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TRIBUNE LIBRE, POINT DE VUE ........

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Publié le 02 décembre 2012 à 9:20 dans Culture

 

flavigny gender studies

Ce texte, préface à La Querelle du genre de Christian Flavigny, est la propriété des Presses Universitaires de France (PUF).

Nietzsche voyait dans la lutte des femmes pour l’égalité des droits « un symptôme de maladie ».

Son diagnostic sur ce qu’il nommait alors« l’éternelle guerre entre les sexes », voire « la haine mortelle des sexes »1paraîtra sans doute excessif ; il est en réalité insuffisant.

Car ce n’est plus de guerre entre les sexes et de haine des sexes dont il est question dans lesgender studies ou « études de genre », mais de guerre contre le sexe et de haine du sexe, qu’il soit masculin ou féminin.

Comme si l’égalité des sexes passait désormais par leur neutralisation. […] Il ne faudrait donc plus parler de l’égalité des sexes, mais de l’égalité des genres, les genres n’étant plus sexués en « homme » et en « femme », en « mâle et en femelle », en « garçon » et en « fille » et, a fortiori, en XY et en XX.

La différence sexuelle étant dissoute au même titre que la différence génétique, il n’y aurait plus d’obstacle à la suppression de la différence sociale.

Ainsi peut-on, en première approximation, résumer la théorie du genre,« mythe contemporain » examiné par le docteur Christian Flavigny.

Il rappelle qu’elle est apparue aux États-Unis et que, aux yeux des Américains, elle tient à l’opposition du « sexe », dans sa détermination physiologique, et du « genre », dans son sens psychologique, la dérive psychologisante entraînant rapidement une dérive sociologisante.

Dans sa radicalité, en effet, la théorie du genre affirme qu’il n’y a pas d’identité sexuelle relevant de la nature, mais une identité générique, relevant de la culture, la seconde étant la cause des inégalités entre les pratiques sexuelles.

[...]

 

La Querelle du genre, Christian Flavigny (PUF)

  1. Friedrich Nietzsche, Ecce Homo, « Pourquoi j’écris de si bons livres », § 5. Souligné par Nietzsche. 
  2. Judith Butler, « Le transgenre et les “attitudes de révolte” », Sexualités, genres et mélancolie. S’entretenir avec Judith Butler, sous la direction de Monique David-Ménard, Paris, Campagne Première2009, p. 22. 
  3. Monique Wittig, La Pensée straight, Paris, Éditions Amsterdam, 2007, p. 13 et p. 36. 
  4. Judith Butler, Trouble dans le genre. Le féminisme et la subversion de l’identité, Paris, La Découverte, 2006, p. 73. 
  5. Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, I, « La vieille et la jeune femme ». 

Source et publication:     http://www.causeur.fr/cest-mon-genre-cest-mon-choix,20222

ET  AUSSI
 

Après mai, fais ce qu’il te plaît

Un film d’antiquaire

Publié le 01 décembre 2012 à 18:00 dans Culture

Mots-clés : 

apres mai assayas

Il y a dans Après mai une séquence où les jeunes se retrouvent en masse, fument des pétards (voire plus), écoutent de la musique et font un immense feu de joie. Une scène semblable, on l’a déjà vu dans L’eau froide, le meilleur film d’Assayas à ce jour. Et la comparaison de ces deux moments suffisent à montrer que quelque chose s’est perdu chez le cinéaste : ce que son film possédait, il y a (presque) 20 ans, comme énergie et souffle romantique, on peinera à le retrouver ici. Alors qu’il était autrefois au cœur de l’action et du grand brasier de la révolte, Assayas joue désormais au moraliste qui va tirer des leçons de l’Histoire.

Autre petit détail qui en dit long : un de ses personnages lit les Écrits de Malevitch qui ne sortiront pourtant qu’en 1975 aux éditions Champ libre. On va me dire que je chipote et qu’une petite erreur de ce style est totalement insignifiante. Sauf qu’elle est assez révélatrice de la manière dont Assayas s’empare de ce qui l’intéresse dans cette époque pour justifier son propos. Ainsi, son héros (Gilles) sera celui qui lit systématiquement les bons livres (Simon Leys, les situationnistes…) et qui a raison contre tout le monde (évidemment que Malevitch est mille fois plus intéressant que Mao et Trotsky!) . Son regard rétrospectif n’est pas dénué de cette manie contemporaine qui ne cherche pas à se plonger dans les moments historiques pour tenter de les comprendre mais les juge à l’aune de notre médiocre présent où tout ce qui s’éloigne un tant soit peu de la ligne démocratico-droit-de- l’hommiste est tenu pour suspect !

Après mai nous invite à une petite balade au début des années 70 (en 1971, pour être précis). Après l’onde de choc de Mai 68, la jeunesse reste fortement politisée et mobilisée. Des lycéens organisent des manifestations, se révoltent contre l’oppression du Pouvoir et de la police de Marcellin. Mais des luttes intestines au sein de ces groupes révolutionnaires voient le jour, entre les trotskistes orthodoxes, les mao-spontex et ceux qui, comme Gilles, préfèrent une voie libertaire et artistique.
Le film se suit au début sans ennui mais sans véritable passion dans la mesure où Assayas échoue à trouver un souffle romanesque et se contente d’une sorte de catalogue de brocante en alignant les vignettes si « typiques » de l’époque : la collection de vinyles, la Free Press, les tenues improbables, la liberté sexuelle, la drogue, les différentes faces du discours politique d’alors, etc.

Après mai est un film d’antiquaire (comme le dit justement Burdeau avec lequel je n’ai pourtant aucune affinité) où le cinéaste retombe dans les travers du film de « reconstitution » qui plombaient déjà ses Destinées sentimentales (quel pensum!).
Pour Assayas, il s’agit de se replonger dans ces années-là pour justifier son parcours de cinéaste, d’abord tenté par la révolte radicale (la tentation de la clandestinité pointe le bout de son nez chez certains des camarades de Gilles) puis s’éloignant du « tout politique » pour choisir une voie artistique. Cette vision n’est pas forcément blâmable mais elle gêne dans la mesure où jamais le cinéaste ne laisse planer un peu d’ambiguïté. Le regard que Gilles porte sur l’époque est biaisé dans la mesure où c’est celui de l’auteur 40 ans après. Du coup, le film navigue entre un folklore un peu poussiéreux (les films militants aussi riant qu’un discours de chef de cellule cégétiste!) et un regard assez condescendant sur l’époque. Comme si Gilles devinait d’emblée TOUTES les « erreurs » et les impasses dans lesquelles allaient s’engouffrer ses contemporains.
Un exemple entre mille, même si il est à peine suggéré : en Italie, un type affirme que la CIA cherche par tous les moyens à empêcher les communistes de prendre les pouvoirs et qu’elle est prête à tous les coups. Or même si ce n’est pas dit, Assayas pense, à mon avis, aux écrits de Debord et Sanguinetti sur les collisions entre la CIA et les brigades rouges qui furent le meilleur moyen trouvé pour sauver le capitalisme en Italie. Mais cette vision est inimaginable en 1971 et montre bien de quel point de vue se place le cinéaste : celui de quelqu’un qui surplombe l’Histoire et en tire des conclusions sans véritablement se mouiller.

Quel intérêt de montrer les impasses (sans doute réelles) du gauchisme si le programme est déjà établi d’avance et qu’il n’y a pas de véritable altérité ? Les personnages qui entourent Gilles restent des caricatures (ceux qui se radicalisent, ceux qui veulent se « caser » ou partir…). Et ils permettent à Assayas de multiplier les vignettes si « signifiantes » (tout ce qui est relatif aux « voyages » vers le Népal ou l’Afghanistan, à l’avortement, aux drogues dures…) mais qui ne dépassent jamais le stade du catalogue.
Et dans cette forêt, seul le héros, très conscient de ce qui est le chemin « juste », trace sa voie avec l’aplomb de celui que sait déjà. Et dans la mesure où tout est déjà tracé, le film n’a plus qu’à illustrer un peu fadement des « traces » d’une époque révolue.

Même la dimension sentimentale et romantique paraît très fabriquée. Gilles reste hanté par une jeune fille qui le quittera et se brûlera les ailes à la flamme des excès de l’époque. À la fin du film, son visage réapparaîtra sur un écran de cinéma (expérimental), comme si notre héros avait enfin réussi à dépasser ses contradictions et les résoudre dans l’Art (le cinéma comme moyen de donner une éternité à un sentiment amoureux). Mais même ici, on sent que le cinéaste n’est pas véritablement habité (à l’inverse d’un Garrel lorsqu’il réalise Les amants réguliers).
Voulant fuir à tout prix l’écueil du film d’ « ancien combattant », il ne parvient pas à donner un tant soit peu de fièvre subjective à son œuvre , se contentant (c’est devenu une habitude chez lui depuis 4-5 films) d’apposer sa « griffe » sur ce qui n’est pourtant, au final, que du cinéma de « qualité française » assez ronronnant…

 

Source :  http://www.causeur.fr/un-film-antiquaire,20215


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