Les États-Unis exhortent la Turquie à cesser de bombarder les milices kurdes syriennes
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La Turquie et l’Arabie Saoudite ne se cachent pas de préparer une intervention terrestre en Syrie, officiellement pour combattre Daesh (État islamique ou EI).
Et de préciser que cette opération ne serait lancée qu’à la demande de la coalition anti-jihadiste menée par les États-Unis.
Comme la Russie, qui, sous couvert de s’en prendre à Daesh, défend, en Syrie, ses intérêts et donc le régime de Bachar el-Assad, il est probable que ces deux pays aient aussi d’autres intentions, même si, effectivement, ils ont des raisons de combattre l’organisation jihadiste, dont le chef, Abu Bakr al-Baghdadi, ne fait pas mystère de son intention de déstabiliser l’Arabie Saoudite.
Pour cette dernière, l’on peut penser que l’envoi de forces terrestres en Syrie soit aussi motivé par la volonté d’en découdre avec les milices chiites déployées par l’Iran aux côtés du régime de Bachar el-Assad (dont Riyad veut la chute) et de sortir d’une mauvaise passe les groupes rebelles – islamistes – que le royaume soutient.
Quant à la Turquie, qui a attribué à Daesh la responsabilité de plusieurs attentats meurtriers commis sur son territoire, il s’agit de précipiter la fin d’el-Assad tout en s’en prenant aux forces kurdes syriennes, alliées du PKK, le mouvement séparatiste kurde contre lequel Ankara se bat depuis plus de 30 ans.
Seulement, les Unités de protection du peuple (YPG), bras armé du Parti kurde de l’union démocratique, combattent aussi Daesh avec des groupes arabes armés au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS).
Ces dernières sont soutenues par les États-Unis, et donc, par la coalition internationale à laquelle appartient la Turquie, ainsi que par la Russie (dont les relations avec Ankara sont devenues détestables). Et elles ont obtenu des résultats notables face à Daesh.
Ce soutien américain aux YPG n’est évidemment pas du goût du président turc, Recep Tayyip Erdogan qui, il y a quelques jours, a accusé Washington d’ »avoir créé une mare de sang en s’alliant avec les Kurdes de Syrie ».
Pour autant, la diplomatie américaine rappelle qu’elle considère toujours le PKK, allié du PYD, comme une organisation terroriste.
Par ailleurs, et histoire de compliquer davantage les choses, la Turquie s’entend paradoxalement très bien avec les Kurdes irakiens, qui ont remporté des succès significatifs contre Daesh dans le nord de l’Irak. Et cela parce que ces derniers entretiennent de mauvaises relations avec leurs homologues turcs et syriens…
C’est donc dans ce contexte que, le 13 février, l’artillerie turque a bombardé des positions tenues par les YPG dans le nord de la Syrie. Mais pas seulement car elle aussi riposté à des tirs des forces du régime syrien sur un poste militaire situé dans la région d’Hatay (sud de la Turquie).
Ces bombardements turcs ont été effectués après l’annonce, le 11 février, de l’avancée des miliciens kurdes syriens dans la région d’Alep, où ils ont pris le contrôle de base aérienne de Minnigh, jusqu’alors tenu par les rebelles islamistes.
Et cela, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé à Londres, avec le concours de frappes aériennes russes.
Située à seulement une dizaine de kilomètres de la Turquie, la ville de Minnigh est stratégique dans la mesure où elle se situe entre deux routes essentielles reliant Alep à Azaz.
Leur contrôle devrait permettre aux YPG de lancer de nouvelles offensives contre Daesh vers l’Est… et donc de progresser le long de la frontière turque.
D’où la réaction d’Ankara, annoncée peu avant les bombardements contre les YPG dans le secteur de Minnigh. « Nous pouvons si besoin prendre en Syrie les mêmes mesures qu’ (…) à Qandil », a en effet affirmé Ahmet Davutoglu, le Premier ministre turc, en référence aux opérations menées en 2015 contre le PKK, dans cette montagne du nord de l’Irak.
Reste que ces derniers développement mettent la coalition anti-Daesh dans l’embarras…
« Nous avons pressé les Kurdes syriens et d’autres forces affiliées aux YPG à ne pas profiter de la confusion en s’emparant de nouveaux territoires.
Nous avons aussi vu des informations concernant des tirs d’artillerie depuis le côté turc de la frontière et avons exhorté la Turquie à cesser ces tirs », a réagi John Kirby, le porte-parole de la diplomatie américaine.
« Nous sommes inquiets de la situation au nord d’Alep et nous nous efforçons de faire baisser les tensions de tous les côtés », a-t-il encore assuré.
Pour le moment, l’appel lancé à la Turquie est resté sans effet.
Selon l’agence Reuters, l’armée turque a repris, ce 14 février, ses bombardements contre les YPG à Minnigh.
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