Sahl al-Ghab, Palmyre, Zabadani : l’armée syrienne est à l’offensive
L’Etat syrien, dont on annonçait l’effondrement prochain après une série de revers en avril et en mai, est passé à l’offensive sur plusieurs fronts, mettant en déroute les brigades extrémistes coalisées sous la houlette de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie saoudite.
En lançant une offensive fulgurante dans la région de Sahl al-Ghab, une région stratégique au nord de la province de Hama, Sahl al-Ghab, Palmyre, Zabadani: l’armée syrienne est à l’offensive ; elle montre une grande capacité à manœuvrer et à attaquer. En quelques heures seulement, «l’armée de la conquête», formée autour du Front al-Nosra, la branche syrienne d’«Al-Qaïda», et des ultra-salafistes d’Ahrar al-Cham, a perdu presque toutes les positions qu’elle avait occupées la semaine dernière.
Sahl al-Ghab est une région hautement stratégique, car elle commande l’accès à la province de Lattaquié et ouvre la voie vers Hama.
Avançant sur plusieurs axes sous une intense couverture assurée par l’aviation, l’artillerie et les lance-roquettes multitubes, des milliers de soldats syriens, appuyés par des unités de l’Armée de défense nationale et les comités populaires, formés d’habitants d’Idleb et de Hama, a repris la quinzaine de collines occupées par les extrémistes. Elle s’est également emparée des villages de Ziyadiyé, Kherbet Naqous et Mansoura, ainsi que de la centrale électrique de Zeyzoun. L’avant-garde de l’armée syrienne est arrivée aux abords de la localité de Sermaniyé, à 7 kilomètres seulement de la ville stratégique de Jisr al-Choughour, dont la prise par les terroristes, en mai, avait alimenté tous les pronostics sur la chute prochaine du régime syrien.
Mais l’Armée arabe syrienne a encore une fois démenti toutes ces prédictions, en montrant une grande capacité à lancer de vastes offensives, qui ont pris de cours les groupes terroristes, qui disposent pourtant d’armes américaines sophistiquées, comme les missiles antichars TOW.
La progression de l’armée syrienne a été confirmée par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), proche de l’opposition, et par les agences internationales.
Une armée flexible et réactive
Les experts n’ont pas manqué d’exprimer leur étonnement devant l’avancée fulgurante des troupes syriennes, dirigées par le célèbre colonel Souheil al-Hassan, surnommé le tigre, à la tête de la division d’élite la plus redoutable. Ces succès font suite à une réorganisation de la chaine de commandement militaire, afin de pallier aux lacunes apparues ces derniers mois, provoquées par la lenteur du processus de prise de décision au sein de l’armée dans des situations où des choix immédiats doivent être pris. Les experts soulignent une meilleure réactivité de l’armée syrienne, qui est désormais capable de transporter des troupes d’un front à l’autre avec beaucoup plus de facilité et de rapidité.
C’est donc en réagissant très vite à l’offensive des extrémistes, la semaine dernière, que l’armée a pu dans une première étape stopper l’avancée de l’«armée de la conquête» avant de lancer une vigoureuse contre-attaque. Cela n’a pas laissé le temps aux extrémistes de fixer et de renforcer leurs lignes de défense. L’intensité des raids aériens pendant trois jours (près de 250) a permis l’avancée des chars, généralement mis en difficulté par les missiles TOW.
La reprise de cette région permet aux troupes gouvernementales de sécuriser la route qui va de Hama au Sahl, en passant par Idleb.
La progression de l’armée syrienne dans la campagne d’Idleb est la manifestation d’une tendance offensive augurant de la fin des succès enregistrés depuis avril par les extrémistes. Dans le centre, l’armée syrienne a lancé une contre-attaque, récupérant des centaines de kilomètres carrés à l’est de la campagne de Homs, face à «Daech». Les troupes loyalistes ne sont plus qu’à un kilomètre de la ville antique de Tadmor (Palmyre) et ont commencé un mouvement d’encerclement. Dans le sillage de cette offensive, elles ont repris une grande partie des champs gaziers de la province.
Grignotage à Zabadani
L’armée syrienne et son allié libanais, le Hezbollah, avancent dans la ville de Zabadani, dernier bastion extrémiste à la frontière syro-libanaise. Les terroristes, qui étaient déployés sur une superficie de 25 kilomètres carrés, sont désormais encerclés dans une poche de 3 kilomètres carrés dans le centre-ville. Le Hezbollah, qui est le fer de lance dans cette bataille, a opté pour la tactique du grignotage, afin de limiter les pertes dans ses rangs, surtout que sur ce front, le facteur temps est à son avantage.
Dans le sud, l’armée syrienne n’est pas à l’offensive certes, mais elle a opté pour la tactique de la défense positive. Cela lui a permis de briser les quatre attaques majeures lancées par les terroristes ces cinq dernières semaines contre la ville de Daraa, leur infligeant de lourdes pertes.
L’avancée fulgurante à Sahl al-Ghab et Palmyre, ainsi que la progression à Zabadani et la défense efficace à Deraa prouvent que les dysfonctionnements dans la coordination militaire ont été résolus. Ceux qui rêvent d’une chute prochaine du régime doivent, encore une fois, revoir leurs calculs.
Samer R. Zoughaib