Tunisie : Le terrorisme peut triompher
de l’état de droit
Tunisie : Le terrorisme peut triompher de l’état de droit
La stratégie anti touristes risquerait d’en être validée. La Tunisie va mal.
Les grandes déclarations idéologiques sur le pays arabe qui aurait réussi même à retardement son printemps sont face à la fracture économique.
5 ans après que Ben Ali soit parti pour une vie confortable en Arabie saoudite, la misère progresse dans le pays.
Certes, l’horrifique parenthèse du régime islamique a été provisoirement refermée. Mais les avancées même modestes de l’état de droit sous le contrôle partiel des « anciens » sont confrontées au risque d’une nouvelle explosion sociale.
L’économie tunisienne ne cesse de régresser. Cet échec du pouvoir actuel est largement dû à l’effondrement du secteur touristique en raison de l’incapacité de l’état à rassurer sur la sécurité, face au terrorisme islamique
. Si la Tunisie était déstabilisée à nouveau à cause de cette stratégie ce serait un encouragement terrible pour la multiplier partout du Maroc à l’Indonésie.
Une fois de plus l’enjeu Tunisie se révèle majeur
En 2015, la croissance devrait être inférieure à 1%, notamment plombée par la crise du secteur touristique, conséquence de l’instabilité et des attaques djihadistes. Le chômage au niveau national dépasse 15% et atteint le double chez les diplômés.
Selon une étude publiée par l’institut WIN/Gallup International et repérée par le Huffpost Maghreb, les Tunisiens seraient eux-mêmes pessimistes concernant l’année à venir.
À la question «Pensez-vous que 2016, sera meilleur, pire ou pareil que 2015?», 45% des personnes interrogées estiment que 2016 sera pire que 2015.
Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi s’immolait par le feu à Sidi Bouzid. Son décès est considéré comme l’étincelle de la révolution tunisienne.
Aujourd’hui, c’est la mort de Ridha Yahyaoui qui enflamme le cœur de la Tunisie. Ce jeune chômeur de 28 ans est mort électrocuté samedi, en haut d’un poteau près du siège du gouvernement à Kasserine, alors qu’il manifestait pour son droit au travail.
Le mouvement s’est étendu les jours qui suivirent à de nombreuses villes et des heurts avec les forces de l’ordre se sont produits. «C’est comme si nous étions encore à la fin 2010-début 2011. Kasserine est en feu et les villes voisines l’appuient, les manifestants prennent les rues et les institutions publiques, la police fait usage de la force et l’armée intervient», raconte le quotidien arabophone Al Chourouk.
Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Walid Louguini, a justifié ce couvre-feu par la nécessité de «protéger les vies», d’éviter toute «escalade» mais aussi d’empêcher «les éléments terroristes d’essayer d’exploiter cette situation».
L’instabilité ne peut que favoriser les terroristes et décourager le retour des touristes.
La Tunisie n’est pas sortie du tunnel où l’a plongé l’islamisation politique puis terroriste d’un faux printemps arabe.
L’exemple tunisien salué par certains, reste plus que fragile. Il est même en ce moment plus menacé que jamais depuis le départ du pouvoir politique des islamistes
Jean Bonnevey
Source: http://metamag.fr/2016/01/21