Piquemal: l’armée s’est-elle réveillée?
Piquemal fait machine arrière
La Chancellerie a mis les petits pas dans les grands pour calmer le jeu. La comparution immédiate de Piquemal a finalement cédé, « en raison de son état de santé« , la place à une comparution au mois de mai. Cette façon élégante de botter en touche et de désamorcer la crise s’est accompagnée d’un petit geste de l’intéressé: celui-ci a fait part de ses regrets.
« Je regrette de m’être trouvé avec eux, j’aurais préféré qu’on soit seuls, ça ne ce serait pas passé comme ça car nous nous sommes un cercle citoyen », a-t-il déclaré sur RTL.
Tu présentes tes excuses, et tu bénéficies d’une mesure de clémence le temps que les passions retombent.
Piquemal lâché par la Légion
Dans la journée, la Fédération des Anciens de la Légion a apporté son seau d’eau au combat contre l’incendie. Son président s’est désolidarisé de Piquemal, en rappelant l’obligation de réserve des légionnaires. La méthode n’est pas complètement propre, pas complètement surprenante, et en dit long sur l’émoi qui s’est emparé de l’armée.
Manifestement, les pressions sont allées bon train sur les officiers supérieurs pour apaiser les tensions et éviter l’ouverture d’un front extrêmement dangereux où la justice et le pouvoir seraient entrés en conflit avec l’état-major ou une partie de celui-ci.
Piquemal a-t-il réveillé la Grande Muette?
En creux, cette affaire laisse paraître une crise grandissante au sein de l’armée. Si le gouvernement a fait machine arrière dans sa détermination à juger Piquemal, c’est évidemment parce que l’armée a réagi vivement et de façon inquiétante durant le week-end. Il faut probablement voir dans cet incident une alerte sérieuse sur le moral des troupes.
N’oublions jamais que, depuis 1789, l’essentiel des changements de régimes républicains a été le fruit de militaires. Ce fut le cas avec La Fayette, qui ébranla fortement la monarchie, avec Bonaparte, avec Pétain et avec De Gaulle. Depuis 1875, les changements de régime se sont toujours produits par une intervention d’un officier supérieur.
Piquemal et le moral des armées au plus bas
On notera au passage que le moral des militaires est au plus bas, et que l’armée est discrètement inquiète par la radicalisation d’un certain nombre de ses éléments.
Le renseignement militaire, selon le Canard Enchaîné, ne cache plus son émoi face au nombre grandissant de cas de radicalisations dans le rang.
Certains militaires seraient passés au service de Daesh, et la crainte de voir un engagé commettre un attentat avec son arme de service existe.
Encore un élément qui montre qu’un malaise s’est fait jour dans le pays, dans l’indifférence apparente des décideurs publics.