulier l’exploitation des gaz de schiste, voire même – comme en France – leur simple exploration.

L’interdiction est une décision purement politique, découlant de préjugés peu scientifiques ou de la volonté de ménager les alliés écologistes.

Ecoutons en réponse Michel Rocard, qui n’est pourtant pas réputé pour son « ultra-libéralisme » : « On a un réflexe fantasmé un peu du même type que face aux OGM.

Quand on sait que le gaz de Lacq était extrait par fracturation hydraulique sans dégâts sur place, on s’interroge. Or la France est bénie des dieux.

Pour l’Europe, elle serait au gaz de schiste ce que le Qatar est au pétrole. Peut-on s’en priver ? Je ne le crois pas ».

Au moment où la France ferme la porte à ces formes d’énergie, on apprend qu’aux États-Unis, où la recherche et l’exploitation sont libres, la production de pétrole « non conventionnel » et de gaz non conventionnel aussi se développe à très grande vitesse.

Selon le rapport annuel de l’Agence internationale pour l’énergie, la production américaine pourrait dépasser celle de l’Arabie saoudite en 2017 et les États Unis seraient exportateurs nets de pétrole vers 2030 ! Voilà de quoi dynamiser la croissance américaine.

Ici comme ailleurs, la liberté fait la différence.

« Nul ne sait aujourd’hui si le gaz de schiste sera une solution durable. On sait à l’inverse que c’est une solution pour l’immédiat, et vraisemblablement pour ce siècle. »

Le sous-sol français est nationalisé

En France, on préfère les préjugés idéologiques et les décisions arbitraires.

De façon générale l’énergie, comme naguère le transport, est affaire d’État : pas de discussion, on gouverne par décret. C’est ainsi que la réduction de la part du nucléaire récemment planifiée ne résulte pas de données économiques, mais de marchandages entre les socialistes et les Verts.

S’agissant du gaz de schiste, les choses sont encore plus nettes, puisqu’en vertu des lois de Napoléon, le sol est susceptible d’appropriation privée (une chance !) mais le sous-sol est propriété de l’État !

Ce sont donc les autorités publiques qui détiennent tous les pouvoirs.

La nationalisation renforce ainsi la politisation, et on peut faire confiance à la classe politique pour penser, dire et décider n’importe quoi.

Ainsi la brave NKM a-t-elle décidé Nicolas Sarkozy (dont elle sera la directrice de campagne, avec le succès que l’on sait) à retirer les autorisations d’exploration qui avaient été accordées à Total (qui s’est empressé d’aller creuser le sous-sol canadien).

Ainsi un élu vert a-t-il affirmé sur BFM qu’il était inutile de développer les gaz de schiste, puisque dans 80 ans les réserves seraient épuisées !

Créativité et liberté

Tous ces gardiens du temple écologique ont une vision pessimiste de l’être humain, pilleur de la nature et privé de toute capacité de s’adapter.

L’humanité en panne d’énergie, et par sa faute : c’était déjà le discours du club de Rome dans les années 1950, prévoyant qu’il n’y aurait plus une goutte de pétrole en l’an 2000. Nous sommes en 2012 et il en reste encore pour pas mal d’années !

Ces malthusiens ignorent la créativité de l’homme : les ressources dites « naturelles » n’existent que parce l’homme les a découvertes, avec ses ressources intellectuelles.

Mais les hommes ne peuvent exploiter leurs ressources intellectuelles que dans un contexte de liberté. Il faut d’abord la liberté des prix.

Seul le prix de marché – et non les gouvernements – peut indiquer les raretés présentes et anticiper les raretés futures. Il faut ensuite la liberté de recherche et la liberté d’exploitation. Car à quoi sert l’information fournie par le prix si l’offre ne peut s’adapter ?

Nul ne sait aujourd’hui si le gaz de schiste sera une solution durable. On sait à l’inverse que c’est une solution pour l’immédiat, et vraisemblablement pour ce siècle. Peut-être d’autres sources ou d’autres formes d’énergie apparaîtront-elles plus tard.

Le relais éventuel sera pris quand le marché mondial de l’énergie donnera l’alerte, et stimulera l’apparition d’autres solutions.

On peut faire confiance à la créativité humaine. Les hommes politiques prétendent à l’inverse être les seuls à qui les peuples doivent faire confiance. Ils se croient infaillibles, mais pour l’instant ils nous conduisent à la catastrophe, dans le domaine de l’énergie comme dans les autres.

 

*Jean-Yves Naudet est un économiste français.

Il enseigne à la faculté de droit de l’Université Aix-Marseille III, dont il a été vice-président.

Il travaille principalement sur les sujets liés à l’éthique économique.

> Cet article est publié en partenariat avec l’ALEPS.


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