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TRIBUNE LIBRE, POINT DE VUE ET CONSTAT ! REVUE DE PRESSE !

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1815-2015 : refermons la parenthèse de la domination anglo-saxone !
Cuirassiers français face aux carrés britanniques à Waterloo.

1815-2015 : refermons la parenthèse de la domination anglo-saxone !

 

Comme l’a très bien décrit Éric Zemmour dans « Mélancolie française », la défaite à Waterloo en 1815 a consacré le début de la domination sans partage du monde anglo-saxon, de l’empire britannique d’abord, relayé ensuite par l’empire américain.

Napoléon, dernier rempart à la mondialisation anglo-saxone

Marquant l’issue d’une formidable et ultime tentative de reprise en main de domination française sur l’Europe, les Cent Jours et, au-delà, la période dite des « guerres napoléoniennes » sont les symboles magnifiques de cette génération issue de la Révolution pétrie de patriotisme et de valeurs chevaleresques. Cette période de réaffirmation temporaire de la puissance française essaie de renouer avec le fil de la primauté de la France sur l’Europe depuis Richelieu et le traité de Westphalie, poursuivi ensuite par Louis XIV. Cet héritage dominant a été malheureusement compromis par Louis XV à travers le traité de Paris qui solde la défaite contre l’Angleterre sur les mers avec le traité de Paris de 1763, à l’issue de la guerre de 7 ans. Il marque, entre autres, la dépossession des territoires français du Canada, appelé auparavant « Nouvelle-France », que de Gaulle tentera de régénérer dans les années 60.

Aujourd’hui, ceux à qui on a mal enseigné Napoléon pensent à tort que son entreprise n’était guidée que par l’hybris et l’ambition démesurée d’une domination sans partage de l’Europe, voire du monde. Même si le génie créatif de Napoléon Bonaparte ne souffrait d’aucune limite, imaginant ériger une nouvelle pax romana sur les principes forgés par le Code Civil, l’Empire français ne se dresse que pour contrecarrer les ambitions démesurées de l’Empire britannique. En réalité, en 1815, le monde, croyant être débarrassé de « l’Ogre corse » va goûter les joies du monstre britannique durant tout le XIXe siècle. De leur côté, les États-Unis vont se construire non pas brique par brique, mais corps d’indiens sur corps d’indiens.

« Qui tient la mer tient le monde », dit la maxime, terrible sentence pour l’Histoire de France. Le règne de ces empires thalassocratiques, britannique puis américain, est maintenant proche de la fin, le monde ultra connecté d’aujourd’hui basant sa puissance sur bien d’autres facteurs que la simple force maritime. La France, deuxième espace maritime du monde, derrière les États-Unis, peut, du reste, encore approfondir cet atout inestimable. À la fois puissance continentale et maritime, notre pays peut compter sur des cartes nombreuses et polyvalentes dans son jeu, bien loin des sempiternelles idées fixes des européistes pour qui « la France, toute petite, ne s’en sortirait pas toute seule ». Cette pensée misérabiliste et indigne du rang que doit avoir notre pays tombera, je l’espère, dans les oubliettes de l’Histoire comme ceux, Giscard et Delors en première ligne, qui l’ont proféré avant de l’appliquer.

La puissance dans le monde d’aujourd’hui ne repose plus uniquement sur la seule logique d’accumulation de terres sous contrôle, comme c’était alors le cas sous Napoléon. Cette logique, à laquelle continue à croire les mêmes qui pourfendent « le caractère assoiffé de conquêtes de Napoléon », rejoint dans l’erreur les schémas de pensée de nos élites persuadées que « l’Europe unifiée fera bloc face aux autres puissances ». Cette logique de blocs, utopique, soviétique, appartient elle aussi au passé, c’est-à-dire au XXe siècle. De multiples contre-exemples contreviennent gravement à cette idéologie: la Suisse, la Norvège ou encore la Corée du Sud ne sont pas des blocs continentaux massifs. Pour autant, ils savent tirer partie de leur souveraineté – d’aucuns diraient « isolement » – demeurée intacte.

Un monde multipolaire en lieu et place du nouvel ordre mondial unipolaire

Alors que nos élites osent à peine contredire les États-Unis et leur vision géopolitique déclinée dans tout grand média qui se respecte, ceux-ci passent totalement à côté du grand basculement que tentent d’opérer les « émergents ». Initiée par une Amérique latine effarouchée des nombreuses tentatives étatsuniennes d’y voir sa « chasse gardée » au cours du XXe siècle, la vision multipolaire s’immisce progressivement à mesure que le nouvel ordre mondial unipolaire américain se trouve battu en brèche. Ce nouvel ordre mondial qu’avait voulu conceptualiser Bush père avait vocation à exporter définitivement le modèle américain et ses deux vecteurs de propagande que sont le néo-libéralisme et le libre-échange, concepts qu’ils ont évité soigneusement d’appliquer trop ardemment chez eux.

Emmenés surtout par ses deux poids lourds, la Russie sur le plan militaire et énergétique, la Chine sur le plan économique, les BRICS bouleversent l’ordre établi au sortir de la 2nde guerre mondiale accentué à la chute de l’URSS. Les deux mamelles de l’expansionnisme du modèle américain, la Banque Mondiale et le FMI, ont désormais trouvé sur leur route un concurrent de poids avec la création de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB). 57 pays ont en effet décidé d’adhérer à cette banque en tant que pays fondateurs. Les bases de Bretton Woods chancellent et avec elles leurs deux vecteurs de propagande cités plus haut.

Le libre-échange, quant à lui, est contesté dans les faits devant l’échec de l’OMC et ses interminables cycles de négociations multilatérales, type « Doha round », qui n’ont débouché sur aucun accord tangible. En revanche, se multiplient partout, surtout parmi les BRICS, les mesures de protectionnisme, arsenal juridique maquillé le plus souvent en barrières non tarifaires. Enfin, la monnaie de l’ex première puissance mondiale est remise en cause avec une émergence affirmée des accords de « dédollarisation ». La Chine ne pourra, de toute façon, pas aller jusqu’au bout du processus au risque de condamner ses milliards de réserve libellés en dollar. Toujours est-il que la chute du dollar est inexorable, le cycle actuel de l’étalon-dollar ouvert par Richard Nixon le 15 août 1971 étant proche de se refermer.

Alors que les États-Unis se sont vus ravir leur première place sur le plan économique par la Chine, le centre de gravité tend de plus en plus vers l’Asie. Washington a les yeux rivés sur la zone Asie-Pacifique, avec un renforcement de leur présence militaire, comptant sur les divisions multiples en Asie pour jouer le protecteur face au dragon chinois. On peut toutefois raisonnablement espérer se reposer sur la dissuasion nucléaire pour que ces pays rivaux n’en viennent pas à  une horreur atomique de type troisième guerre mondiale.

L’oeuvre de basculement vers un ordre multipolaire emmené par Poutine sonne comme un écho historique à l’ambition du général de Gaulle en son temps. Le dirigeant russe avait, en effet, exprimé son regret devant l’absence de voix gaulliste en Europe.  Ce n’est pas pour rien qu’il se trouve également comparé à Bonaparte par Yannick Jaffré, ces trois Hommes d’État mettant le réalisme politique au coeur de leur action.

Une France absente de ce remodelage alors qu’elle l’avait pensé

Le monde multipolaire s’installe et la France reste calée sur une vision passéiste de Guerre Froide stérile, faisant de Poutine le nouvel Hitler qui menace la stabilité du monde alors que le président russe contrecarre un à un les soubresauts belliqueux de l’Occident à son égard. En témoigne ces sanctions stupides et contre-productives pour l’économie européenne où les États-Unis tentent un blocus économique sur la Russie pour tenter de l’isoler. Une peine perdue et une honte pour l’Europe de s’être ainsi coupée de son voisin russe, avec qui elle doit partager avant tout son expérience de la lutte anti-terroriste.

Livrons le testament politique de François Mitterrand à la veille de sa mort :

« La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort…apparemment. »

La colonisation culturelle qui gagne l’hexagone depuis la fin de la guerre froide avec l’installation agressive et prégnante des grosses sociétés américaines (fasts-food avec McDonald’s en première ligne, l’agroalimentaire avec Kraft Foods, les produits de consommation courante avec Procter & Gamble, la santé avec Johnson & Johnson et Pfizer, les nouvelles technologies avec Apple et Google, etc.) se fait de plus en plus visible pour les Français qui y trouvent d’ailleurs de nombreux emplois. Le rachat d’Alstom par General Electric ou encore le doublement pernicieux de PSA par General Motors sur le marché iranien par le biais des sanctions contre l’Iran sont autant de preuves accablantes qui doivent sonner la fin de la naïveté. Cette naïveté voire cet aveuglement trouvent leur origine dans le fait que « le rêve americain » berce de nombreux cœurs français influencés par l’image séductrice de la machine de divertissement américaine.

La mondialisation à l’anglo-saxone se déploie, par ailleurs, à travers la financiarisation massive et destructrice de l’économie qui s’est opérée depuis les années 80. Au point de constater aujourd’hui l’inextricable imbrication de notre système financier avec le système financier outre-Atlantique : « Nos bourses ne sont que des filiales de la Bourse de New-York », dit le financier Olivier Delamarche. Ce monde de réseaux et de domination des firmes multinationales contrecarrent les moyens de lutte à armes égales d’un État français à qui on a retiré un à un ses leviers d’actions depuis des années, sous les coups de buttoir des vagues de décentralisation d’une part et des transferts de souveraineté anti-démocratiques à des experts non élus au niveau européen d’autre part.

Cette colonisation économique se double d’une colonisation politique à travers de nombreux relais sur le sol français, telle la French-American Foundation, propageant auprès des élites politiques de notre pays la vision unipolaire du monde régie par la pax americana. Toute personnalité politique ne partageant pas cette vision mais défendant plutôt une vision équilibrée du monde est taxée de « pro-russe »… De Gaulle, en son temps déjà, brocardait ces moyens de défense éculés de médias « rampant devant les anglo-saxons ». Cependant, il ne faut pas tomber dans l’excès inverse et voir en l’Amérique notre ennemie. Il s’agit simplement d’adversaires, voire de concurrents, et il demeure dans le peuple américain un patriotisme, une passion de vivre, un pragmatisme qu’il n’est pas honteux d’admirer.

La France a clairement une belle carte à jouer dans ce XXIe siècle pour peu qu’elle redevienne souveraine ! Le chemin de sa souveraineté passera d’abord et avant tout par un renouvellement complet de sa caste politique actuelle, soumise à tout type de lobby et gangrenée par une défense insuffisante, mal comprise ou tout simplement contre-productive des intérêts du pays. Vis-à-vis des États-Unis, la France doit rompre tout à la fois avec ce traité transatlantique négocié dans le dos du peuple français et avec l’OTAN, organisation militaire qui n’a plus lieu d’être depuis la fin de la Guerre Froide. Ensuite, en s’appuyant sur ses nombreux atouts économiques non encore dilapidés ou en pleine éclosion, en renouant avec une vision géopolitique indépendante entre grandes puissances, en s’alliant avec l’Europe tourmentée par la dictature douce de Bruxelles, en entrant de plein pied dans des coopérations fructueuses en Méditerranée, en utilisant à plein ce vecteur d’influence considérable qu’est la francophonie, enfin et surtout, comme dans toutes les grandes crises de son Histoire, en ressuscitant un État-stratège aux dimensions retrouvées, la France peut déjouer tous les plans de ceux qui la voyait finie.

Ceux-ci ont, en effet, oublié les ressorts infinis de résistance nichés dans le peuple français et n’ont pu tuer la puissance conceptuelle, à la fois nostalgique et prometteuse, de la France éternelle !

Guillaume N.

 

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A propos de Guillaume N.

 

Passionné par le débat d'idées, je m'intéresse à tout ce qui touche à l'Homme en général, et à l'histoire, la politique, Paris et notre douce France, en particulier. Jeune diplômé en économie, j'aspire à faire partager les vertus du bonapartisme: synthèse de la gauche et de la droite, des traditions et de la modernité, vecteur de pragmatisme et du rejet du dogmatisme.

 

source:   http://www.lebreviairedespatriotes.fr/05/06/2015/economie/1815-2015-refermons-la-parenthese-de-la-domination-anglo-saxone/


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